Maurice
Maeterlinck
L'abeille repésentée sur l'image, ci-dessus, est une spécimen
fossile de
l'ambre. Photographie, découverte et collection : Eric GEIRNAERT.
Cette page Internet est une analyse d'ouvrage.
La vie des abeilles
Editions FAMOT 1977
(Rédaction
Eric GEIRNAERT * )
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Introduction
Ecrivain
belge d'expression française (1862-1949), Maurice Maeterlinck,
initialement poète et philosophique, explore toutes les formes
de la vie universelle... |
M.
Maeterlinck, parlant de l'abeille :
"On dirait qu'elle se sait dans un univers qui appartient
à tous, où chacun a droit à sa place, où il
convient d'être discret et pacifique."
Abeille mellifère qui butine. Photographie : Eric Geirnaert.
Photographie publiée en couverture du Magazine
Cosinus N°72, Mai 2006, pour le dossier :
L'univers
de la ruche.
Autre publication - image exceptionnelle (Eric G.)
L'abeille fossile in situ dans les strates d'ambre !
Une ressource pour étudier et raconter les "mouches
à miel".
Regarder le poster Les
abeilles des ambres baltes par Eric GEIRNAERT.
L'abeille
examinée par la fenêtre de l'ambre
offre la vue originelle de paysages où
existent "naturellement" l'insecte en dehors des explications désormais
inquiétantes qui
relatent ces faits où les intrants chimiques dérèglent
aujourd'hui les chaînes trophiques.
Contexte
Les
travaux de Maurice Maeterlinck sur les abeilles sont plus intéressants
que ceux consacrés au termite
ou ceux qui commentent encore la fourmi.
Oui, cette fois, avec la 'mouche à miel', ce n'est plus
les descriptions étranges et assez méprisantes
des animaux sociaux (ou les notions racistes)
qui interpellent *, ce sont les
analyses rigoureusement fausses que développe le philosophe...
Caché dans son refuge impérieux de vertu, M. M. refuse la
science et critique la nature :"Alors
qu'elle avait devant elle le champ immense et vierge de la simplicité,
elle le peuple de petites erreurs, de petites lois contradictoires, de
petits problèmes difficiles qui s'égarent dans l'existence
comme des troupeaux aveugles" (p. 177). M. M. notre sauveur,
par dessus la nature, va nous éclairer, va, nous guider ... dans
La Vie de Abeilles !
A moins que "l'homme ignore trop de choses pour entreprendre ce portrait où il ne saurait mettre qu'une grande ombre avec deux ou trois points l'une lumière incertaine" (p. 173). Mais, ignorons cela. Et, allons de l'avant tout de même... |
* = Exception faite, quand même, d'une petite carte
postale très sympa de la Normandie ! P.
191
-=-=-=-=-
Quitte
à l'oublier lorsque cela devient utile, Maurice Maeterlinck nous
informe de l'importance des expériences pour décrypter le
génie sans limite de l'abeille :"Il est bon que les
raisonnements s'effacent devant les faits, et, pour écarter une
objection tirée d'une expérience, rien ne vaut une expérience"
(p 119). Ceci étant, Buffon (1707-1788), le brillant naturaliste
français, (auteur de 44 volumes et connu surtout pour son Histoire
Naturelle), attentif et subtil dans ses idées de l'abeille,
avait observé juste (p. 58). Lui, qui s'avance sur l'abeille et
relativise l'intelligence de l'individu explique : "Cette
société n'est donc qu'un assemblage physique, ordonné
par la nature, et indépendant de toute connaissance, de tout raisonnement".
A contre-pied, M. Maeterlinck (en notant certes que "l'explication
de Buffon est plus naturelle" p. 59) veut rendre raison, trouver
un discernement et une haute morale à chaques actions de l'insecte.
L'auteur ne peut alors abandonner sa conjecture, car, selon lui, "elle
a au moins l'avantage de permettre de relier dans l'esprit humain certains
actes liés à la réalité" (p. 60).
Observations erronées, conjecture fausse ou préméditée,
peu importe la vérité, du moment que l'on rapproche les
choses !
Pour Maeterlinck, la théorisation anthropomorphique de l'abeille (poussée volontairement à son paroxysme) permet d'assembler (de rassembler) des observations "autrement démêlées et jusqu'alors incompréhensibles". Selon Buffon, la société des abeilles n'est : "qu'un ensemble d'insectes ordonnés par la nature", "cette réunion même ne suppose aucune intelligence", et d'ajouter, "on conviendra qu'elles ont moins de sentiments, moins d'attachement, moins, en un mot, de qualités relatives aux nôtres". (p. 58). Aujourd'hui ont sait le mécanisme chimique de ces assemblages olfactifs d'individus. Les lois entomologiques asservissantes aux actes minimes sont des réactions instinctives de l'espèce. Les règles sont programmées chez tous les individus mais ignorées des sujets. Ces lois, surtout contraignantes, basées essentiellement sur la perception olfactive, permettent à l'insecte social de faire face à l'accidentel pourvu que le nouvel acte ne sorte pas de l'ordre des choses qui l'occupe en ce moment. Mais, Maeterlinck, méconnaissant le rôle moteur des odeurs, ignorant le mécanisme de régulation synchronisé des phéromones (*), mésestimant fondamentalement le caractère intime des stimulus dans la communication globale, M. M. affirme appréhender p. 51 la psychologie de l'insecte, quitte, trente pages plus loin, à se contredire : "... puisqu'il nous est impossible de pénétrer la pensée des abeilles" p.78. Sauf erreur, la psychologie constitue, je crois, l'étude scientifique de la vie mentale (mémoire, raisonnement, intelligence) qui évolue et progresse selon les sensations et les perceptions. Ignorant les perceptions, comment diable est-il possible d'affirmer comprendre les façons de penser et d'agir de l'insecte ? Le lecteur doit-il être crédule à ce point ? Lors de nombreux passages, Maeterlinck avoue ne rien discerner dans les rouages de la société des abeilles. Après la description, M. M. avoue ne rien comprendre : "... les abeilles se conduisent de telle ou telle façon. Le reste est un mystère autour duquel on ne peut faire que des conjonctures plus ou moins agréables, plus ou moins ingénieuses" p.57. Les ingénieuse démarches sont celles (finalement) qui expliquent, les théories ne valent que peu de choses devant le fait. (*) = hormones, 1940, qui caractérises surtout les insectes sociaux. Adolf Butenandt obtient en 1939 le prix Nobel pour son étude sur les phéromones de bombyx, substances attractives qui entourent les organismes vivants d'une aura informatrice mystérieuse mais très influente. Comment fonctionne la communication de l'insecte, dans "l'ombre et l'émoi de la foule" ? (p. 95). La communication entre insectes fonctionne t-elle selon : "un vocabulaire phonétique ?" S'agit-il d'un "langage tactile ?" La communication est-elle plutôt basée sur "une intuition magnétique ou des propriétés de la matière qui sont totalement inconnues ?" (p. 95). S'agit-il enfin d'une "communication verbale ?" (p. 102) Mystère... La toute puissante communication sociale est la grande interrogation de M. Maeterlinck. Comment opère et où réside la cohésion du nombre ? Sans localisation ni sans explication, M. M. donne un nom au miracle, c'est : "l'esprit de la ruche" p. 28, "la force invincible" p. 28, "la prudence anonyme" p. 73, "la divinité abstraite" p. 68, "l'amour de la race d'aujourd'hui pour la race de demain" p. 38, le "génie caché" (p.104), "l'ingénieur illuminé" (p. 110), "le maître anonyme" (p.129), "l'esprit politique" (p. 154), "la volonté supérieure" (p. 157), "les désirs de la nature" (p.157), "les forces incompréhensibles" (p. 175), "la loi de l'espèce" (p. 175), "le génie de la république unanime" (p. 199) etc., etc. Ces jolies notions verbales sont déclinées selon les narrations, au fil des pages, et, chose amusante, ces jolies notions ("ces vases hermétiquement clos qui meublent notre perception de l'univers" p. 161) se contiennent les unes les autres et inversement au cours des exposés ! La "prudence anonyme" est contenue dans "l'esprit de la ruche", lequel, devient par la suite le contenu du contenant précédent... Ce procédé, un peu osé, bien utile pour la dissertation du miracle, n'explique rien (rigoureusement rien) des mécanismes biologiques impliqués. Maeterlinck ne donne que des "commentaires" qui ne sont pas suffisants pour expliquer quoi que ce soit d'un point de vue scientifique. Les commentaires, à peine des "hypothèses" invérifiables, ne font que déplacer le mystère. Et M. M. d'expliquer : "Et s'il est bon de déplacer le plus souvent possible les mystères, encore faut-il ne pas se flatter qu'un changement de place suffise à les détruire" (p. 125). CQFD : pour le miracle, rien n'est expliqué. M.M :"Il faut nous contenter une fois de plus de la réponse qui ne répond pas : 'C'est un des mystères de la ruche.' " (p. 125). A ce niveau, nous ne demandons évidemment pas à l'auteur de nous écrire une encyclopédie moderne de la biologie moléculaire de l'abeille, (histologies, génétiques, neurosciences, etc.). Nous convoitons seulement des interprétations simples et plausibles d'évènements tout à fait communs pour la vie d'une abeille très ordinaire telle qu'elle existe dans la nature... Rapporteur consommé mais scientifique (puérile?), M. M. nous rappelle la méthode de rédaction de ses paragraphes : "Pour moi qui ne fais pas un ouvrage technique, je me bornerai, en m'aidant au besoin de ce que les autres ont si bien observé, à rapporter ce que chacun peut voir" (p.108). Ce point étant rappelé, M. M. précise aussi en introduction : "Je n'avancerai rien que je n'aie vérifié moi-même, ou qui ne soit tellement admis par les classiques de l'apidologie que toute vérification en devenait oiseuse", et d'ajouter pour terminer : "Je ne compte pas orner la vérité ni substituer" p. 10. Sans orner la vérité, (ce qui serait un moindre mal) il faut au moins de temps en temps s'en approcher, ce qui ici, à rebours, dans une vue métaphysique de "passion" n'est jamais le cas. M. M.: "Ma part se bornera à présenter les faits d'une manière aussi exacte, mais un peu plus vive, à les mêler de quelques réflexions plus développées et plus libres, à les grouper d'une façon un peu plus harmonieuse qu'on ne peut le faire dans un guide" p. 10. Incapable d'apprécier la servitude réflexe d'un sujet borné par une odeur, (cette mobilisation chimique qui peut rapidement devenir une immobilisation farouche), préférant : l'esprit, la morale, le discernement volontaire et l'éthique, M. Maeterlinck n'imagine pas une seconde que sa mouche dorée puisse être gouvernée (menée par le bout du nez) par sa perception des odeurs... L'ivresse, la réaction bornée, la réplique étroite, le comportement réflexe déclenché à la levée d'une odeur, est-il une abstraction entomologique si terrible que cela à imaginer ? En lisant Maeterlinck on se dit que l'auteur est plus métaphysicien que cartésien capable d'expliquer la communication olfactive. M. M. évoque les exhalaisons "éthérées", les "émanations dorées", sans JAMAIS percevoir le moins du monde leurs implications dans la communication de l'insecte. Cinquante citations extraites de l'ouvrage pouraient êtres données. Présentons-en trois choisies au hasard. 1- Un essaim s'installe toujours "pourvu que l'habitation qu'on lui offre ne soit pas imprégnée de mauvaise odeurs" p. 86. et : "Il arrive, en effet, que plusieurs jours de suite l'émoi doré et transparent s'élève et s'apaise sans raison apparente" p. 36. 2- En invoquant toujours cet "esprit" qui "apprend sa résolution à la foule", M. M. explique : "un nuage que nous ne voyons pas, se forme-t-il, à cet instant, dans le ciel que les abeilles voient ou un regret dans leur intelligence ?" p. 36. Maeterlinck est incapable de séparer le discernement intellectuel du mécanisme rigoureusement instinctif et involontaire de l'odeur... 3- "Voilà de bien vilains vices qui n'exhalent pas la bonne odeur loyale et fraîche, de la maison des mille surs" (p. 98). L'odeur, le sens de l'olfaction, si commun chez les insectes... Au cours d'une page, quittant les reflexions croisées de haute volée, ("où j'ai tant cherché la menue vérité et la cause physique" p. 189) l'auteur s'interroge (grace à "la science acquise par les autres" p. 17, c'est à dire, les publications des confrères) sur un possible organe qui pourrait palper le message et lire le nuage : "elles se dirigent à l'aide de leurs yeux à facettes ou peut-être de leurs antennes, qu'on suppose le siège d'un sens inconnu qui palpe et mesure les ténèbres"(p 39) . Mais, n'y voyant pas plus d'intérêt, (alors que Cheshire p. 173 calcule que les antennes peuvent être pourvues jusqu'à trente-sept mille huit cent cavités olfactives, sans doute bien inutiles!!!), M. M. ne sonde pas d'avantage le rôle scientifique des organes... L'auteur : "néglige l'explication physiologique pour ne retenir et ne goûter que l'émotion" p.186. L'auteur, philosophe, préfère déjà repartir dans les nébuleuses que sont : la psyché, la représentation mentale et la métaphysique de l'insecte et de dire "nous ignorons la fin de la nature qui est pour nous la vérité qui domine toutes les autres" (p.187). Dans son puzzle abstrait qui croise : le choix, la forme et la conduite (p. 188), -puzzle détaché de la "réalité"-, M. M. accorde toutes les consciences possibles aux abeilles. Lucides, responsables et clairvoyantes, après un jugement sage et mesuré, les mouches à miel, dans une situation donnée, sont aptes quelque soit la difficulté de la tache ! Elles peuvent agir, penser, réfléchir jusqu'à : "démêler la raison" p. 70. Au besoin, elles peuvent même "se débarasser au plus vite de souvenirs importuns" (p. 183) ! Bien évidemment certains osent écrire, -expérience à l'appui-, que : "l'intelligence de l'abeille est extrêmement limitée" (p. 89). Sir John Lubbock démontre que les abeilles, à l'inverse des diptères, sont incapables de sortir d'une bouteille de verre éclairée du coté opposé à l'ouverture. Mais, M. Maeterlinck a alors la rhétorique utile et la critique facile : "les mouches écervelées, sans se soucier de la logique, (...) rencontrent ici la bonne fortune des simples" p. 90. Et, d'ajouter, comble d'arrogance : "chaque observateur veut que l'insecte qu'il étudie soit le plus intelligent ou plus remarquable que les autres, et il est bon de se garder de ces petits travers de l'amour propre" p. 89. M.M ayant (même!) réalisé une série d'expériences "qui ne m'a pas donné de résultats décisifs", reste alors critique si d'aventure des confrères obtiennent (même sans tromperie) de meilleurs aboutissements : "Je suis convaincu que mon ami s'est laissé induire en erreur par son désir, très naturel, de réussir l'expérience" (p. 102). Difficile dans ces conditions de convaincre notre philosophe... L'instinct sait tout dans les voies invariables qui lui ont été tracées, mais, il ignore également TOUT en dehors de ces voies. Et, parfois, les inspirations sublimes de l'abeille sont à opposer à ces étonnantes séries stupides où l'ouvrière guidée dans le chemin d'achèvement de l'uvre qui la préoccupe est incapable de remonter le courant se son activité pour rectifier ou améliorer sa méthode (signe réel d'une VRAIE intelligence en marche). L'expérience démontre alors que l'abeille peut également être idiote comme un insecte, n'en déplaise à M. M. Mais, bon... L'instinct, "ce génie de la bête", comme disait J.H. Fabre, est utilisé par l'insecte par discernement (perception libre, autonome et volontaire) mais pas seulement... Arrêtons la digression, nous n'y pourrons rien. Les mouches à miel de M. Maeterlinck sont des petites Einstein du discernement intelligent, portées par une prédilection à caresser la perfection sous toutes ses formes... Oui, en effet, pour M. M., les ouvrières très ordinaires savent toutes juger de tout en toute clairvoyance et construire (ou refuser) une décision toujours lumineuse selon la situation. Concernant par exemple la construction : "Plusieurs jours durant, elles s'agitèrent tout autour et délibérèrent sans prendre de décision" (p. 119). Evoquant les soins à la reine : "qu'elles accusaient sans doute de paresse, ou supposaient un peu faible d'esprit" p. 68. "Sa mauvaise volonté paraissait évidente, la colère augmentait" p. 68. "La jugeant irrémédiablement infidèle" p. 68. "L'assemblée hésite et délibère jusqu'au lendemain" p. 78. Outre ses capacités intellectuelles omniscientes -pour les décisions de groupe-, la petite abeille a également pour M. M. des sentiments, des émotions, des joies et même des désarrois. D'ailleurs : "Elles sont inoffensives à force d'être heureuses, et elles sont heureuses sans qu'on sache pourquoi" p. 77. En d'autres occasions : "... ses habitants découragés ne tardent pas à mourir de tristesse" p. 52 "... avant que la démoralisation soit trop profonde, (les abeilles sont comme les hommes, un malheur et un désespoir prolongé rompt leur intelligence et dégrade leur caractère)" p. 52. Cette fois les choses sont explicites, les abeilles sont rigoureusement des 'petits hommes'. Les abeilles omniscientes, explique Maeterlinck, sont capables de "démêler la raison" (p. 10). Certes, les abeilles remplissent de nombreuses fonctions successives, et, leurs activités nées (d'après M. M) d'une lucidité de discernement infinie et d'une prévoyance consciente très intelligente, dépendent aussi peut-être (mais je peux me tromper) des glandes pharyngiennes et des glandes cirières abdominales qui fonctionnent et conditionnent les sujets à des moments précis de leur vie. Bien évidemment physiologie et psyché sont mêlés. L'abeille existe en même temps dans la puissance du corps et de l'esprit. Ces sciences confortent mutuellement leurs acquis, les caractères étudiés par l'une guident l'autre. Aussi, il est dangereux de n'étudier les activité de la république des abeilles que par le seul angle des la métaphysique. Un peu de physiologie, un peu de biologie, quelques observations éthologiques rigoureuses (et une patience infinie de la répétition des expériences) et voilà que les choses deviennent plus claires ! Et, comme c'est étrange, l'abeille apparaît moins "morale" que ce qu'il y paraît aux yeux émerveillés de notre philosophe ! "Conscientes de leurs missions et fidèle au devoir" (p. 136), les abeilles ulta lucides de M. M. ont de vraies expressions et des tournures sentimentales très déchiffrables. Ainsi, elles sont "passionnées", elles "encouragent", elles "félicitent", elles "témoignent", de façon parfois "effrénées"... Les abeilles omniscientes de M. M. peuvent également être "empressées" ou avoir des "regrets" (p. 127 à 129). Un autre jour, elles auront "peur", ("leur joie tâtonnante est tissue de terreur"), et ces sentiments peuvent évoluer en "inquiétude" (p. 138). "Riche de volonté et d'intelligence, preuve de l'initiative en action" (p. 165), on se demande en lisant 'La Vie de CES Abeilles', s'il n'existerait pas des psychologues, des neuropsychiatres chez les ouvrières ? (= humour). Non, ce serait trop beau, trop plaisant. Refrénons-nous. Et citions M. M. : "Comme tout est triste dans la nature quand on regarde de près" (p. 130). Après éloges, ces paragraphes admiratifs où l'auteur porte l'abeille aux nues, le philosophe tombe (régulièrement) mélancolique; et, devant deux hypothèses, M. M. se noie dans un océan d'ignorance : "Sans vouloir décider laquelle de ces deus hypothèses est la meilleure, car plus on va, plus on observe, mieux on voit que l'on est qu'un naufragé sur l'océan jusqu'ici très inconnu de la nature, mieux on apprend qu'un fait est toujours prêt à surgir au sein d'une vague subitement plus transparente, qui détruit en un instant tout ce que l'on croyais savoir, j'avouerai, que je penche pour la seconde" (p. 132). A peine le naufragé est-il revenu sur terre qu'il interroge déjà "les hordes d'insectes qui plongent dans une mer d'allégresse baignée du parfum magnétique" (p. 174), et, d'avouer toujours ignorant qu'il ne sait toujours rien de plus :"Interrogeons-le comme les autres, et, s'il se tait comme eux, son silence agrandira du moins de quelques arpents nébuleux, mais ensemencés de bonne volonté, le champ de notre ignorance consciente, qui est le plus fertile que notre activité possède" (p. 138). C'est donc cela, nous y sommes ! M.M est un ignorant nébuleux, ensemencé de bonne volonté ! En excluant la démarche d'exploration scientifique, ("impossible" c'est le mot de M. M.) l'auteur tombe en plein dans l'anthropomorphisme : "... puisqu'il nous est impossible de pénétrer la pensée des abeilles, il faut bien que nous interprétions humainement le spectacle auquel nous assistons" p.78. Bon, c'est entendu. Mais, faisant déjà volte face, comptant peut être sur une déficience de la mémoire des lecteurs, M. M. raconte l'inverse. Sans doute problématique pour énoncer une vérité en science, une petite contradiction n'est pas un problème pour le philosophe : "On a tord de vouloir rendre logiques et humaniser à l'extrême tous les sentiments de petits êtres si différents de nous" (p. 182). L'indéflexible abnégation, la raison, la prévoyance, le principe de la conduite morale, l'amour de la patrie, la fidélité à l'avenir, le discernement, l'intelligence, la volonté dans l'avenir ... sont quelques unes des marques supérieures qui caractérisent la mouche à miel. L'auteur fait de l'abeille un être vivant qui revêt une sorte d'inviolabilité transcendante qui surpasse de ce point de vue l'homme. M. Maeterlinck est "confondu d'admiration" p. 69. "On aurait bien du mal à trouver une république humaine (...) plus parfaite et plus raisonnable" p. 71. L'admiration est à ce point que les observations de terrain sont devenues inutiles (A) pour expérimenter l'intelligence de l'abeille. Le microscope prouve déjà (B) que le cerveau de l'abeille est tout aussi beau que celui de l'homme. A - "pour se convaincre (...) n'était-il pas nécessaire d'observer si attentivement les habitudes de la république royale". p. 73. B - "Nous aurions vu que dans cette petite tête se déroulent les circonvolutions du cerveau le plus vaste et le plus ingénieux de la ruche. Il est même le plus beau, le plus compliqué, le plus délicat, le plus parfait, dans un autre ordre et avec une organisation différente, qui soit dans la nature après celui de l'homme". p. 74. Certains pourraient dire que l'auteur a rédigé dans un style imagé où l'allégorie masque trop les observations rigoureuses. M. M a recherché (p. 43) "à évaluer la force et la grandeur morale d'un peuple, d'une race -celle des abeilles-, et nous ne trouvons pas d'autre mesure que la persistance et l'ampleur de l'idéal qu'ils poursuivent et l'abnégation avec laquelle ils s'y dévouent", en offrant une exploration scientifique juste. Confer ses propos de l'introduction. FAUX ! Si d'aventure, M. M. observe ce qui semble être les 'danses des abeilles' (moyen discursif de communiquer, sur moult choses, notamment l'emplacement d'une ressource alimentaire), le philosophe rate l'interprétation y voyant les coutumes d'ouvrières pour célébrer l'allégresse solennelle :"... s'arrêtant un instant sur le seuil des portes inconnues, y formeront les cercles d'allégresse solennelle dont elles ont coutume de saluer les évènements heureux" p. 77. Pour explorer :"la grande direction morale, l'admirable sentiment unanime qui éclate dans la ruche" p. 41, l'allégorie qui agrémente le texte est une chose, mais, le raté d'interprétation systématique en est une autre... Las des réflexions anthropomorphiques et fatigué des allusions théologiques, le lecteur (devenu dupe des explications ?), découvre ENFIN comment fonctionne la république royale ! Les abeilles sont gouvernées par les cris de la reine. ("Les cris de colère", p. 150). La reine chante ou vocifère, en quelque sorte, ses clameurs qui forment une litanie ésotérique audible. "Le cri royal, a sur les ouvrières une influence magique" (p. 149). C'est d'ailleurs au prestige de ce cri que le Papillon à Tête de Mort (magnifique choriste !) est capable de duper les abeilles pour s'installer dans la ruche et profiter d'un banquet au miel (p. 149). Enfouie dans sa cité de cire, la difficulté pour la reine est finalement de maintenir ses cris ("qui doivent percer les parois des tombes" p. 150) et que l'apiculteur reconnaîtra "étouffé", parfois "caverneux" (p. 150)... La cité des abeilles fonctionne grâce aux hurlements de terreur ("cris de colère" p. 150) de la reine... Comble du risible ! Avant la découverte (très sérieuse et l'explication par Karl Von Frich) de la danse des abeilles, Maurice Maeterlinck avait déniché le chant de la reine ! On ne peut danser que sur une mélodie ! (=humour)... Bon, en attendant mieux, que dire de ces erreurs et de ces petits égarements musicaux et anthropomorphiques ? M. M : "Et de ceci, comme de toutes les questions de la vie, il n'y a qu'une conclusion à tirer, c'est qu'il faut, en attendant mieux, que la curiosité règne dans notre cur" p. 67. Et, n'oubliez pas une chose, les "vieux" sont moins menteurs. M. M : "Arrivé à un certain point de la vie, on ressent plus de joie à dire les choses vraies que des choses frappantes" (p. 98). Obéissant aux caprices et aux sollicitations des odeurs (=phéromones) bien plus qu'à la musique ou au chant, les mouches à miel, ainsi expliquées, auraient sans doute interpellé J.H Fabre, qui aurait peut-être écrit : "J'admire votre candide fois, maîtres qui prenez au sérieux le dire d'observateurs de rencontre, plus riches d'imagination que de véracité; j'admire votre crédule entrain lorsque, sans critique, vous échafaudez vos théories sur de pareilles sottises". J.H. Fabre Souvenirs entomologiques, T. 6 p. 152 . |
Sur les conseils de M. M., soyons curieux dans notre
cur, et, interrogeons 1) et 2) l'abeille...
1)
Que fait cette abeille (abeille Anthidium florentinum) les pattes postérieures
ainsi relevées tandis qu'elle butine sur une ombellifère?
Quelle est la nature exacte de ce comportement ?
|
![]() |
1)
Quelles explications faut-il donner à ces comportements ?
|
Après les comportements
repérés dans le milieu naturel, questionnons les organes.
Pour ceux qui souhaiteraient approfondir
l'insecte et notamment les connaissances
de l'abeille à cette époque ancienne où les naturalistes
inventaient
l'entomologie, les
publications de A.E. BREHM
sont à examiner scrupuleusement.
La
toute puissante communication sociale est la grande interrogation de M. Maeterlinck.
Comment fonctionne et où réside la cohésion du nombre chez
les abeilles ?
Cette illustration, ci dessus,
d'un essaim d'abeilles en campagne, est extraite du
livre ancien LES INSECTES de A.E. Brehm, (750 pages) réédité
en cd-rom
et disponible par correspondance. Cet ouvrage est une bible pour tous
les naturalistes intéressés de près où de loin par
les
histoires d'insectes extraordinaires...
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Cet
autre document web
(Fourmi noire et
Fourmi blanche) relatif aux publications
de Maurice Maeterlinck, est extrait du cd-rom : Les
FOURMIS
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Lecture du dossier - Mise en garde.
(*) Pour éviter
que ce texte soit aspiré dans des sites
peu scrupuleux, (et ils existent) plusieurs erreurs
volontaires (importantes) on été intentionnellement dissimulées
dans la rédaction. Le repérage de ces
erreurs permettra alors de suivre les pirates... Les personnes qui souhaiteraient
la rédaction
(vierge d'erreur) pourront l'obtenir à l'adresse: eric.ambre.jaune@hotmail.fr
Pour étudier l'abeille dans son milieu
naturel, voici la
photothèque INSECTES
Art et Image.
Photographies originales, publications, dossiers web
: Eric Geirnaert (Contact - eric.ambre.jaune@hotmail.fr)