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L'ambre est un piège aérien essentiellement sélectif.
Agissant surtout au niveau aérien les résines pouvaient de temps à autre attraper de véritables profusions d'insectes ! Plus les animaux sont petits, et plus ils sont facilement piégés par une bourrasque ou une rafale de vent... Mais, plus direct encore, les petits insectes qui pratiquaient le vol en essaim finissaient fatalement en inclusion...
Pour comprendre une telle profusion d'insectes de la même espèce
dans une coulée de résine, il faut examiner les paramètres
exogènes
agissants mais surtout suivre
l'activité de l'essaim...
Cette pièce insectifère
est extraordinaire pour la
densité énorme des insectes piégés...
Dans le lot de brut observé, quatre
essaims successifs de plusieurs centaines de petites mouches d'espèces
différentes qui vivent dans l'humus et les milieux humides (Cecidomyiidae,
Sciaridae Psychodidae, Limoniidae, etc...) ont été
piégés et notamment l'un superbe dans cette magnifique pièce
(échantillon de 4,6 cm) qui constitue à ce jour l'une des pièces
insectifères les plus insectifères !!!
Le
vent (au moins dans les travaux allemands) est souvent incriminé pour
expliquer la survenue des insectes au piège de la résine indurée
an ambre. Mais cette conception est sans doute assez fausse et c'est surtout
le vol en essaim (par temps calme) qui explique les densités énormes
d'insectes piégées.
Des
éléments sélectifs ont évidemment déterminés
les événements survenus qui ont déterminé le nombre
d'inclusions. Dans certains cas observés par lots, c'était tout
simplement la proximité de l'arbre producteur et de l'animal.
Certains insectes vivaient exclusivement en forêt... Autre élément
sélectif : le comportements des insectes.
Quelques papillons, par exemple, venaient se nourrir des champignons qui parasitaient
les pins, d'autres dormaient dans les fissures de l'écorce de l'arbre.
Des abeilles récupéraient également la résine des
arbres producteurs pour construire les alvéoles de leurs nids.
Les animaux dont l'activité se déroulait sur le tronc et sous
l'écorce de l'arbre avaient de fortes probabilités d'être
enclos dans une coulée, (cas des fourmis arboricoles et des araignées).
Mais,
les insectes qui pratiquaient le vol en essaim finissaient fatalement
en inclusion...
Pour
expliquer de telles concentrations d'insectes, ici plus de mille insectes piégés
dans quelques centimètres de la résine, il faut se représenter
les essaims. Un bon exemple est celui observable régulièrement
aux grands lacs d'Afrique de l'est. Le lac Victoria, le Tanganyika, le Malawi,
etc. Régulièrement, des brumes grisâtres, bien observables
d'avion, (de vrais nuages de plus de cent mètre de hauteur) apparaissent
aux eaux des lacs lorsque les nymphes de certains insectes aquatiques donnent
naissance aux adultes, regroupés en nuées qui se fusionnent déjà
pour aller pondre sur les berges. Pour cette pièce, présentée
en photo, ce n'est pas la peine d'imaginer que ce soit le vent et des rafales
qui puissent concentrer les insectes au piège de la résine, non
! Pour ces nuages d'insectes, les concentrations animales (simuliidae, chironomes,
etc.) sont absolument déconcertantes, certains nuages peuvent regrouper
jusqu'au milliard d'individus. C'est donc la résine en place (en situation
ordinaire) qui enregistre la vraie densité locale entomologique. La concentration
ne résulte pas d'un évènement anormal mais bien du cycle
normal de reproduction (mais extraordinaire) des insectes.
D'autres
facteurs qui corrigent le niveau d'efficacité du piège pourraient
être énoncés.
L'odeur éventuellement répulsive - atractive de la résine...
L'odeur devait influencer dans une certaine mesure le comportement de plusieurs
espèces d'insectes en les dirigeant dans la forêt...
Autres
facteurs, les variations de températures journalières et
les changements saisonniers.
Les variations de températures modifiaient la fluidité des
oléorésines. Les écoulements maximums en milieu de journée
s'arrêtaient la nuit. En automne et en hivers, le déversement cessait.
La résine restant sur les arbres était alors dure. Ainsi la faune
nocturne et hivernale pouvaient échapper au piège de l'ambre.
- Un exemple chez les diptères : les Trichocéridés
hivernaux sont rares dans l'ambre de la Baltique à l'inverse des Limoniidés
printaniers et estivaux. Trois spécimens ont été décrit
alors qu'il y en avait des millions comme aujourd'hui.
- Autre exemple : les Culcidés, ces moustiques crépusculaires
connus de tous qui utilisent la chaleur pour s'orienter et piquer, qui ont une
activité nocturne, sont rares dans l'ambre.
Diptères
et parfois papillons (voir ci-dessous, plus bas), la
profusion n'est quand même pas la règle d'or du piège
mortel constitué par les oléorésines collantes...
Le
nombre d'insectes piégés (dans une même coulée)
ne fait pas forcément le prestige d'un fossile. Mais, concernant
le nombre, ce sont les pièces d'ambre contenant des essaims (associés
à des entomofaunes du même biotope, =syninclusions) qui sont
les
pièces parmi les plus intéressantes pour lire des histoires
sous l'angle des comportements. Et, dans ce registre, les pièces
contenant des fourmis sont très pédagogiques...
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Lire les fourmis de l'ambre c'est remonter le temps
pour apprécier les plus belles histoires de la paléontologie.
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