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      Les araignées dans l'ombre de l'ambre !

      La longue, très longue, évolution des araignées, née de la transformation des scorpions (issus, eux-mêmes, il y a 500 M.A., des trilobites marins) a façonné durant 200 M.A. des petits êtres surprenants -devenus omniscients- aux pattes articulées. La grande richesse des comportements par espèce fait des araignées un groupe d'acteurs indispensables pour comprendre la biocénose (ensemble des êtres vivants, animaux, végétaux, micro-organismes) du biotope si particulier de la forêt d'ambre.

      Les araignées ubiquistes (= qui sont partout sur terre), vivent dans tous les biotopes. Et, produisant toutes de la soie, elles existent toujours dans les ambres dès qu'ils sont insectifères. Il n'a a donc rien d'illogique à retrouver les traces de leurs passages dans la forêt d'ambre et par conséquent dans quelques bijoux, comme cette bague dominicaine, ci-dessous...







Une pièce gemme (supposée vierge d'inclusion) contient parfois des traces
étranges. Ce bijou dominicain ne contiendrait-il pas le reliquat d'une toile
d'araignée ? A quoi correspondent ces lignes translucides
(parfois démultipliées) parmi les zones sombres ?
 


      Au premier coup d'œil on pourrait croire que ces lignes ne sont que des brisures, des "pliures" plus ou moins imprégnées de polluants exogènes. Si l'on reste logique, la soie d'araignée reste -indépendamment des époques- par actualisme un maillage très fin (translucide à peine perceptible) qui accompagne souvent un amas informe. La soie d'araignée lorsqu'elle existe dans l'ambre est toujours synchrone de lignes plus visibles. Pour expertiser la présence de soies fossiles dans une gemme, il faut éclairer la pierre (au moyen d'une lumière froide à fibre optique) dans l'axe supposé d'un fil et vérifier si une illumination progresse dans l'épaisseur de l'ambre. C'est ce que l'on peut voir page 15 dans ce document). Si c'est le cas, le fil de soie transporte bien la lumière et le maillage se voit également aux intersections de deux fils qui se croisent. Attention, le maillage avéré de soie peut aussi et surtout être confondu dans un ambre avec des lignes de dessiccation d'une surface recouverte ultérieurement par un flot secondaire de résine dans l'épaisseur de la pièce. Dans ce cas les lignes de dessiccations observées concordent alors avec la surface. Mais, ce qui peut accréditer ici la possible trace de toile d'araignée, c'est le débris organique sombre synchrone piégé (qui ressemble étrangement à la silhouette d'un micro-lapin !) et le zonage fin de lignes démultipliées par rapport aux lignes noires sombres. Dans ce document en page 14, (avec une copie des pages de mon ouvrage) j'explique la lecture "plus ou moins déductive" via laquelle on peut supposer une toile d'araignée. Derrière les grosses lignes noires, il se pourrait donc qu'il existe les traces de quelques fils de soies...

      Cette recherche de la soie d'araignée peut se faire assez fréquemment dans tous les ambres et surtout dans le matériel dominicain lequel est beaucoup plus insectifère que le balte. Mais, l'expertise reste une affaire de pratique et il faut quand même un œil très affuté pour lire et interpréter ce genre d'inclusions...
Avec leurs comportements si variés, les araignées qui sont toujours prédatrices sont l'un des sujets les plus
intéressants pour explorer les fossiles de l'ambre par le biais de la taphonomie. Voyons un exemple ici.

 Poésie crétacée pour une salticidae.
 






 












Les araignées
modérément présentes dans les
résines fossiles, (comparaison faite avec
les contigents énormes de mouches / moustiques), se
retrouvent chaque fois que les ambres sont insectifères...













L'image de fond représente, (de gauche à droite), un fossile RARE resté coloré d'araignée
Salticidae,
d'ailleurs piégé en position de saut, à sa droite, Salticus scenicus une araignée
actuelle dont on peut analyser les comportements pour imaginer ceux des fossiles.
Puis la publication -E.G. juin 2002- qui mentionne la couleur des inclusions
fossiles avec une très rare mouche
Thephritidae (le fossile est coloré).


Le thème des araignées de l'ambre a été présenté à
l'exposition internationale Fossilium 2000.

 







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(Rédaction Eric GEIRNAERT * )

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      Les araignées sont présentes dans toutes les résines fossiles insectifères, cependant cette inclusion présentée en image de fond est extrêmement rare. En effet, les colorations ne sont, pour ainsi dire, jamais conservées dans la matrice de résine. Les couleurs originelles des inclusions (éventuellement structurelles, ou, pigmentaires) ne sont maintenues que sur les arthropodes très scoriacés (coléoptères, fourmis, insectes largement chitineux...)


      Profitons de ce petit zoom sur ce fossile (si joli !) pour rappeler que les inclusions de l'ambre peuvent conserver leurs couleurs ! Oui, les araignées salticidae des ambres baltes et les spécimens des copals peuvent montrer leurs livrées originelles colorées. Livrées conservées, que certains auteurs expliquent être des couleurs de camouflages.
Il est amusant (ou triste, c'est comme l'on voudra) de se rappeler qu'en 1995-1998 des "personnages" très affirmatifs commentaient -car eux seuls étaient les spécialistes de l'ambre- que ces nuances n'étaient que des artéfacts de fossilisation. Oui mais NON. Les araignées eolinus sp (salticidae) des ambres baltes ont des robes colorées qui n'ont rien d'artéfact ! Les zonations sombres étaient en 1995 -et aujourd'hui encore- symétriques sur les structures animales.


      Ainsi, n'en déplaisent à ceux qui respirent la poussière allergène de la grande institution, la vérité ambrée résiste au temps ! (Comme le fossile). La dite poussière n'aurait-elle pas finalement développé ces comportements protectionnistes, où, descriptions noir et blanc des holotypes mal dessinés n'ont jamais intéressé le public (aujourd'hui avide de science colorée et participative) ? Les maîtres sont cadenassés dans ces narrations tristes où le refus du partage désintéressé de la connaissance est le sujet du verbe. D'ailleurs le site Internet -que je me proposais de développer gracieusement avec mes petites images- n'existe encore pas.
Ne rien mettre sur le web.
Sans doute, le moyen ultime, de tout conserver, sans rien partager, pour éviter tout piratage... Et, finalement en terres vierges, (sans terres poussiéreuses), le site Internet Ambre.Jaune vit plutôt bien...
"Réaliser des images d'art d'araignées baltes sur fond rose et bleu pastel et montrer "cela" à un public, c'est finalement une "science" appréciée d'un public. .../...
Revenons sur cette image, balancée sur la table avec arrogance et mépris par J.J. M (photographe officiel) et A. N.
... Juste un exemple.






La maîtrise de l'image de l'ambre (à l'origine d'une publication faite au Canada)
pour faire "parler les araignées fossile" et aujourd'hui, "brailler les rivaux" (humour)...



      La maîtrise d'une technique photographique -toujours révisée- des inclusions de l'ambre conservées dans les échantillons bruts (échantillons maintenus en volumes 3D, à rebours du montage en lames minces qui consiste à découper les inclusions en fines plaques millimétriques pour dégager l'épaisseur d'ambre gênante) permet de choisir une large palette d'effets dont la portée globale peut améliorer les détails à observer. L'image de gauche (qui utilise huit sources lumineuses, contre deux à droite) permet d'évaluer d'avantage la profondeur du fossile d'ambre. Ainsi on voit mieux que la ligne de facture née de l'écrasement des liquides diffusant de l'abdomen de la petite araignée est légèrement pivotée vers le haut par rapport au plan de piégeage de l'animal. On comprend également que la grande araignée (dont on voit l'écrasement manifeste de l'abdomen) est plus en hauteur dans l'épaisseur de l'ambre. On aperçoit également le détail des lignes de mouvements (la formation blanche) devant la patte antérieure gauche laissée par l'araignée bougeant durant son agonie. A l'arrière plan, sur la droite, on devine l'extrémité de la patte antérieure d'un troisième congénère dont les fluides marquent la résine (halos de dissolution très visible par le contraste des couleurs).

      Ces petits détails, halos de dissolution, lignes d'agonie, fracture conchoïdale, profondeur de champ et position des inclusions respectives, zones d'écrasements des appendices, etc., etc. permettent de lire plus efficacement la valeur taphonomique du fossile. La sacro sainte photographie, idiote, en double éclairage de contraste (photographie de droite) est certes conventionnelle mais, moins efficace.
C'est pour révéler des détails infimes de la vie des spécimens (observations éthologiques) que j'ai peaufiné mes recherches photographiques durant plusieurs dizaines d'années. Malheureusement, ces images, peut-être plus lisibles, et, également orientées vers l'art, n'ont pas fait l'unanimité. (Et, c'est peut de le dire ou de l'écrire).


      Bon, trêve de digression, revenons au premier spécimen coloré. Cette araignée malgache, 11 mm, au corps mou, a remarquablement bien conservé sa coloration ! Cette salticidae mâle est un spécimen qui chasse à vue en sautant sur ses proies. Fait remarquable, l'animal a été piégé en position de saut !




Ligne blanche médiane arborée sur le céphalothorax en arrière des larges yeux
antérieurs médians, cette araignée semble porter un "casque" !
Magnifique fossile ! Merveilleux témoignage de l'ambre !


Photo Eric G.

Cette araignée salticidae de l'ambre, 11 mm est datée de 2 millions d'années.
Le fossile polychrome a conservé les marques pigmentaires de l'araignée.
Découverte 1996, Collection et Photographie : Eric Geirnaert.

 


      Il est rare de découvrir des fossiles (fragiles comme les araignées) qui on conservé leurs livrées originelles... Ce joli spécimen fossile, (araignée salticidae) présente trois bandes blanches sur le céphalothorax (donc, trois bandes de poils fauve clair). Les bandes blanches latérales du céphalothorax se poursuivent sur le flanc et l'abdomen. Ce fossile (rare) montre le morphe resté coloré de l'espèce. Le phénotype pigmentaire originel est exploitable par les fossiles de l'ambre...
Pour ces bandes blanches, très nettes, ce fossile ressemble alors à une forme "antique" de phlegra bresnieri (= un représentant actuel contemporain des araignées sauteuses où mâles et femelles qui se ressemblent vivent, au soleil, surtout en Espagne et dans l'ouest de la France).
Répétons-le, les couleurs de l'inclusion ne sont pas un artéfact de fossilisation. C'est la couleur conservée polychrome. La photographie (refaite à quinze reprises) a été spécialement optimisée pour améliorer le contraste le plus réel des nuances qui fait surtout défaut lorsque les spécimens sont préparés en lames minces en vues d'observations détaillées pour les descriptions morphologiques...












      Les salticidae de l'ambre source de contemplation chez les collectionneurs !


      Les araignées se distinguent des autres arachnides par l'organe copulateur dont sont pourvus les pédipalpes du mâle (souvent plus petits que lez femelles) et par quatre paires d'yeux simples. L'espèce de l'ambre la plus intéressante (qui peur dans certains lots insectifères représenter 30% des araignées piégées) est, peut-être, la salticidae (l'araignée sauteuse), dont l'étude offre contemplations, surprises, émerveillements,... joies équivalentes à celles d'un gemmologiste qui, en fin de carrière, se spécialiserait dans l'étude des diamants rares à inclusions !


      Bien qu'errantes, les femelles salticidae construisent à l'occasion une petite loge de soie (parfaitement tissée et attachée à la végétation) dans laquelle elles pondent pour y rester jusqu'à ce que les œufs aient éclos. Cependant, les araignées salticidae antiques installées ainsi dans leur loge confortables sont rares (même inconnues du registre des fossiles de l'ambre). C'est du moins l'avis expert du maître de la discipline : "During period of inactivity they (salticidae) conceal themselves in small retreats made of densely woven silk most often attached to vegetation. Such a retreat is not yet know from a fossil spider." Jörg Wunderlicht 2004.


      Cette petite merveille, ci dessous, (publiée en 1998), installée dans son repère est alors rare et peut-être même une mention unique, encore aujourd'hui. Cette araignée, nichée dans sa loge est la deuxième inclusion de ma collection... Ah, quelle émotion de découvrit lors du polissage manuel les détails de plus en plus fins de cette scène formidable. Pour qui connaît le comportement des araignées, fruit d'une passion de plusieurs années à photographier les insectes en pleine nature, la reconnaissance de la scène figée dans la pierre d'ambre est immédiate. Je me souviens parfaitement de mon exaltation (presque exubérante au téléphone) pour informer mon camarade collectionneur polonais que j'avais trouvé cette araignée. "Une araignée, ou, une autre... Tout est appréciation personnelle" avait-il répondu (en 1994). N'accordant aucune importance aux scènes éthologiques, mon camarade collectionneur recherchait surtout et exclusivement les gros animalcules centrés dans les gemmes claires. Fruit pour moi, d'échanges alors fructueux puisque mon intérêt se portait exclusivement aux comportements fossiles.


      De la jolie femelle balte installée dans sa loge de soie jusqu'aux spécimens colorés malgaches, quel chemin parcouru et partagé avec les salticidae !






La seconde inclusion de ma collection était cette jolie et très fameuse araignée salticidae balte (9 mm) piégée dans
son repère de soie, (spécimen du dessus), les yeux fixes, comme pour attendre le collectionneur d'ambre.
Aujourd'hui, encore, cette araignée, à l'origine de ma passion pour l'ambre (car l'araignée montre un
comportement expressif), reste la pièce fossile la plus chargée d'émotion. Bien évidemment
la découverte des salticidae colorées n'est également pas sans rappeler
de bons souvenirs... Ce document web présente quelques souvenirs
que j'ai eu avec ce groupe si formidable d'araignées.














Les araignées de l'ambre, (salticidae) pour raconter
un peu plus que les morphologies antiques...






      Pour étudier la biosphère de la forêt d'ambre, plusieurs voies sont possibles. Paléoclimat, biodiversité des taxons, répartition des entomofaunes, composition des étages végétaux selon la topographie, analyse stratigraphique, etc., etc.
Si les inclusions centimétriques de l'ambre et les fossiles piégés dans les roches encaissantes sont rares, il est possible d'examiner les pollens (palynologie) -pollens toujours présents- (pour se représenter le biotope végétal antique).
Si les inclusions d'arthropodes existent dans l'écrin de résine, l'étude transversale la plus intéressante de la forêt d'ambre est sans doute celle qui exploite les araignées piégées...


      Chaque fois que les ambres sont insectifères, il est loisible d'examiner les araignées. Tous les biotopes anciens, même ceux isolés par l'eau sont colonisés par les araignées. Faut-il croire que ces petits acteurs aéronautes ont inventé très tôt ces petits "fils de la vierge", qui, abandonnés aux courants d'air, leur permet d'essaimer face au vent ? La question est posée, et, il semble que depuis 150 - 200 M.A. l'araignée a minimisé ses efforts par l'utilisation omnisciente de la soie. Lire ce document...


      Les araignées ne sont à vrai dire pas capables de voler, mais, elles sont très légères et la poussée de la plus faible brise sur un fil de soie est suffisante pour les emmener vers d'autres lieux. Toutes les araignées ne sont pas aéronautes, les salticidae, par exemples, sont errantes et marchent en laissant derrière elles un fil de sécurité posé au gré des évolutions des supports. (Voir le comportement photographié). Ces fils libres (de sécurité ou de structure) qui paraissent anodins (retrouvé parfois dans l'ambre !) peuvent devenir des indices extrêmement précieux comme ce témoignage unique qui donne la preuve de l'existence de la glue antique ! Voire cette bille de colle fossile conservée sur un fil de soie dans ce document page 14.


      Ces fils libres sont des indices précieux d'un point de vue évolutif des espèces mais également physiologique et renseignent dans une certaine mesure sur le comportement passé des espèces. Les araignées errantes ont souvent des "brosses" de poils courts sur les métatarses et les tarses. Ces poils fins qui se divisent à leur extrémité en plusieurs milliers de digitations (offrant ainsi une marche adhésive sur tous les supports) fonctionneraient aussi depuis longtemps à l'identique les poils des papillons comme des récepteurs sensoriels (chémorécepteurs). Les araignées avanceraient alors dans la forêt d'ambre en laissant derrière elles des fils de sécurité surtout imprégnés de phéromones. Bien évidemment le conservatisme n'est pas prêt à accepter cette nouvelle conception de la soie (support de communication olfactive, Eric Geirnaert 1998). Mais, il est intéressant d'appréhender les fossiles de l'ambre en présupposant que les espèces sont capables de suivre et de repérer des fils de soie, chargés (chimiquement d'odeur).


      Ah, on se souvient de ces noms (erronés) donnés à ces structures larges en zigzag dans les toiles orbiculaires. Le stabilimentum qui, agencé au centre de la toile, ne stabilise rien du tout! Pourquoi certaines araignées comme les cyclosa attachent les restes de leurs repas au stabilimentum ? Pour stabiliser d'avantage la toile ? (Rires). Des auteurs évoquent le camouflage, principe très discutable. Posons nous les vraies questions : à quoi servent les soies, les poils, les crins, les épines des araignées antiques et les trichobothries qui sont d'ailleurs innervés ?
Les poils des araignées ne constituent sans doute pas une fourrure pour protéger du froid. Les structures sont d'avantage des récepteurs qui fonctionnent sans doute à plusieurs niveaux. Les poils sont sensibles aux mouvement mécaniques de l'air et d'autres (et peut-être parfois les mêmes pour certains fossiles) seraient sensibles aux stimulations phéromonales.
Chez les salticidae, beaucoup d'espèces sont bariolées de "duvets" colorés aplatis squamiformes, et, cet agencement n'est pas un souci originel d'esthétisme vestimentaire.
Certes, examiner les fossiles de l'ambre avec des idées préconçues pour les fils de soie est une méthode peu scientifique... Mais cette souplesse de pensée n'a que pour seul objectif d'éviter de ruiner les spécimens trop souvent montés en lames minces pour les sacro-saintes descriptions morphologiques !


      Les araignées de l'ambre sont les arthropodes les plus étudiés dans la bibliographie des inclusions fossiles. Il faut dépasser les études qui se cantonnent aux seules descriptions morphologiques utiles (et intéressantes) mais insuffisantes... Depuis les années 50, pour ne citer que deux chercheurs : Alexander Petrunkevitch, puis, récemment Jörg Wunderlicht ont dressé les morphologies exhaustives et oh combien précises des espèces fossiles ! Les araignées de l'ambre (et c'est important d'insister) offrent comme les fourmis des comportements déchiffrables encore figés dans la pierre de résine.
Les salticidae, encore elles, à la différence des pardosa (petites araignées loups, lycosidae) ne sautent qu'à l'arrêt. Cette caractéristique explique sans doute les positions taphonomiques toujours remarquables des infortunées dépouilles piégées dans l'écrin jaune (voir ci-dessous) qui racontent alors d'avantage que leurs mesures anatomiques...






Le comportement très investigateur, toujours curieux, des araignées salticidae explique en grande partie les positions
taphonomiques (souvent déchiffrables) des infortunées dépouilles piégées dans jaune de résine...








      L'Art à l'Ambre et à l'Araignée...


      Une remarque comme cela en passant. Il est dommage que l'Art (avec un A majuscule) ne s'intéresse jamais à l'ambre. Cette pierre fossile est véritablement une fenêtre, un passage ouvert, idéal, sur le passé. La pierre de résine expose des scènes d'une beauté inouïe.


      En posant la focale à des grossissements de plus en plus élevés, le voyageur contemplatif découvrira des panoramas magnifiques, reflets d'un microcosme formé de biotopes étroitement mêlés. Les paysages fossiles, devenus immenses à l'observateur, sont des mondes disparates peuplés d'infra terrestres très expressifs.


      Disposer d'une bonne optique et rencontrer les acteurs bien animés du monde de l'ambre ne laisse jamais indifférent. Voyage au cœur de l'histoire des araignées, et, contemplations assurées....






      Les araignées de ce poster, (toutes des salticidae) sont quelques spécimens intéressants de ma vaste collection. A l'inverse de ce que j'imaginais, les spécialistes, qui ont révisé le groupe des araignées comme Alexander Petrunkevitch n'avait pas de collection extraordinaire. A. P. écrit -juillet 1958- n'avoir (étudié?) que cinq araignées dans sa collection pour ses publications exhaustives.

      C'est en nettoyant soi-même les ambres bruts, issus des gisements, que l'on comprend la position biologiques des inclusions et finalement le poids des araignées dans leur milieu antique. Exploiter quelques lames minces (parfois sans étiquette de la provenance, A. P.) rend bien abstrait l'image du biotope ancien. Etudier un lot fossile par l'examen minutieux et complet de toutes ses pièces, (des centaines d'échantillons issus du même gîte) restitue de précieux signes de la synergie et des associations biologiques des groupes présents dans le biotope étudié. Il est nécessaire de dépasser les seules descriptions morphologiques qui se limitent aux ratios des appendices, dont la mesure (A. P.) est surtout approximative, compte tenu de la déformation optique par le jeu des courbes des coulées.








      Les araignées de l'ambre (focale sur les salticidae).


      Si Menge, dès 1856, mentionne des portions de toiles dans les ambres de sa collection, il faut attendre un siècle pour découvrir enfin les premiers travaux achevés sur les araignées. A. Petrunkevitch (1942, 1946, 1949, 1950, 1958) est, sans doute, l'auteur le plus prolifique concernant l'étude d'un groupe animal de l'ambre et en particulier celui des araignées ! Là, où certains sont prolixes et se perdent en détails superflus, Alexander Petrunkevitch a détaillé les holotypes de façon claire et rigoureuse. -Amber spiders in european collections. Alexander Petrunkevitch 1958-. Cependant, il faut regretter que les collections institutionnelles et privées soient imparfaites, disparates et imprécises. Les lots mixtes ayant été mélangés ou modifiés. Certains lots n'ont aucune provenance :"those withou any mention of locality"...
(Pour améliorer la valeur commerciale des échantillons baltes proposés à la vente, les commerciaux, peu scrupuleux, n'hésitent pas à cuire les ambres à inclusions en autoclave dénaturant alors les animalcules comme les araignées salticidae (holotypes) de Bitterfeld, Wunderlich 1986).

      L'étude scientifique des assortiments d'araignées aurait gagné en intérêt si les provenances avaient été conservées. Il en va ainsi de la science "ambrée", on étudie ce que l'on a sous la main... Les araignées examinées, issues de gisements séparés géographiquement (plus de 1.000 k.m.) et paléontologiquement (plusieurs dizaines de M.A.) sont alors les faunes de biotopes sans doute différents. Les vues d'ensembles du groupe des araignées (les dynamiques évolutives et les développements biogéographiques) ne sont alors que des conjectures.


      Cependant, plus de 40 familles d'araignées sont représentées dans le matériel balte, ce qui correspond à 300 espèces piégées dans l'ensemble des sites de l'Europe du Nord. 1/6 des familles d'araignées référencées dans les ambres baltes fossilifères sont actuellement éteintes, ce qui sous entend des variations (ou des spécificités) climatiques et végétales.


      Ce qui marque finalement le naturaliste curieux (qui examine l'inventaire des centaines de dessins réalisés patiemment !) c'est le maintient assez stable des morphologies dans le temps. A rebours des espèces végétales, les araignées issues de l'ambre ont assez peu changé. Ce point est surtout intéressant car, connaissant le comportement des espèces contemporaines, on peut supposer (sans trop d'erreur ?) les comportements fossiles surtout pour ces espèces actuelles qui sont inféodées aux végétaux, (les salticidae). Certaines araignées sont les hôtes spécifiques des plantes et vivent au niveau des branches, du tronc ou sous l'écorce, à l'étage du sol ou dans la canopée... Avec des activités rarement crépusculaires ou nocturnes, les salticidae (qui peuvent représenter jusqu'à 30% des araignées piégées en nombre d'individus par lot, ce qui est énorme !) sont alors de bons bio indicateurs antiques d'un climat chaud et surtout ensoleillé.


      Mais, l'intérêt le plus haut que l'on puisse porter aux araignées de l'ambre (aux salticidae) tient surtout aux comportements très caractéristiques des individus dotés d'une vue remarquable. Les salticidae de l'ambre, même les plus anciennes sont moyennes à petites, elles ont un céphalothorax carré vers l'avant portant 4 gros yeux antérieurs. Ce céphalothorax est plus long que large et celui-ci est arrondi postérieurement. D'ordinaire il est assez haut avec les flancs abrupts et marqués. Les yeux sont disposés en trois rangs (4, 2, 2) de l'avant à l'arrière. Les 4 yeux antérieurs sont "ostentatoires" et les 2 médians sont surtout grands ! Les yeux du second rang seraient éventuellement de plus en plus petits (et deviendraient vestigiaux) laissant la voie "ouverte" aux structures antérieures de plus en plus performantes.


      Les yeux des araignées sont qualifiés de "simples" par opposition aux yeux "composés" des insectes (yeux à facettes) mais, cela ne signifie pas qu'ils soient inefficaces, bien au contraire ! Les salticidae ont une vue performante qui dépasse de beaucoup la notre. Cette vue, si extraordinaire, est responsable (dans une certaine mesure) du piégeage fréquent -par le seul jeu du hasard- des spécimens qui chassent et se déplacent dans tous les étages végétaux de le forêt d'ambre.
Les yeux médians antérieurs des araignées salticidae actuelles ont des possibilités remarquables de mouvements. Et, le témoignage le plus manifeste, apparaît lorsque les yeux changent de couleur lors du déplacement tout a fait exceptionnel de la capsule oculaire dans la région céphalique. L'araignée salticidae, qui rassemble à un petit char d'assaut, avance par saccades, puis, s'immobilise et se poste à l'affût. Les structures des yeux bougent et pivotent dans la "tourelle d'observation" pour suivre le déplacement des proies qui évoluent dans l'environnement. Les yeux antérieurs changent déjà de couleurs signe que le dispositif visuel avance pour focaliser l'image. Bref instant avant de pivoter déjà pour suivre la fuite de la proie. Sans bouger la tête, la salticidae roule ses yeux latéralement pour surprendre autre chose qui l'oblige à reprendre déjà ses déplacements saccadés, entrecoupés de sauts, avec ce fil de sécurité toujours témoin du passage du surprenant petit animal.
De tels dispositifs visuels doivent théoriquement permettre aux salticidae de percevoir les couleurs et le plan d'onde la lumière polarisée. Cette extraordinaire vue antérieure (perception binoculaire mobile à focalisation rapide) est complétée par d'autres yeux moins spectaculaires qui, bien que fixes et sans grand pouvoir séparateur, permettent néanmoins de superposer de nombreux champs panoramiques.


      C'est peu de dire que l'araignée salticidae a une vision parfaite à 360 degrés. Elle intègre les perceptions vers le haut et est également sensibles aux animations qui proviennent du bas. Certains yeux donnent des angles de vue tandis que d'autres précisent les distances et évaluent les volumes. Les salticidae ont donc plus qu'une vision intégrale de leur environnement proche et plus lointain sans avoir à bouger la tête.


      Douées d'une vision idéale , les salticidae chassent à vue en s'approchant de leurs proies au plus près. Les araignées marchent, puis, à l'arrêt, sautent pour fondre sur leurs victimes. A la différence des araignées loups (lycosidae) qui peuvent sauter en pleine course, les salticidae bondissent, départ à l'arrêt. Et, fixé avant le saut, elles utilisent un fil de sécurité qui évite les erreurs d'appréciations des distances et les chutes éventuelles lorsque les supports bougent (comme par exemple de grandes herbes entraînées par le vent).












Vouloir raconter le fossile d'ambre nécessite parfois d'observer
le comportement des espèces homologues actuelles...
Les araignées salticidae vivent : 1) - cachées dans leur repère
puis, 2) - se déplacent dans les étages végétaux par des sauts.






C'est l'éthologie, c'est-à-dire l'étude du comportement des espèces contemporaines qui peut parfois, dans une
certaine mesure, permettre de comprendre les particularités des espèces homologues conservées dans l'ambre.




1) Ici, de petites expériences avec des leurres visuels sont proposées à une araignée
Salticus scenicus
, très curieuse, pour l'extraire de son repère...







2a) D'autres expériences, avec des leurres colorés en papier, présentés à cette autre araignée salticidae, permettent
d'étudier le comportement de saut et l'utilisation toujours astucieuse du fil de sécurité...



 



2b) Le comportement fossile de saut -en utilisant le fil de sécurité- est observable dans la scène d'ambre !


C'est en travaillant au plus précis possible les paramètres de la prise d'image des petites inclusions de l'ambre
que l'on peut révéler des détails fondamentaux qui expliquent les comportements fossiles. Piégée en phase de
saut, l'araignée salticidae maintient derrière sa patte postérieure gauche son fil de sécurité
(bien inutile face au piège que constitue la coulée de résine)...



Le comportement de l'araignée
salticidae conservé dans l'ambre.















 









      Avec cette vue si particulière, les salticidae de l'ambre, (piégées par les chutes de résine) sont essentiellement des spécimens isolés, en déplacement, ou, en attitude de chasse. Pour comprendre et analyser les positions taphonomiques de ces araignées dans l'ambre, il faut noter que les salticidae contemporaines ont des communications distinguées et également des parades rituelles dont l'essentiel est orchestré par le mouvement dansé des pattes antérieures. Ces gesticulations parfois spectaculaires, qui ressemblent à des danses, font également intervenir les pattes mâchoires souvent décorées. Ces démonstrations physiques (qui amènent d'ailleurs les mâles à courtiser leur propre image reflétée dans un miroir!) témoignent parfaitement du niveau complexe de relation que les salticidae ont avec leur entourage.


      Dans cette idée, (et c'est une hypothèse publiée dès 1995), il faudrait peut-être imaginer les couleurs dites de "camouflage" (sises au niveau des poils) comme de possibles capteurs sensoriels identiques, à ceux, par exemple, qui existent sur les élytres des scarabaeidae (hanneton) et dont la forme rappelle des petits grains de riz blanc écrasés. Les perceptions chimiques des arthropodes n'ont pas encore livré tous leurs secrets.


      Après ce rappel des comportements et des perceptions (sur les espèces contemporaines), il est utile maintenant de réviser les fossiles en découvrant, peut-être, des scènes ou des sujets qui seront plus explicites...




      Thephritidae et Salticidae une histoire de mensonge et d'intimidation...


      Aussitôt dit, aussitôt fait... Et, la découverte intéressante concerne les fossiles restés colorés. Identifier des fossiles restés colorés dans les lots fossiles destinés à l'industrie chimique, n'est pas qu'un simple plaisir de collectionneur. Les livrées originelles des inclusions permettent de discuter les comportements antiques et les coévolutions entre espèces.

      Certaines araignées salticidae actuelles évitent d'attraper des mouches aux ailes bariolées. Aussi bizarre que cela puisse paraître les araignées sont stoppées dans leur élan de chasse (comme bloquées) lorsque les diptères (aux tailles pourtant modestes) leur font face.
Les Mouches Thephritidae
, (confer image de fond de ce document) connues pour faire des galles dans les végétaux et les fruits, ont des couleurs indicatrices, non pas d'alertes, mais, mensongères, pour duper les espèces. Ces couleurs dites apatétiques permettent aux mouches Thephritidae de leurrer les salticidae lors de parades dansées très originales.
La défense de la mouche est basée sur l'intimidation, l'insecte déploie ses ailes à la perpendiculaire de son corps et expose dans le plan vertical, le plus nettement possible, dans des petits mouvements, les ornementations sombres qui, formées de taches en zigzag, imiteraient les pattes repliées d'une grande salticidae. Vierge de toute découverte, les nouvelles espèces Thephritidae colorées du matériel malgache et africain (Eric Geirnaert, juin 2002), sont du plus grand intérêt ! Etudiées avec les salticidae synchrones du biotope d'ambre elles permettent de discuter les associations forestières antiques. L'ambre nous livre alors les séquences liminaires de ces coévolutions, qui, abouties après le longues périodes, aujourd'hui nous surprennent...
Comment se fait-il qu'une pareille découverte, ne défraye pas d'avantage la communauté des paléo-entomologistes ? La réponse sort du cadre de ce dossier...





Comment duper une araignée ?


Le sujet est publié dans l'excellente revue Animal Public N°1 !


      Le comportement des mouches téphritides -aux ailes bariolées- qui intimident les araignées salticidae lors d'une parade dansée menaçante (ailes largement ouvertes) est connu. Ces mouches -dont certaines ressemblent effectivement aux araignées sauteuses par les marquages sombres de leurs ailes- adoptent les attitudes spécifiques des araignées dès qu'une représentante potentiellement dangereuse se présente. A l'approche du prédateur les mouches basculent leurs ailes vers l'avant dans le plan vertical, les animent, puis, pratiquent une danse d'intimidation qui reproduit la démarche d'une belle araignée salticidae qui indique ses signaux territoriaux. Les araignées ainsi dupées prennent les mouches pour des congénères rivaux. Les mouches peuvent s'avérer agressives comme les sepsis (sepsidae) qui précisons-le sont capables de faire reculer des fourmis. Si l'ornement sombre des ailes plus la danse d'intimidation forment ensembles le signal expressif, il semble que l'on puisse ajouter pour certaines espèces, le stimulus visuel des yeux.







      On constate dans la nature que les araignées salticidae actuelles évitent de chasser certaines mouches Thephritidae -aux ailes bariolées-, car ces dernières exploitent leurs ailes dans une défense tout à fait remarquable dont le but et est leurrer l'agresseur. La parade menaçante -de la mouche totalement inoffensive- dépasse la simple imitation. La mouche attaquée ou simplement observée par l'araignée déploie et anime ses ailes dans un plan vertical et les pivote face à l'araignée donnant un sens aux ornements sombres formés de taches en zigzag qui représentent les pattes d'un confrère araignée énorme... Découvrir des mouches Thephritidae de l'ambre dans des lots d'araignées fossiles est du plus grand intérêt ! Cette découverte exceptionnelle va être publiée dans le dossier animode, où, comment la mode vestimentaire animale a de quoi surprendre le naturaliste contemplatif qui questionne le merveilleux dans la nature.


Une mouche Thephritidae dupe les araignées.




Les araignées salticidae de l'ambre sont un dossier passionnant !





      Le monde des araignées, (de la strate d'ambre... ...au tiroir mal étiqueté).


      Examinées ensembles dans leur lot d'origine, puis, comparées par lots homogènes et homologues, (et, encore, à un niveau plus haut par gisements puis par époques), les araignées fossiles de l'ambre montrent qu'existe localement une certaine unité. Les araignées nichées dans un lot d'ambre racontent bien d'avantage que la morphologie des spécimens morts roulés sous les flots de la résine. L'étude transversale des araignées synchrones d'un même lot permet de voir que certaines populations peuvent fluctuer. Une variation restreinte du climat, une spécificité du couvert végétal, suffit parfois à produire le morcellement, l'isolement géographique ou la réunion de quelques espèces. Ces espèces sont directement ou indirectement liées aux facteurs climatiques par leurs exigences biologiques. Les araignées antiques de l'ambre (tropicales, par le jeu du piège de la résine) sont un bon indice des colonisations restreintes tributaires de la chaleur et de l'humidité. L'isolement de quelques araignées, même si elles restent largement distribuées à travers le monde, peut se matérialiser dans les populations fossiles par des comportements éventuellement expressifs.


      Dans la résine fossile de Madagascar, l'étude des araignées montre que quelques assortiments fossilifères originaires de la province de Sambava (région de Vohémar) ont des spécificités pour les salticidae. Or, contrairement à ce que l'on pourrait lire (et déduire) à partir de ces lots fossiles, ces araignées devaient être répandues de façon uniforme. Quelles sont les causes locales, et, y a t-il eu ségrégation (très régionale) en sous-ensembles isolés? Pour comprendre son sujet, Il est préférable d'étudier par soi-même des lots de bruts que d'examiner les pièces regroupées dans les collections institutionnelles qui reflètent surtout les goûts du conservateur. Pour appréhender et lire le biotope ancien de la forêt ambrifère, il faut compulser les araignées, décrypter les comportements (ce qui n'est jamais fait) et aussi ET SURTOUT conserver tous les micro indices (syninclusions) qui accompagnes les sujets. Malheureusement ces indices son ruinés lors du découpage des préparations en lames minces. Le monde de l'ambre, est certes accessible par l'étude des araignées, mais, d'avantage par celles du gisement (issues de lots bruts) plus que par celles numérotée dans les lames minces des tiroirs mal étiquetés des collections dont on a tout oublié. Le tiroir du laborantin de musée n'aura jamais la richesse intégrale de la strate fossile...

















La taphonomie des araignées
de l'ambre, (salticidae).





Surtout s'il s'agit d'une belle petite araignée salticidae, (animal toujours
expressif), la lecture d'un fossile de l'ambre ne doit pas se limiter
aux seules descriptions des morphologies du spécimen piégé.





Utilisons l'image de la coulée contemporaine de résine, ci-dessus, pour illustrer notre propos...
Animal souple, très sensible aux déformations plastiques, l'araignée, enregistre
mieux que les insectes scoriacés (comme les coléoptères raids et durs
par exemple), les dispositions taphonomiques...




      Surtout s'il s'agit d'une salticidae, la lecture du fossile ne doit pas se limiter aux seules morphologies du spécimen piégé. En mesurant les déformations plastiques de l'animal, en analysant le poids de la pesanteur, en considérant le mécanisme du piégeage qui fonctions toujours de l'intérieur vers l'extérieur, en prenant en compte les syninclusions, il est possible de recouvrer les positions originelles de la capture sur l'arbre antique. L'image affichée ci-dessous est une infographie (= un montage photo passé-présent) qui présente la position déformée et originale de l'araignée dans une dynamique qui l'a piégé. L'araignée a été piégée par le flanc gauche, tète vers le bas. L'abdomen est pivoté vers l'extérieur de l'arbre, coté droit sous le poids de la coulée de résine. Les mouvements de flux successifs de résine sont révélés par de fins fils de soie conservés dans le fossile d'ambre.




      De nombreux renseignements sur la dynamique des évènements peuvent ainsi restituer le scénario qui précède immédiatement le piégeage antique. Or, à ce jour malgré les milliers de fossiles décrits aucun auteur dans la bibliographie mondiale n'a tenté une approche paléo dynamique de l'engluement qui forcément est concordante avec le comportement des espèces. Ces recherches, qui sont faites pour les mammouths des glaces, (quels sont les derniers instants de la vie de l'animal) peuvent être faites pour les inclusions de l'ambre. Dans la résine fossile tous les indices sont conservés, pour autant qu'ils ne soient pas ruinés par l'opérateur routinier qui prépare sa lame mince. Pour bien appuyer la démonstration je souhaite attirer l'attention vers ce détail, apparemment insignifiant du fossile, la ligne blanche visible au niveau de la patte antérieure droite, c'est, oui, tout simplement le fil de sécurité de l'araignée. Répétons le, les détails infimes dans le fossile d'ambre sont précieux, d'où l'intérêt de travailler sa bonne méthode photographique. (Petite note rédigée à l'attention de M. JJM qui, depuis bien longtemps, dénigre ces approches "farfelues et inutiles" des fossiles).








      Au fil de l'ambre, la taphonomie d'une sauteuse...


      Pour compléter une étude paléo écologique des espèces antiques d'araignées, il est possible d'affirmer que certaines populations piégées affichent des relations spatiales (territoriales), et, de temps en temps, comportementales entre elles.


      Outre la seule description morphologique de l'holotype, il est loisible de discuter la biologie d'un spécimen (et par la suite des clades) à partir d'une lecture taphonomique des matières fossiles.
L'ambre, comme mémoire figée d'une substance initialement plastique, offre tous les critères souhaitables pour permettre une enquête taphonomique dont l'enjeu est d'exploiter dans les moindre détails (lorsque cela est possible) la position spatiale des indices entre eux. Bien évidemment il faut démontrer que les rapports entre les inclusions synchrones (syninclusions) ne sont pas des artefacts nés du processus de fossilisation qui dégrade les inclusions et leurs positions originelles. Cette analyse (du plus grand intérêt !) s'articule autour de deux processus physiques (1 et 2) et exploite (3) un critère biologique.

1
) En soumettant un ambre sous une lumière polarisée, on révèle les zones des tensions internes, exercées sur les inclusions lors de l'engluement. Les forces sont évidemment les plus accentuées aux zones situées sous les chutes verticales de résine et s'estompent avec l'éloignement du lieu d'impact. Les tensions internes sont faibles ou qui imperceptibles pour ces accumulations lentes et progressive (non mouvementé) de résine qui apparaissent dans les cavités creuses du tronc.
2) Une lumière monochromatique UV montre les couches successives diurnes de l'ambre insectifère et révèle alors la succession des dépôts dans un rapport chronologique très utile pour discuter le scénario du piégeage.
En résumé : La lumière polarisée restitue les forces originelles exercées dans les couches profondes de la résine. La lumière UV expose la chronologie des recouvrements et précise -par la courbure des coulées- les axes X et Y d'un repère par lequel on peut reposer l'échantillon fossile dans sa situation lors de sa genèse dans le site.
3) Le critère biologique pour lire la taphonomie des inclusions se situe aux antennes de l'animal. Pour évaluer la force incertaine exercée par la résine sur les dépouilles (et discuter les positions) il faut rechercher les appendices les moins robustes et les plus sensibles aux déformations plastiques du baume en mouvement avant sa fossilisation. Les antennes, déformées, dans une direction, sont toujours le témoignage fiable du sens d'écoulement de la résine. Si l'animal n'a pas d'antennes comme c'est le cas des araignées, on examinera la déformation des poils longs qui restituent pareillement les précieux indices de l'enquête taphonomique.


      Mis à part une présentation orale de ces recherches dans le cadre d'un concours scientifique (présenté par J Wagensberg et C.R.F. Brandao au premier congrès mondial des inclusions de l'ambre en 1998), la taphonomie des inclusions de l'ambre n'est jamais exploitée pour expliquer les scènes déchiffrables dans l'écrin de résine. D'où les nombreuses interprétations fausses dès lors que deux animalcules se rencontrent par le jeu du hasard dans une même épaisseur de résine et que les auteurs attestent d'une phorésie formidable. Rappelons l'exemple cette araignée salticidae balte 1,8 mm, (50 M.A.), pièce référencée s-y-1-117 dans la collection de l'université d'Oregon piégée avec un hémiptère coccinea (Koteja 2000) où l'auteur certifie la phorésie (contestée par Jörg Wunderlicht 2004). La taphonomie des araignées salticidae le démontre, les syninclusions ne sont pas des preuves de phorésie.


      Peu de chance que la taphonomie des salticidae fossiles devienne une "science" et fasse des adeptes. Le mot taphonomie qui vient du grec taphos (qui signifie tombeau) manque dans plusieurs dictionnaires. Le sujet d'examiner les attitudes des fossiles est pourtant l'un des plus intéressants auquel le collectionneur peu s'adonner sans matériel coûteux...
Concernant la taphonomie, on rappellera les (trop rares) travaux, 1992, de V. V. Zherikhin et I. D. Sukatsheva: "Taphonomy of inclusions in resin".








      Les salticidae évoluent dans l'indifférence des problématiques humaines !


      Le chrono cladogramme (organisation temporelle des clades, ou, également arbre phylogénétique des espèces) des salticidae qui est pensé en quatre espèces, est élaboré à partir des variations morphologiques observées avec cependant une inconnue sur l'allure du progénote commun au groupe (70M.A.) On a remarqué que l'évolution des lignées, au cours du temps, se traduisait par des transformations morphologiques et des spécialisations d'organes. Et, ces transformations se produisent dans des directions particulières que l'on appelle des orthogenèses. Pour certaines araignées salticidae, des yeux diminuent de taille et tendent à disparaître. Pour d'autres salticidae ce sont les dents des chélicères qui se développent (ou régressent) sans doute en fonction de leur fonctionnement...


      Les ancêtres des araignées sauteuses appartiennent (pour l'instant) aux holotypes baltes (40-50 M.A.) de la sous-famille des cocalodinae. La tendance évolutive de cette sous famille serait une spécialisation visuelle des yeux médians antérieurs qui accompagnerait une diminution du comportement de saut et la naissance d'une prédation croissante des araignées. La sous-famille des lyssomaninae serait corrélée à un allongement progressif et significatif des chélicères, larges et robustes. Les deux autres sous-familles europhrydinae et salticinae regrouperaient les spécimens plus "spécialisés" (incorrectement évolués) avec une disparition progressive des yeux médians (minuscules) ainsi que du nombre des dents des chélicères.


      En examinant les collections de Londres, Cambridge, Yale, New York, Harvard, Copenhague et Berlin, Alexander Petrunkevitch a révisé la classification imparfaite des araignées sauteuses de Simon. A.P. a proposé (1958) la superfamille des Salticoidea qui regroupe les familles des salticidae et des lissomanidae où les spécimens se distinguent selon l'organisation des yeux regroupés en trois ou quatre rangs. Les salticidae, dont les yeux sont réunis en trois rangs (4, 2, 2, de l'avant vers l'arrière), sont bien référencées dans l'ambre. Les salticidae contemporaines, (selon la classification d'A. P.), sont divisées en 22 sous familles, dont 3, (qui se distinguent par le nombre de dents des chélicères), ont des références dans le registre des fossiles. 1) les heliophaninae ont une simple dent, 2) les gorgopsininae -sous famille éteinte- n'ont pas de dents, 3) les boethinae ont plusieurs dents.
La classification (d'A. P. ou d'un autre auteur) nécessite la reconnaissance -exclusivement chez les adultes- de détails souvent difficiles à distinguer sur les inclusions de l'ambre. Et, la phylogénie générale des araignées n'est pas achevée, surtout avec les ambres crétacés, où, par exemple, les 33 spécimens adultes et juvéniles des ambres du New Jersey sont encore indéterminés (David Grimaldi, 2000).


      La synonymie des noms hiérarchiques (à tous les niveaux) par pays, par auteur, et ensuite par époque rend difficile, voire pénible, la lecture des travaux descriptifs... Travaux où chacun selon ses vues accorde une importance à tel ou tel critère induisant des transformations discutées à la nomenclature jamais arrêtées... des araignées qui évoluent dans l'indifférence la plus totale des problématiques humaines. Exemple de synonymie: synemosyninae = myrmarachninae.
Ne nous y trompons pas, les travaux anciens sont parfois si discutables (perfectibles et/ou approximatifs), lorsque les échantillons originaux ne sont pas perdus (A.P. 1958), que les spécialistes du groupe, (ici Alexander Petrunkevitch en personne) se demande si ses descriptions (1942) ne correspondent pas aux séries des mêmes familles examinées par Koch et Menge !












      Les salticidae toujours plus curieuses que timorées !

      Ubiquistes, répandues dans le monde entier et dans tous les biotopes, les araignées affectionnent généralement les lieux sombres et humides. Rien d'étonnant alors à retrouver ces animaux dans l'inventaire de la faune des forêts productrices d'ambre. Cependant, le mode de vie des araignées (par espèce) détermine la fréquence d'apparition des spécimens (en nombre d'individus) parmi l'inventaire des acteurs qui tombent au piège spécifique de la résine. Ainsi, les araignées frondicoles sont moins représentées que les espèces de la végétation basse. De même, les groupes d'araignées nocturnes, qui se cachent le jour dans des loges de soie à l'abri sous des détritus, évitent dans une certaine mesure le piège diurne de la résine qui fonctionnait, sans doute, par temps chaud. Guetteurs discrets postés à l'entrée d'un repère, témoins toujours attentifs aux quatre coins de la souche de l'arbre producteur d'ambre, sujets parfois nichés dans les petites anfractuosités de l'écorce, les salticidae ont des comportements espiègles qui favorisent leurs captures aux chutes hasardeuses de la résine.
Une révision de l'espèce (salticidae) est véritablement intéressante, le sujet est en préparation pour PECKHAMIA.



















Le dossier PDF à lire pour en savoir un
peu plus sur la soie des araignées !






      Aussi loin que les soies peuvent porter, les araignées ont voyagé "au fil du vent".

      C'est du moins le constat que l'on peut tenir après avoir examiné les indices ténus qui accompagnent les araignées dans leurs tombes dorées. Outre la morphologie des araignées, (toujours dessinée), il faut aussi examiner les signes infimes et les indices fragiles qui accompagnent les arthropodes dans la pierre d'ambre brute (non découpée).




Voici une photographie difficile à réaliser de ces petits indices qui malheureusement disparaissent
lorsque les ambres sont découpés en lames minces pour se rapprocher au plus des
inclusions à décrire... Les toiles d'araignées antiques étaient pourvues de colle.
Le fin fil de soie est ici étiré par le mouvement de la résine et
restitue parfaitement la dynamique du piégeage.





      Le fin fil de soie, présent dans l'ambre limpide, surtout sensible aux déformations des coulées de la résine, renseigne beaucoup sur la taphonomie des fossiles. Encore faut-il savoir examiner l'ambre, et, également savoir réaliser l'image... Il est certain qu'un ambre monté en lame mince, n'est pas le meilleur support pour conserver dans son volume intégral une toile d'araignée, (dont la difficulté sera ensuite d'affirmer l'existence, ce que ne permet pas un éclairage en simple contraste arrière). Voici dans un dossier pdf, un complément de lecture concernant le fil de soie fossile des araignées.





 
Parmi les belles inclusions d'araignées, voici
quelques inclusions
rares...





 






                      A LIRE : le dossier pdf relatif
                     aux
araignées de l'ambre



Le site Internet Ambre.jaune dispose d'une solide photothèque professionnelle
pour étudier les araignées fossiles de l'ambre.


Le site Internet Ambre.jaune reste ouvert à toutes les collabarations gracieuses
pour des publications ambres ou des iconographies à la demande...







Amber Spider for Eternity
Museum quality fossils Spiders in Amber
On this picture you can see superb and

unique fossil amber by Eric GEIRNAERT.












































 
Le piège contemporain des résines (avec un exercice de taphonomie consacré sur une araignée)
est étudié en détail dans la photohèque Insectes Art et Images.

 




































































































David Hill :

Dear Eric,
I recently found your interesting presentation ('Au fil de l'ambre, ... le piège qui coule de soie.') on the Internet.
Do you have more information on the illustrations of salticid spiders (formation, age, locale)?
We are presently working on a review paper on the subject of fossil jumping spiders (Salticidae), and could also use any photographs that you might make available for this purpose.
This will be published on-line in PECKHAMIA.
With regards,

Dr. David E. Hill
213 Wild Horse Creek Drive
Simpsonville, South Carolina 29680, USA




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Contact E-mail Auteur : eric.ambre.jaune@hotmail.fr









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(*) Pour éviter que ce dossier soit aspiré dans des sites peu scrupuleux, (et ils existent) plusieurs erreurs
volontaires importantes ont été intentionnellement dissimulées dans la rédaction. Le repérage de ces
erreurs permettra alors de suivre les pirates... Les personnes qui souhaiteraient la rédaction
(vierge d'erreur) pourront l'obtenir à l'adresse: eric.ambre.jaune@hotmail.fr

Bon, dit autrement : pour éviter que l'on aspire mes rédactions, j'ai inséré volontairement des "coquilles"
(= des erreurs volontaires cachées sur des notions pointues).
Si ces erreurs réapparaissent dans des documents publiés, alors c'est que les auteurs
(fraudeurs ?) ont copié mon travail sans autorisation.
Donc prudence, les dossiers du Site Ambre.jaune sont techniquement protégés...