Maurice Maeterlinck
Maurice Maeterlinck

Cette page Internet est une analyse d'ouvrage.


Fourmi noire et Fourmi blanche


Préambule

     Ecrivain belge d'expression française (1862-1949), Maurice Maeterlinck est à ses débuts un poète mélancolique. Son œuvre est également philosophique et il explore toutes les formes de la vie universelle riche en fécondes métamorphoses. D'abord sensible au tragique de la condition humaine, M. Maeterlinck, assoiffé de silence et de solitude, a exploré et éprouvé l'angoisse, terre d'exil et d'évaluation qui conduit aux chemins salutaires de l'esprit libéré du désespoir.

     En quête perpétuelle du bonheur, l'homme développe alors à chaque instant une méditation vitale de la nature métaphysique.


1) La vie des termites
 
2) La vie des fourmis

Maurice Maeterlinck.
Editions Famot 1977.


Conclusion       Epilogue

(Rédaction Eric GEIRNAERT * )

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     Prix Nobel de littérature en 1911, M. Maeterlinck publie : La vie de fourmis (1930) trente ans après son œuvre : La vie des abeilles (1901).
Négation du temps et de la mort, acquiescement à l'ordre du monde, le poète philosophe devenu entomologiste (en pratiquant 20 ans l'apiculture) a sondé les principales société d'insectes avec le désir (obsessionnel?) d'en dépasser l'apparente absurdité. Ses interprétations anthropomorphes, ses explorations torturées sont récurrentes, et l'homme, -qui imagine plus qu'il ne vérifie par l'expérience de terrain-, critique vertement et régulièrement la Nature pour ses ratés, "ses erreurs manifestes"...
Cette démarche conduit souvent le lecteur au carrefour d'interprétations déconcertantes, surtout lorsque que l'on connaît (grâce aux études de J.H. Fabre) la vraie nature des insectes...

     Dans son travail surtout bibliographique, M. Maeterlinck critique les scientifiques, (le travail de Réaumur est :"un peu bourru et un peu sec") et juge les livres de sciences : "C'est le défaut de beaucoup de livres savants, dont les conclusions sont souvent préconçues et dont l'appareil scientifique est formé d'une accumulation énorme d'anecdotes incertaines".
M. M. dans ses textes sur l'abeille dénigre Buffon, (le brillant naturaliste français, auteur de 44 volumes, connu pour son Histoire Naturelle) : "je passe sur les erreurs matérielle de cette page", "Et que dit le vieux naturaliste irrité"... et d'autres auteurs : "Huber qui les étudia le premier avec une patience incroyable consacre à ces phénomènes plus de deux cent cinquantes pages intéressantes, mais forcément confuses."
Observateur brillant du model des insectes et témoin éclairé (pour ne pas dire illuminé) des grandes explications du monde, M. M. a ces mots sympathiques pour Charles Darwin :"Darwin, sans trop se l'avouer, perd contenance à chaque pas et rebrousse chemin devant l'inattendu et l'inconciliable. Voyez-le, à peine a-t-il formulé un principe que des exceptions sans nombres l'assaillent, et bientôt le principe accablé est heureux de trouver asile dans un coin et de garder, à titre d'exception, un reste d'existence." etc., etc.
Mais, ignorons ces critiques. Allons de l'avant tout de même...





Maurice Maeterlinck
1) La vie des termites.
Maurice Maeterlinck. Editions Famot 1977.

(Rédaction Eric GEIRNAERT * )




"Le Termite : modèle du sordide idéal ?"

M.
Maeterlinck, parlant du termite :
"On en arrive à croire qu'elle (la nature) a du génie
mais pas de bon sens et qu'elle n'est pas toujours intelligente."



 

     S'il fallait analyser les travaux d'un naturaliste pour se rendre compte, qu'après comparaison faite, J.H. Fabre reste l'Incontestable Observateur Universel, de toutes les publications sorties de la plume alerte d'un entomologiste, ma préférence irait à celles de Maurice Maeterlinck. Grâce aux "doctes" publications de M. Maeterlinck, on mesure l'immensité du talent pluriel de J.H. Fabre !... Commençons l'étude de texte avec le termite.






Fossile de l'ambre, découverte, photographie et collection: Eric G.

Reconnaissant grâce à l'ambre l'omniscience
du termite -qui a traversé sans encombre
la longue histoire paléontologique
de l'évolution-, il est éducateur
d'étudier la notoriété
de ce petit
insecte...





Contexte

     Des lecteurs enthousiasmés par les belles histoires ont apprécié les chroniques données aux abeilles (1901), lesquelles, ont peut-être débridé l'auteur qui, encouragé dans ses méthodes, déploie ici dans l'analyse du termite ses opinions, ses interprétations (anthropomorphes) très personelles du type animal...

     Concernant le termite, M. Maeterlinck (surtout poète et philosophe) a peu étudié un modèle construit sur des observations rigoureuses de terrain, sa théorisation rapide et subjective est empreinte d'images étonnantes que les puristes actuels ne sauraient songer.

     Oui, pour apprécier l'extrême rigueur de J.H. Fabre il faut parfois regarder ailleurs, lire et récolter quelques parcelles, qui, ici assemblées sur le termite, ne montrent que généralisations, extrapolations et conclusions véritablement étranges.



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     Maurice Maeterlinck, philosophe et spécialiste des insectes sociaux, (s'il en est en son temps), à qui l'on doit :La vie des abeilles (1901), analysait remarquablement les discussions traitant des différentes sociétés entomologiques.
M.M : Les travaux publiés sur le termite "dont toutes les assertions ont été reconnues exactes par les spécialistes se limitent, par phénomène de mode, en des biographies toujours romancées" (p.11). Aussi, pour "ne jamais céder à la tentation d'ajouter du merveilleux imaginé ou complaisant à un merveilleux réel, je n'ai donc pas avancé un fait rapporté, une observation qui ne soit incontesté et facilement vérifiable. C'est le premier devoir quand il s'agit d'un monde aussi peu connu, aussi déconcertant que celui où nous allons pénétrer. La plus innocente fantaisie, la plus légère exagération, la plus petite inexactitude enlèverait à une étude de ce genre tout crédit et tout intérêt" (p.11-12).

     Et M. Maeterlinck d'ajouter :"Voila pour les faits, je les ai trouvés épars, diffus dissimulés en cent endroits divers, souvent sans signification parce qu'ils étaient isolés" (p.12).
"Je les ai enveloppé de quelques réflexions pertinentes (...) Seule l'interprétation de ces faits m'appartient plus ou moins" (p.13).

     Nous devons donc à Maurice Maeterlinck une étude personnelle, sans exagération ni inexactitude. L'auteur, érudit des insectes sociaux, nous propose donc d'utiliser la méthode rigoureuse des faits pour sonder la société obscure des termites ... Les faits éclairés sont là, incontestés et incontestables. Bref, cette chronique fondamentale de l'animal secret est pertinente, aussi, en un mot, présentons l'insecte.
M.M : "En un mot, la nature à son égard s'est montrée injuste, malveillante, ironique, fantasque, illogique ou perfide" (p.17). Devant la variété des spécimens, l'auteur définit les races, certaines exotiques sont "arriérées" (p.20), les européennes sont "dégénérées" (p.20) et, aux environs de Bordeaux, les termites qui vivent dans les vieilles souches de pins sont "fragiles et minables. Ce sont des parents pauvres, des descendants égarés et affaiblis des lucifuges" (p.21).
Les architectures des termites sont "bizarres, leurs couches de ciment qui débordent les unes sur les autres évoquent les cathédrales érodées par les siècles, les châteaux en ruines" (p.22). Quand à la façon dont il s'y prend pour bâtir "à tâtons, ce qu'aucun ne nos maçons n'oserait hasarder", c'est un "mystère" (p.23). "Les aménagements sont moins connus car pour les explorer il faut d'abord les démolir à coups de hache ou de pioche" (p.29).

     Traitant par analogie avec les abeilles, l'auteur explique : "à une époque préhistorique, soit par révolution, soit par évolution, les mâles ont été relégués à l'arrière plan. (...) Sortis d'un œuf semblable à ceux dont naissent les ouvrières, mais non fécondé, ils forment une caste de princes fainéants, goulus, turbulents, jouisseurs, sensuels, encombrants, imbéciles et manifestement méprisés. Ils ont l'œil magnifique mais le cerveau étroit" (p 40).

     Et de poursuivre, sans exagération toujours en réflexions pertinentes  : "Rien ne se perd dans la sinistre et prospère république où se réalise, au point de vue économique, le sordide idéal que la nature semble nous proposer" (p 41).
Ayant peur, sans soute, que l'on puisse avoir un intérêt pour l'insecte, le prix Nobel de littérature nous dessine son lieu de vie :"En ce monde un filet d'air frais, un rayon de lumière arrivant par une brèche sont choses entre toutes épouvantables" (p. 41). L'insecte "poursuit dans l'obscurité son existence avare, sordide et monotone" (p.58). "Dans la sombre république stercoraire, le sacrifice est absolu, l'emmurement total, le contrôle incessant. Tout est noir, opprimé oppressé. Tous y sont esclaves et presque tous aveugles. Nul hormis les victimes de la grande folie génitale ne monte jamais à la surface du sol, ne respire l'horizon, n'entrevoit la lumière du jour" (p.80).

     Les acteurs étant décrits, les lieux étant dépeints, M. Maeterlinck sonde le système politique : "Le communisme est poussé jusqu'au cannibalisme, à la coprophagie, car on ne se nourrit pour ainsi dire que d'excréments. C'est l'enfer" (p.81). "Le roi, sorte de prince consort, est minable, petit, chétif, timide, furtif, toujours caché sous la reine" (p.55). "Cette reine présente la plus monstrueuse hypertrophie abdominale que l'on trouve dans le monde des insectes où cependant la nature n'est pas avare de monstruosités. Elle n'est qu'un gigantesque ventre gonflé d'œufs à en crever, absolument comparable à un boudin blanc d'où émergent à peine une tête et un corselet minuscules, pareil à un bout d'épingle noire fiché dans un saucisson de mie de pain" (p.55)
"La reine "toute entière s'allonge comme une baleine entourée de crevettes, l'énorme masse grasse, molle, inerte et blanchâtre de l'effroyable idole" (p.56). "Le roi n'est qu'un pauvre diable, craintif, effarouché, écrasé sous le ventre conjugal" (p.73).

     Décrivant les ravages causés par les termites (sans exagération aucune ?, -l'auteur nous a prévenu-) M. Maeterlinck raconte : "Un fermier du Queensland laisse un soir sa charrette dans un pré; le lendemain, il n'en retrouve que les ferrures" (p.69).

     Explorer la citée de la sorte, par la destruction à coups de hache, parler de l'insecte avec pareille malveillance, attaquer sa réputation, noircir ses œuvres et persister dans une dénégation systématique des ses actes, est-ce là une étude justifiée ?
Oui, sans doute, car : "La vie sociale des termites nous inspire du dégoût et de l'horreur" (p.82) et "Il n'existe pas d'animal moins routinier que notre insecte" (p.31) ..."qu'une pitoyable dégénérescence (la barrière du froid) rend plus inoffensif que la plus inoffensive des fourmis" (p.73).

     Considérant l'exemple du termite d'un point de vue évolutif l'auteur écrit : "On dirait que ces cités d'insectes qui nous précèdent dans le temps ont voulu nous offrir une caricature, une parodie anticipée des paradis terrestres vers lesquels s'acheminent la plupart des peuples civilisés; et on dirait surtout que la nature ne veut pas le bonheur" (p.88). "On en arrive à croire qu'elle a du génie mais pas de bon sens et qu'elle n'est pas toujours intelligente" (p. 102-103).





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     Corseté par des règles auxquelles il ne peut déroger, M. Maeterlinck veut résoudre par l'écriture (sans la moindre expérience de terrain), l'inextricable paradoxe de la réussite sociale du termite. Obviant (volontairement?) les approfondissements à examiner pour discerner le principe de vie de l'insecte, l'auteur préfère se tourner vers de sombres méditations nées de ses lectures bibliographiques; (M.M:"incertaines, prises de toutes les mains"). "Je le soupçonne de n'être pas sorti de sa bibliothèque pour interroger ses héroïnes." écrit-il d'un confrère, ce fait croire qu'à l'époque le terrain est négligé.

     Que de déboires dans la théorie lorsque le bon sens suffit à renverser l'échafaudage du savoir dressé d'impérieuse autorité. Car, soyons franc, faire l'expérience du terrain (au ras du sol, comme un esclave), c'est se mettre en danger, affronter l'imprévisible, lequel oblige déjà à improviser. Pour comprendre le termite, il faut faire la guerre aux idées et vérifier, tester, éprouver simplement mais rigoureusement les faits... A rebours, M. Maeterlinck souhaite le réconfort, la certitude, point culminant de sa démarche intellectuelle. Il recherche la morale de l'insecte et s'aveugle. Trompé dans son espoir d'atteindre le bonheur que lui offrirait le dépassement de l'absurdité du modèle, le philosophe tombe dans une fantasmagorie d'idées noires. Le "sordide" termite est diabolisé ! Aveugle, mou, fainéant, le termite refuse le monde extérieur et végète dans sa cité faite d'excréments !

     L'âme 'simple, torturée et retorse', Maeterlinck trouve les moyens compliqués pour dissimuler. Mais, le constat est là. Après les critiques de "la science acquise par les autres", et, à côté des descriptions négatives et méprisantes de l'insecte, l'auteur n'explique rien. M. Maeterlinck ne découvre rien des mécanismes qui gouvernent la réussite du model social du termite.
Avec cet insecte, la vérité a le masque du despote. Elle impose l'exercice de l'exactitude, oblige l'observation sans artifice et astreint les méthodes d'investigations scientifiques. (Domaine d'excellence de J.H. Fabre).

     Visant la grandeur de la vie dans une juste société évoluée, M. Maeterlinck n'a que du dégoût pour son permier sujet d'étude, le vil termite... La fourmi pourrait-elle avoir une meilleure portée ?
La question et posée, et, M. Maeterlinck nous propose son analyse...





Maurice Maeterlinck
2) La vie des fourmis.
Maurice Maeterlinck. Editions Famot 1977.

(Rédaction Eric GEIRNAERT * )




"Les fourmis : effarantes folies de la nature."

M. Maeterlinck, La vie des fourmis - Les guerres :
"Selon le principe des fourmis, l'opération jugée nécessaire
s'est accomplie en faisant à autrui le moins de mal possible.
"




Fossile de l'ambre, découverte, photographie et collection: Eric G.

M.Maeterlinck : "On peut difficilement douter que les fourmis de l'ambre eussent des myrmécophiles dans leurs nids (...)
Or, l'élevage du bétail et l'entretien des parasites, surtout des coléoptères de luxe, marquent le point
culminant de leur civilisation. (...) L'évolution serait-elle moins prouvée, moins
certaine qu'on ne l'affirme ? Le progrès n'est-il qu'une illusion ? Toutes
les espèces avec leurs divers degrés de civilisation, datent-elles
du même moment et furent, comme le dit la bible, créées
le même jour, ayant comme conséquence que
la tradition est plus près de la vérité que
la science ?" (p. 121).







Introduction

     Ce qui est agréable avec Maurice Maeterlinck, c'est l'exactitude étonnante, la sincérité prodigieuse, la minutie extraordinaire et la conscience souveraine des observations toujours vérifiées ! M. M. restitue les faits, rien que les faits sans la moindre exagération !
Oui, vraiment, sur ce point, M. M. est un narrateur fiable qui instruit utilement son lectorat (ignare) sur la biologie et les capacités du petit insecte fabuleux.
Ainsi, M. M. : "Une fourmi décapitée continue de vivre durant une vingtaine de jours et jusqu'aux derniers moments se tient sur ses pattes." Certes. Personnellement, comme plusieurs de mes confrères, j'ai observé qu'elles pouvaient vivre, survivre aisément, -sans tête-, une vingtaine de trimestres (mais, j'exagère peut-être un peu)... Pour dire les choses autrement, chaque propos de M .M. n'est qu'affabulation, exagération, fanfaronnade et bêtise...

 




Contexte

     Observateur scrupuleux pour les 'histoires qui se racontent sur papier', Maurice Maeterlinck, afin de nous intéresser comme il est "juste et nécessaire" nous explique après le termite la formidable histoire de la fourmi. (Avec, ici encore, de belles et énormes surprises)...

     Philosophe et poète, en exploitant d'avantage les écrits des confrères que les expériences de terrain, M. Maeterlinck est un 'docte' (compilateur) qui voit loin et sait profondément tirer profit des réflexions et des idées générales qui ont le plus d'envergure. Lui, devenu pour l'occasion "Termitologue" se superpose au savant des abeilles et affirme (p.109) que ses propos relatifs aux termites ont "été favorablement accueillis". N'en doutons pas...
Pour nous expliquer la fourmi, M.M. rappelle le précepte de rédaction de Pierre Huber, fils de François, le révélateur des abeilles : "Plus les merveilles de la nature ont d'attrait pour moi, moins je suis enclin à les altérer par le mélange des rêveries de l'imagination" (p.114-115).
Alors, si rien n'égale la sûreté, la rigueur, la minutie, la conscience des propos, et, si l'étendue et la loyauté de M. Maeterlinck et même son érudition ne souffrent d'aucune critique, reconnaissons que le personnage a travaillé sa bibliographie (la forme du texte, plus que le fond) sous l'influence de ce principe vivifiant.
Si le termite a surtout mauvaise audience, il en va tout autrement pour la fourmi ! Et, d'entrée de jeu, Maurice Maeterlinck avec la fourmi place la barre très haut. L'auteur examine la fourmilière comme un potentiel d'étude formidable : "D'un certain point de vue, la plus misérable fourmilière, raccourci de nos propres destins, est plus intéressante que le plus formidable amas globulaire des nébuleuses extragalactiques où grouillent des millions de mondes, des milliers de fois plus énormes que notre soleil. Elle nous aidera peut-être plus vite et plus efficacement à démêler la pensée et l'arrière pensée de la Nature et certains de ses secrets qui sur la terre et dans les cieux sont partout identiques" (p. 117-118).





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     Il n'y a pas de vie sociale sans Langage pour assurer la cohésion communautaire. Avec la fourmilière "nous retrouvons ici le grand problème de la ruche et de la termitière. Qui règne et qui gouverne dans la cité ? Où se cache la tête ou l'esprit, d'où émanent les ordres qui ne sont jamais discuté ?" (p.123). Considérant le modèle grouillant de la fourmilière M. Maeterlinck s'interroge :"Quel nom donner à cette forme d'entente et au gouvernement qui en résulte ? Laquelle de nos formules humaines lui serait approximativement applicable ? Est-ce une simple république de réflexes ? Mais une telle république pourrait-elle mener ailleurs qu'à la mort ? Est-ce, comme on l'a dernièrement appelée, une 'anarchie organisée' ou une 'collectivité cumulative' ? Qui nous dira ce que ces mots-là veulent dire ? Ecartons la théocratie, et la monarchie qui sont peu probables; restent la démocratie, l'oligarchie, et ce qui semble plus vraisemblable, l'aristocratie et la gérontocratie" (p.128).
M. Maeterlinck ne jouant pas de l'expérience de terrain, son interprétation est alors plus ou moins hasardeuse : "Sur le fond solide et stable de l'instinct général, on dirait le gouvernement provisoire de la meilleure idée" (p.128).

     Distinguant cette fois la fourmi qui alimente ses congénères par trophallaxie (= échange alimentaire) et y voyant l'abnégation totale d'une flamme amoureuse divine, l'auteur s'égare dans un modèle qui fait sourire : "Ne perdons de vue que tout se passe ici sous le grand signe de l'unité et de l'amour, -mais de l'amour vierge et désintéressé, dont nous auront jamais la notion,- ce qui renforce et étend prodigieusement son empire" (p.128). Le moteur et le ciment de la fourmilière est donc "l'affection réciproque" (p.129). Evoquant ce modèle supérieur, M. Maeterlinck poursuit : "Cherchez partout dans la nature, vous n'y trouverez nulle part un amour maternel aussi magnifique" (p.129). "Il en résulte un gouvernement qui est supérieur à tous ceux que l'homme pourra réaliser" (p.130).

     Au premier abord, pour l'œil novice au grouillement myrmécéen, les fourmis montrent ce qui semble être l'exemple le plus formidable d'altruisme et de coopération dans le règne animal. Mais l'apparente harmonie (stabilité sociale) n'est qu'une façade en trompe l'œil. Et, méconnaissant toutes les régulations chimiques et la cohésion numérique par le message des phéromones, l'auteur fait de l'ouvrière un être totalement irréel : "Elle vit d'on ne sait quoi, de l'air du temps, de l'électricité éparse, de vapeurs ou d'effluves" (p.133).

     "Aujourd'hui, la preuve est faite, la fourmi est incontestablement l'un des êtres les plus nobles, les plus courageux, les plus charitables, les plus dévoués, les plus généreux, les plus altruistes que porte notre terre" (p.131-132). Certes, les petites guerres myrmécéenne existent, mais "comme je l'ai déjà dit, la plupart des espèces sont résolument pacifiques, et déploient pour défendre la cité un courage presque toujours supérieur à celui de nos troupes les plus héroïques" (p.160). "Si puissantes, si bien armées, si redoutables qu'elles soient, ces fourmis pacifiques respectent généralement le bien d'autrui, n'abusent pas de leur force, évitent toute occasion, toute cause de conflit et ne s'occupent que des affaires de leur fourmilière" (p.160).

     Le modèle si parfait (et graduellement divin) des fourmis est inaccessible aux hommes : "leur polymorphisme physique et moral est infiniment plus étendu, plus varié que celui des termites, des abeilles et des humains" (p.158). Et, finalement les guerres sont la marque de distinction et d'excellence des puissants : "la forme même de leur civilisation plus raffiné incite presque irrésistiblement les plus intelligentes d'entre elles à porter la guerre chez les races moins belliqueuses et plus accommodantes". Développant la guerre des fourmis, sur une comparaison à l'homme dans des propos surprenants, M. Maeterlinck écrit : "Des fourmis les plus primitives, les Ponerines (...), jusqu'aux plus vaillantes Polyergus (...), qui jamais ne fuient, on compte biens plus d'échelons, biens plus de transitions que nos Polynésiens ou Fuégiens les plus abrutis, aux grandes nations blanches qui guident l'homme sur cette terre" (p.158).
L'homme blanc des grandes nations est le guide salutaire, le bon pilote de tous ces 'abrutis' qui vivent en Polynésie et en Terre de Feu ?! N'y aurait-il pas chez : 'Maître' Maeterlinck une petite pointe de racisme, une longue tubulure filiforme de xénophobie torturée insérée, sans voile, dans sa littérature empoisonnée, molle, sordide, affolée, jonchée d'imaginaire vil ? La trilogie Abeille-Termite-Fourmi n'est-elle finalement qu'un triptyque d'incohérences rapportées à partir d'une bibliographie raciste ? Car l'auteur de s'expliquer en introduction : "Je n'avancerai rien que je n'aie vérifié moi-même, ou qui ne soit tellement admis par les classiques (...) que toute vérification en deviendrait oiseuse", et d'ajouter : "Je ne compte pas orner la vérité ni la substituer".

     Si M. Maeterlinck, remarque par hasard des raids, des pillages de couvains ou des escouades qui "défendent le terrain pied à pied" (p.166), l'auteur ne présent absolument pas -"si je l'ai bien compris" (p.184)- la nature olfactive de la cohésion de groupe :"Alors sur un signal venu on ne sait d'où, -car les ordres partent d'une source plus mystérieuse encore que la dans ruche ou dans la termitière- les assaillants se précipitent en masse" (p.161) et jouent "un concert unanime et instantané" (p.178). L'olfaction est pourtant reconnue par Mlle Adèle Fiel ! (p.173).
Et, l'auteur, (piètre analyste, l'œil investigateur toujours aveugle) adepte de la fabulation, accorde à l'insecte, dans sa guerre, une bienveillance toute romancée :"Selon le principe des fourmis, l'opération jugée nécessaire s'est accomplie en faisant à autrui le moins de mal possible" (p.162).
C'est donc cela, les fourmis sont si magnanimes, bienveillantes, affables, même avec leurs serviteurs, que les notions esclavagistes sont exagérées ? En effet, M. Maeterlinck voit plutôt chez les fourmis "raptiformes" (p.164) "une adoption intéressée qui ne tarde pas à se transformer en une sorte de maternité nourricière" (p.162), formule évidemment aspirée -sans autre vérification- des travaux précurseur d'Hber...

     Le défaut d'analyse lors des trop rares observations de terrain (une sortie seulement évoquée page 203) fait écrire à l'auteur des propos apocryphes :"Mais tout à coté, principalement à propos du maniement d'un fardeau, se révèle le plus souvent une telle incohérence, une agitation si vaine, si stupide, un manque de bons sens à ce point consternant qu'on se prend à douter de leur intelligence" (p. 178) Et, d'ajouter :"D'autre part, qui de nous, observant les fourmis au travail, n'a pas été frappé de l'imbécile incohérence des efforts qu'elles font en commun ?" (p. 101).

     Vérifications ignorées par le jeu des expériences, M. Maeterlinck consigne (aux limites du risible) des révoltes et des insurrections à la bêtise : "Chose étrange et qui les rapproches de certaines races humaines, il semble que leurs brutalités et leurs exigences probablement stupides lassent parfois la patience de leurs serfs. Forel qui a tout vu fut témoin d'une de ces révoltes d'esclaves" (p.167). Ratant cette autre interprétation, l'auteur consigne l'observation de fourmis naïves, incapables de reconnaître les graines comestibles qu'il faut rapporter au nid : "A l'entrée du nid fonctionne un sévère contrôle: les apprenties ou novices qui apportent naïvement de menus cailloux, des débris de porcelaine (...) sont vivement rabrouées et priées d'aller déposer ailleurs leurs petites erreurs" (p. 205).

     L'appelant : "le conseil secret qui gouverne" (p. 206), et, n'imaginant pas le rôle orchestré par les odeurs, (reconnues plus tard phéromones), le poète anthropomorphique interprète chaque activité en jetant aux insectes des discernements toujours volontaires. Les comportements parasitaires et usurpateurs sont, par exemple, la marque d'une dévotion à la beauté physique : "dont les charmes semblent irrésistibles" (p.135). Les rapprochements ente individus (qui ne sont pas le fait du hasard) sont réglés par : "les inépuisables délices réciproques" (p.151), bien éloignés des "travaux ennuyeux et faciles" (p.151). Dans le même ordre d'idée, M. Maeterlinck commente l'entraide médicale, qui forcément conduit la morale du groupe : "ils ont vu des fourmis secourir les mutilés, soigner et panser les malades et les blessés" (p179).

     Piètre observateur, compilateur de texte peu analytique, M. Maeterlinck coupe, interprète et accole les scènes entomologiques de sa bibliographie en 'reprenant' ses pairs : "en voici une, observée par Forel, dont je me permets d'abréger le récit parfois trop détaillé et un peu diffus" (p.161). Et, même page : "Il faudrait ici, selon l'usage, reproduire le récit entre fourmis, si consciencieusement observé par Huber (...) Malheureusement le texte est assez long mais se tient si bien qu'on ne sait où pratiquer des coupures" (p.161).

     Grâce aux "lucidités" nombreuses de M. Maeterlinck, on découvre 'en lumière' le modèle savoureux de la fourmi, et, notamment "les jeux, les luttes amicales, les petits combats sportifs et débonnaires" qu'une fois de plus il s'approprie sans la moindre révision analytique de science : "Je ne résiste pas au plaisir de citer la page qu'il y consacre, afin que vous entendiez, une fois de plus, la vénérable voix abondante et paisible du père de la myrmécologie" (p.151).

     Issue d'une genèse hasardeuse et angoissante, les voies salutaires des fourmis sont pour M. Maeterlinck ces "nécessités vitales qui poussent à leur comble l'activité des facultés intellectuelles et les forcent d'accomplir des miracles désespérés" (p.194).

     Après ces observations qui aident efficacement à démêler la pensée et l'arrière pensée de la Nature, (rappelez vous: des fourmis jouent les ambulances, d'autres font du sport tandis que les naïves confondent les graines et le cailloux et que toutes celles qui font la guerre évoluent sous le grand signe de l'Amour), il faut s'arrêter et bien comprendre que la fourmi est infiniment bonne, autant que le termite est mauvais. C'est comme cela, nous n'y pouvons rein.

     Si vous aimez la littérature (plus que l'entomologie exacte), le modèle de la fourmi par M. Maeterlinck est "un modèle dans le model du genre" ! De cette inextricable fouillis d'interprétations fausses, exagérées, coupées (et recopiées maladroitement) se dégage quelques lois qui donnent un caractère particulier à l'entomologiste, celui par exemple de pointer les erreurs que fait Dame nature ! Parlant du modèle de la fourmi, M. Maeterlinck écrit :"Une fois de plus, nous voici dans les régions monstrueuses où nos plus extravagants cauchemars nous mènent rarement. Mais en constatant d'aussi fantastiques anomalies, d'aussi déconcertantes erreurs, d'aussi effarantes folies de la nature, ne convient-il pas d'admirer la manière dont ceux qui en sont victimes s'ingénient à les réparer ?" (p.145).

     Lorsque l'on parle de systèmes et de préceptes pour appréhender la société myrmécéenne, retenons cet aphorisme : Un modèle est un artifice qui nous donne l'illusions d'en savoir plus que nous n'en savons réellement. Et, comme le reconnaît M. Maeterlinck: "Interpréter n'est pas toujours comprendre" (p.127).





Maurice Maeterlinck


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Conclusion

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     En suivant les interprétations métaphoriques et angoissées de M. Maeterlinck, qui questionne l'insecte dans ses "pratiques qu'on pourrait qualifier de suranimales" (p.164), on se découvre à regretter que J.H. Fabre n'ait pas obtenu le prix Nobel de littérature, lui, doué d'un rare talent de vulgarisateur qui a laissé TANT d'observations minutieuses (JUSTES) sur le monde des insectes !

     Chez M. Maeterlinck, l'œuvre entomologique se développe comme si l'homme par pré-orientation anté-supérieure entretenait son pré-complexe de méconnaissances torturé. Après mille déchiffrages (anthropomorphes), l'auteur explique ne RIEN comprendre. Impossible de dépasser (l'apparente ou bien réelle) absurdité des modèles naturels...
"Tout ceci montre la remarquable souplesse, l'habileté à tirer parti des circonstances, la facilité d'adaptation, c'est-à-dire en un mot l'intelligence qui anime et conduit ce monde que nous commençons à peine d'étudier et auquel nous ne comprenons pas encore grand-chose" (p.164).
Et, d'ajouter : "Je n'entrerai pas dans le détail des théories diverses et assez confuses qui aboutissent toutes à un aveu d'ignorance plus ou moins bien masqué" (p. 184)

     Ne comprenant pas la genèse des régulations collectives et laissant la part belle à l'idiosyncrasie (=réaction individuelle de discernement et de mouvement propre à chaque individu, -le hasard n'explique pas la cohésion-), M. Maeterlinck voit dans chaque chronique vivante de l'insecte la marque d'une spiritualité qui s'oppose à l'absurdité déconcertante du modèle.

     Qu'il s'agisse de communication, d'orientation, de défense ou de tout autre rapports sensoriels, à chaque interpellation éthologique, la recette consiste à mentionner le hasard qui farde la vérité :"Il serait difficile ici, comme sur bien d'autre points, d'invoquer le hasard, et de nier l'intervention consciente et intelligente" (p. 199-200).
Oui, mais non... Ni hasard, ni démarcation extrasensorielle transcendantale ! Non, pour comprendre, il suffit juste de regarder l'ordre des choses qui occupe l'insecte dans son périmètre immédiat ! Stupidement facile, l'insecte perçoit de façon tout azimut son environnement !
La nature du sol, le caractère de la lumière, l'angle d'apparition du soleil, l'odeur éthérée du paysage, la configuration de la voûte végétale, l'odeur du congénère, la qualité topographique du site, la perception des vibrations par le sol, la couleur des repères dans le panorama, le gradient de stimulation olfactif, la collecte de la fréquence des contacts physiques, l'évaluation calculée du temps écoulé, la perception de la pesanteur, etc. Chacune de ces perceptions redondantes expliquent (sans philosophie aucune) le comportement individuel puis déjà collectif des insectes. Mais, faut-il encore faire des expériences. Il n'est pas nécessaire de faire appel au transcendant, pour appréhender pas à pas ces petites actes de routine.

     Mais, n'y résistant pas, Maeterlinck, interpelle J.H. Fabre pour lui imposer son insecte doué de morale (qui, même dans la guerre, vit ses règles pour faire le bien et éviter le mal) :"'L'insecte, proclame quelque part J.H Fabre, le grand entomologiste n'a pas de morale', c'est bien vite dit" (p. 83).

     Pour s'en sortir, rendue si poétique, si morale, la fourmi thésaurisée de Maeterlinck devient l'antithèse du vil termite... Le philosophe porte très haut le modèle myrmécéen y voyant une primauté d'intelligence déontologique. Même si la fourmi a les éloge de M. Maeterlinck, le modèle myrmécéen répugne l'homme car il nous oblige à admettre : "qu'il se trouve sur cette terre d'autres êtres qui ont, par leur intelligence ou leurs qualités morales, les même titres que nous à quelques importance spirituelle, à l'on ne sait quel rôle exceptionnel dans l'univers, à l'on ne sait quelle immortalité, quels vagues et grands espoirs" (p.198).
Et, le philosophe prix Nobel, donneur de rêve de nous expliquer: "Un jour nous apprendrons, comme tout ce qui vit avec nous sur ce globe l'a déjà fait, à nous contenter de la vie. Ce sera le dernier idéal, élargi par tous ceux qu'il aura résorbé; et nous éprouverons peut-être, quand nous saurons nous y prendre, qu'il est suffisant et, en tout cas, aussi grand et moins décevant que la plupart des autres" (p. 198).
Oui, merci pour la leçon. Oui, se contenter de : 'vivre', comme dernier idéal, (sans rien faire d'autre?) est suffisant. Cet état oisif, sans activité, (un peu comme le termite?) est finalement plus jouissif que l'exercice cérébral qui consiste à analyser sans expérience une fourmilière. Le procédé, éprouvé ici, véritable torture cérébrale, ne libère pas du désespoir. L'exercice peut tout juste conduire à la déprime ou à la dépression...
Et, c'est justement pourquoi il existe autant de spécialistes des fourmis (formant la myrmécologie) où chacun trouve son plaisir infini en sondant les comportements selon des expériences éducatrices passionnantes . D'ailleurs, en travaillant de la sorte, (de façon scientifique), le termite se rapproche assez de la fourmi. Pourquoi diable l'auteur développe cette dualité où la fourmi noire (la vraie fourmi) serait morale par opposition à la fourmi blanche (le termite) qui serait vile ?

     Considérant (p. 77), la population grouillante des insectes sous l'angle d'unités toutes opérationnelles, soumises à une "loi centrale supérieure" (p. 104), Maeterlinck considère la confédération animale comme un individu unique, déjà comparé à un organisme humain, constitué de cellules simples regroupées en organes. Cherchant l'intelligence collective dans la somme des intelligences unitaires, puis, interrogeant la règle métaphysique du maintient des cellules du corps qui "donne aux uns la santé et le bonheur de vivre, aux autres la maladie, la souffrance, la misère" (p. 78), l'auteur s'englue dans sa mélancolie méditative :"... la Cause-sans-Cause-de-toutes-les-Causes, ou même au simple hasard, ces réponses se valent, car toutes avouent plus ou moins franchement que nous ne savons rien, que nous ne comprenons rien et que l'origine, le sens et le but de toutes les manifestations de la vie échapperont longtemps encore et peut-être à jamais" (p. 79). Et, sans rien n'expliquer ni même sans proposer la moindre piste, il ajoute:"L'homme n'est qu'une bulle du néant qui se croit la mesure de l'univers" (p. 94).

     Comme enquêteur des sociétés d'insectes, M. Maeterlinck est : 'le compilateur angoissé des croyances entomologiques d'outre tombe'. Comme auteur, il est 'le Nobel des interprétations diligentes anthropomorphes torturées'.
M.M. :"Quant à la fourmi, elle ressemblerait évidemment à l'homme qui n'attend rien du ciel ou de l'enfer, si elle n'avait sa charité régurgitative qui est une volupté, et sa religion qui est l'amour de la masse dont elle fait partie, sans laquelle elle n'existe point et qui représente sa propre vie agrandie et multipliée" (p. 184).











Maurice Maeterlinck


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Epilogue

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     Dans une recherche douloureuse 0 du bonheur 1, Maeterlinck refait l'histoire 2 métaphysique et presque invalidante des progénotes 3. L'auteur donne une description des premiers contacts entre sociétés entomologiques 4 et mesure le funeste chemin de l'homme sans avenir 5...
-Sombre parcours-...

1 "Où en serait l'homme si..." (p. 84).
1 "Le bonheur des termites c'est d'avoir eu à lutter contre un ennemi implacable, aussi intelligent, plus fort, mieux armé qu'eux la fourmi" (p. 84).
1 "Seront-ils plus heureux, sortiront-ils enfin de leur prison ?" (p. 85).
2 "Il est à présumer que..." (p. 84).
3 Les premières colonies "auraient obscurément végété, au jour le jour, en petites colonies, insouciantes et molles" (p. 84).
4 "Le premier contact fut naturellement désastreux pour le misérable insecte larviforme..." (p. 84).
5 "... car tout semble présager que l'homme, le dernier venu sur cette terre, sera le premier à la quitter, pour aller on ne sait pas encore où" (p.209).
0 "Il fallut surtout accepter la contrainte et le sacrifice, mère de toute les vertus, faire sortir d'une misère sans égale les merveilles ..." (p. 84).
0 "Il est possible que pour notre bien, un adversaire -à notre taille, ingénieux, méthodique féroce, digne de nous-, descende quelque jour d'une planète voisine ou surgisse du côté où nous ne l'attendons plus, à moins que, d'ici-là, ce qui est infiniment plus probable, nous ne nous soyons détruits les uns les autres" (p.85).




     Pour moi, Eric G., dont le travail passionné depuis trente ans se limite aux seules observations des archives fossiles que sont les infortunées dépouilles piégées dans l'écrin d'ambre, (fossiles qu'ignore l'auteur : "les documents font défaut" p.189), les théories métaphysiques moralisantes, doloristes et dolosives (fondées sur la douleur et la tromperie) constituent les symptômes d'une mélancolie maladive mais sans doute pas les clefs de compréhension des modèles entomologiques...

     Vite, retournons aux lectures moins dangereuses, moins autodestructrices, et, tellement plus justes de J.H. Fabre !

     J'aime à penser, (mais je suis sans doute un grand idéaliste) que l'homme a un petit avenir, celui, peut-être, de contempler la nature sans douleurs (suicidaires).
Mais encore faut-il savoir regarder :
"Ils ne savaient pas regarder. En ces vieux temps, on raisonnait beaucoup, beaucoup trop, car parfois on déraisonnait; mais rarement s'avisait-on d'examiner ce qui est réalité. La patiente observation, mère des sciences, leur était inconnue. Ils disaient : "C'est cela," avant d'avoir vu; de nos jours, on voit avant de dire : 'C'est cela.' " J.H. Fabre, Les ravageurs, 1870.




Ils ne savaient pas "regarder"... Ont-ils seulement su regarder l'ambre ?

La destinée du monde et l'ambre...

     Et si la vérité des choses, la vérité de toutes les choses, la grande destinée des inventions, existait incluse dans l'ambre ? Eprouvant l'angoisse, et, appréciant les progénotes, -ces premiers insectes à l'origine des sociétés-, l'homme aurait-il un avenir en modifiant sa destinée ? L'ambre, pierre philosophale, tenu en main pourrait-il amener au chemin salutaire de l'esprit libéré du désespoir ? La question est posée aux biographes de M. Maeterlinck...









J.H. Fabre

     Terminons cette étude en retrouvant les propos du maître.

     M. Maeterlinck n'est pas le premier penseur à questionner toutes les formes de la vie universelle en théorisant ses appréciations. Certains personnages pragmatiques connaissent mieux que d'autres le risque des réflexions trop profondes qui peuvent éloigner de la vérité.

     Et, J.H. Fabre dans une lettre du 18 février 1880 à Charles Darwin, connaissant l'ingéniosité du vivant, et l'extrême difficulté à interpréter avec véracité le "désordre" apparent des plantes et animaux inférieurs tenait ces propos : "Vous vous étonnez de mon peu de goût pour les théories. Ce travers d'esprit, si c'en est un, tient un peu à mes longues études de mathématiques qui m'ont habitué à ne reconnaître la vérité qu'à la lueur d'un irrésistible faisceau de lumière. Ne jurant par aucun maître, libre d'idées préconçues, peu enclin aux séductions des théories, je cherche avec passion la vérité, prêt à l'admettre quelle qu'elle soit et de quelque fait qu'elle vienne. Et, comme moyen de recherche, je ne connais qu'une chose, l'expérience".






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Allez, un petit jeu, juste pour libérer l'âme et atteindre le bonheur...
Quel naturaliste, d'après-vous, décrit (*) les abeilles mâles ainsi :

"Les mâles sont étourdis, maladroits, inutilement affamés, prétentieux, totalement et
scandaleusement oisifs, bruyants, glouton, grossiers, malpropres, insatiables, énormes".

Est-ce : J.H. Fabre, l'Homère des insectes (connu pour ses observations rigoureuses)
ou est-ce : M. Maeterlinck, le philosophe critique et insatisfait ?
Prenez votre téléphone et répondez :
1 pour Fabre, 2 pour Maeterlinck !



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(*) Note concernant le jeu :
J
e n'ai pas avancé le fait rapporté, -cette citation- qui ne soit incontestée et facilement vérifiable.
C'est le premier devoir quand il s'agit d'un monde aussi peu connu, aussi déconcertant
que celui de l'insecte. La plus innocente fantaisie, la plus légère exagération, la plus petite
inexactitude enlèverait à un jeu de ce genre tout crédit et tout intérêt
...








Pour ceux qui souhaitent approfondir l'entomologie à cette époque ancienne des riches et nombreuses
découvertes, les travaux de A.E. BREHM sont à examiner scrupuleusement.






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Ce document (Fourmi noire et Fourmi blanche) est extrait du cd-rom : Les FOURMIS


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(*) Pour éviter que ce texte soit aspiré dans des sites peu scrupuleux, (et ils existent) plusieurs erreurs
volontaires (importantes) on été intentionnellement dissimulées dans la rédaction. Le repérage de ces
erreurs permettra alors de suivre les pirates... Les personnes qui souhaiteraient la rédaction
(vierge d'erreur) pourront l'obtenir à l'adresse: eric.ambre.jaune@hotmail.fr









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