Le copal de Madagascar
...
... la réserve de biosphère originelle
à portée de main.
Les écosystèmes naturels forestiers d'Afrique de l'est
(et particulièrement celui de Madagascar) sont caractérisés
par une richesse extraordinaire mais, également, par une dégradation
généralisée. Depuis juin 1992 où 172 gouvernements
ont décidé d'intervenir pour assurer le développement
durable de la planète, avec, en entrée, la célèbre
conférence de Rio, des actions, des déclarations et
des principes de gestion ont été développés.
Les projets de gestion et protection de la Biodiversité (laquelle
se décline en diversité génétique et variabilité
écologique des unités paysagères) sont désormais
en place et permettent vraiment de développer la connaissance
précise dans le domaine. Cependant les actions à entreprendre
afin de répondre aux besoins définis de l'objectif de
connaissance, puis, de protection sont énormes. Tout cela pour
dire qu'examiner les matières forestières (on parle
ici du copal et des résines subfossiles et contemporaines)
n'est pas neutre... Oui, il faut faire des réserves de Biodiversité...
Mais certaines existent et tiennent même dans la main...
De quoi parlons-nous ? Oh, c'est simple... Du copal...
Le copal précisément de Madagascar... Le copal fossile
(la matière végétale fossilisée) et sa
composante contemporaine, l'oléorésine de l'Hymenaea
verrucosa qui coule ici sur sur le tronc, sont des supports didactiques.
Mais, ce sont aussi, dans une certaine mesure, des sources de réflexions.
Le copal géologique permet de sonder l'étude systématique
des méthodes et des pratiques de l'enseignement paléontologique
en général en mesurant la naturalité des écosystèmes
anciens... Mais, ce copal avec ses inclusions d'une pureté
presque irréelle, positionne, aussi l'homme devant sa responsabilité
face à la disparition des espèces...
A Madagascar, tout spécialement, la déforestation est
l'une des plus alarmantes du monde tropical. On peut rechercher dans
le Journal officiel de la République Française quelques
décrets, qui, dès 1928 donnent déjà une
date à la création de réserves naturelles à
Madagascar... Mais sans frontière, sans décret d'aucune
sorte, sans argent, sans même se déplacer (dans l'espace
temps) on peut tenir la biodiversité originelle des premières
réserves naturelles parmi les plus riches de notre planète...
En effet, en tenant quelques grammes de cette gemme malgache, il est
loisible de lire la naturalité originelle des paysages parmi
les plus riches du monde. L'espèce est là et accessible
sans grande appréhension...
Oui. Les intensions sont bonnes pour construire (à grand peine)
une réserve de biodiversité sur la grande île
africaine... Mais, en tenant ce copal, puis cet autre échantillon,
il me vient une idée...
Jurassic Park est une histoire "ludique" pour certains.
Mais derrière le spectacle à grande audience, il y a
aussi et surtout la réalité du terrain. Plusieurs scientifiques
travaillent réellement à récupérer le
vivant figé dans le fossile. Ne rêvons pas, le premier
laboratoire qui réalisera la performance de rendre la vie à
une espèce antique passera à la postérité
et décrochera le jackpot avec les retombées commerciales
énormes. Toutes les matières ad hoc sont examinées
très attentivement par les chercheurs (souvent d'ailleurs dans
le plus grand secret). Mars 2012, le temps s'arrête !
Il y a bien longtemps, un écureuil arctique creuse dans
le sol gelé son terrier de la taille d'un ballon de football
et y entrepose ses graines collectées ce qui devient son garde-manger
entouré de paille. 32.000 ans plus tard, des scientifiques
récupèrent les graines et tentent l'improbable en espérant
faire pousser une plante. Et aussi incroyable que cela puisse paraitre
une petite plante vit, pousse et grandit jusqu'à donner ses
fleurs blanches. Les graines de la Silene stenophylla viennent d'être
rappelées à la vie par l'équipe de Svetlana Yashina,
de l'Institut de biologie cellulaire de l'Académie des sciences
russes. L'équipe russe a gardé l'information secrète
depuis 2003. Sans doute pour rester propriétaire de toutes
les pistes ouvertes par ce dossier.
Une telle prouesse pourrait-elle exister avec l'ambre ? Bon,
c'est vrai, le permafrost à 30.000 ans d'âge, n'est pas
l'ambre fossile. Mais le sujet se pose dans plusieurs directions avec
l'observation de graines germées dans l'ambre fossile balte
et également des pelotes végétales, ramenées
dans la résine (cocons et autres amas hétéroclites
de matières variées d'origines animales parfois à
100 M.A.) qui pourraient contenir des graines "récupérables".
D'ailleurs, dès 1990, Eric Geirnaert extrait des graines antiques
(imaginées "stabilisées") en fracturant différentes
gemmes d'ambre (40 M.A.). Les images sont publiées
en 2002. Mais les graines (celles à 2 M.A.) ne donnent
pas de pousses viables. Certaines sont déjà attaquées,
mangées
par des insectes (le trou de perforation est parfois visible).
Ici sur cette résine contemporaine (ci-dessus) on aperçoit
des graines sans doute de Dipterocarpaceae, déjà
enrésinées sur le tronc puis au sol dans une flaque
(ci-dessous)... Les graines sont-elles vivantes ? Les graines
antiques conservées dans le copal (fossile et subfossile) pourraient-elles
être récupérées (viables) ? Exploiter,
étudier les graines extraites du copal malgache fossile (jusqu'à
2 M.A.) en brisant la gemme, est sans doute l'un des domaines les
plus prometteurs de la science qui, sur le sujet, ne recherche pas
vraiment les feux de la rampe et préfère travailler
dans l'ombre. "Montre-moi ta graine et je te dirais la richesse
de ta forêt originelle."
Ci-dessous, une observation précieuse. Le saupoudrage d'une
centaine de graines tombées en une seule fois sur le milieu
piège collant de la résine (sur le tronc, puis au sol).
Les graines libèreront chacune dans la gemme un corps gras,
une huile qui sera une sorte de protection qui nimbera l'inclusion...
Ces huiles existent encore dans le copal fossile de Madagascar (2
M.A.) et apparaissent sous l'effet d'irisations à la prise
d'images... Tout cela pour dire qu'un copal
malgache qui contient des graines, c'est une
sorte de réserve naturelle (une biosphère) qui ne
demande qu'à redémarrer...