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Dans cette page, regroupons un pêle-mêle
d'inclusions intéressantes de l'ambre...
Puis quelques exercices consacrés
à la taphonomie et l'étude
des traces étranges...










Ressemblant à un grillon, l'Hemimerus (ci-dessus) est un forficule aptère. Mais cette
portion montrant ici cinq "plaques" rigides (comme des sclérites) est-elle
l'abdomen d'un insecte ou plutôt une portion végétale (d'un fruit) ?













































































La taphonomie de l'ambre.

La taphonomie de l'ambre (la lecture des conditions d'enfouissements
des différents éléments) est sans doute l'exercice le plus riche
d'enseignements pour qui examine les échantillons...

















      Lorsque l'on explore l'ambre, lorsque l'on regarde l'intérieur d'une gemme, il faut immédiatement et de façon réflexe vouloir transposer les traces repéres en effets réels dans un paysage 3D. L'exemple de la pince noire ci-dessus est explicite... Les écrasements par exemple doivent faire comprendre que la résine à cet instant précis était immobile ou bloquée... Ou, autre cas, le fluage doit déjà être transposé en forces de déplacements selon l'axe vertical de la pesanteur, (lequel permet de replacer l'ambre en situation côté intérieur vers l'arbre et inversement) etc... Les traces lues (car présentes dans une gemme) doivent devenir aussi expressives que les mots d'une phrase... Et, de là il est alors possible de raconter la mémoire d'un écrin contenant une ou plusieurs inclusions. Par contre il faut aussi comprendre que les choses ne sont pas figées et/ou linéaires et que les traces fonctionnent aussi par effets croisés... Un écrasement peut déclencher un mouvement réflexe d'un insecte collé vivant (l'insecte tente un geste pour se dégager), qui modifie par effet retour la marque d'un premier écrasement. Un écrasement peut aussi causer un étirement anormal du fluage et même une rupture sans retour... Un écrasement d'un objet sec, solide, n'a pas tellement d'effets. Par contre un fluide comprimé dans la résine peut développer une ligne de cisaillement... Tout cela pour dire que les mécanismes sont interconnectés (et complémentaires). Et que les traces s'emboîtent les unes dans les autres pour donner des effets combinés... Lires ces combinaisons et restituer leur sens et leur expression est l'essence même de la lecture taphonomique. La lecture taphonomique de l'ambre ne nécessite aucun appareillage laborantin coûteux. L'exercice impose d'avoir de l'attention et de la logique, ni plus ni moins. DONNONS CI-DESSOUS UN EXEMPLE OU C'EST LA LECTURE TAPHONOMIQUE des traces qui donne l'expertise d'inclusions mal interprétées par les chercheurs...













Présentons trois exercices
de taphonomie de l'ambre..


Exercice de taphonomie 1









La valeur d'un fossile d'ambre est souvent celle de l'histoire que l'on peut décrypter sur l'interprétation logique des traces mémoires associées aux inclusions... Lire les vestiges qui entourent les inclusions de l'ambre permet de mesurer la richesse parfois insoupçonnée de certaines pièces parmi les plus banales...


Donnons un exemple avec cette perle d'ambre balte
contenant un grillon, (ci contre), puis passons à
l'exemple d'une araignée, ci-dessous...






Exercice de taphonomie 2



Voici maintenant ci-dessous l'image d'une petite araignée
piégée dans l'ambre... Que peut bien raconter ce fossile ?









      Présentés en galeries d'images (sans le moindre commentaire des traces contenues dans les gemmes) les fossiles d'ambre proposés à la vente sur le web sont assez répétitifs et l'itération ne change que par le prix affiché par le vendeur (qui ignore parfois la valeur intrinsèque de ses échantillons).
Tout change radicalement, dès que l'on se met en tête d'explorer la logique des traces associées aux inclusions. En regardant les traces, le moindre fossile banal peut devenir alors une merveille sans prix !!! Dans ce fossile, ci dessus, que voyons nous ??? Faut-il voir un machin sombre, peu reconnaissable qui ne raconte pas grand choses ?... Non, si l'image est affichée dans cette page en fin de rubrique, le sujet est sans doute assez original.... Bon, ok, entendu... Que faut-il alors regarder pour comprendre le fossile ? Existe-t-il une méthode pour décrypter les fossiles de l'ambre et tirer avantage de la signification des traces dans une exploration taphonomiques des indices ?

      Plutôt que de raconter des théories abstraites, voyons le sujet sous forme d'exercice avec Cyril, un "élève" volontaire (propriétaire du joli lombric crétacé présenté ici et de la pièce muséale contenant 150 fourmis étudiée là) qui se prête au jeu du "candide" pour éprouver le sujet... Le fossile présenté ci-dessus est un cas d'école, une "merveille" pour construire un exercice d'apprentissage et d'expertise des fossiles de l'ambre...









      Lire un rapport rédigé de taphonomie est une chose assez simple, par contre, souhaiter pratiquer l'exploration (seul) pour aller fouiller les lois de la nature et découvrir les nouvelles frontières limites et les détails infimes est un exercice plutôt ardu qui nécessite une implication entière et pleine... Et l'exploration doit être préméditée par quelques méthodes : A, B, C, D...

      Prenons une comparaison. Si vous souhaitez jouer au aux échecs, il faut connaître les règles du déplacement des pièces sur l'échiquier plan (2D). Par contre déplacer les pièces n'est pas l'essence du jeu où l'on peut orienter sa stratégie vers l'attaque, la défense, l'échange de pièces pour jouer la partie contre l'adversaire le plus redoutable... Le jeu d'échec (qui est presque un sport) se joue bien au delà du déplacement mécanique des pièces. Et, la taphonomie est assez comparable en difficulté. La taphonomie de l'ambre se pratique dans un environnement minuscule et obscure où c'est vous qui devez inventer vos recherches logiques en 3D. Personne ne vous dira ce que vous devrez faire pour explorer cette pièce plutôt que telle autre...

      La lecture taphonomique est d'une logique imparable. Ce qui est dit peut être démontré pas à pas. Ce qui semble être un petit amusement intellectuel gratuit de trituration des neurones est à l'inverse un outil redoutable d'efficacité qui permet de démontrer que certains spécialistes racontent de grosses bêtises avec des théories. Donnons l'exemple du conservateur du Musée de Londres, Monsieur Andrew Ross, qui nous raconte ses bulles de l'ambre... La taphonomie (de l'ambre) n'a donc rien du jeu enfantin, inutile et stérile. C'est au contraire un outil exploratoire extrêmement riche d'enseignements nombreux. Et le processus d'intégration des indices (et des traces expressives expliquées ici en détail ) doit être un mécanisme cognitif personnel. Les choses se vivent et se construisent d'elles mêmes dans l'ambre, vous devez associer et emboîter les éléments logiques vous-même.



      A) Quel peut-être le point d'entrée de la lecture taphonomique du fossile ? Plutôt que de lire tous les indices du fossile au hasard, Il faut rechercher un point d'entrée à l'exploration de la pièce d'ambre... Il faut identifier et exploiter l'indice contenu dans la pierre par lequel on peut tirer le scénario de la pièce d'ambre, (= extraire le déroulement de la scène), comme l'on tire sur une ficelle... Les indices sont là nombreux mais, certains sont plus essentiels (fondamentaux) que les autres, pour tirer la trame logique des évènements.

      B) Pourquoi / comment considérer la teinte des coulées ? Par le jeu du recouvrement des coulées successives diurnes (surtout pour le copal) les teintes les plus foncées correspondent le plus souvent aux premières émissions de résines (donc les plus anciennes) qui, peuvent avoir été exposées plus longtemps à l'air et la lumière (dont les effets est désassombrir les matrices). Pour tenir une chronologie dans le déroulement des évènements survenu lors du piégeage il faut rattacher les teintes foncées aux premiers évènements puis relier les teintes plus claires aux sujets plus récents L'axe du temps : passé - présents de construit donc dans une certaine mesure sur la teinte des sécrétions.

      C) Pourquoi considérer les courbes ? Modelée par la force de gravité, la sécrétion plastique à fluide prend toujours des conformations où le cintre des coulées permet de retrouver l'axe de la pesanteur. En positionnant le concave vers le bas on retrouve ainsi l'axe de verticalité qui permet de replacer l'ambre en position originelle dans le scénario du piégeage.

      D) L'aspect multi-épaisseur existe toujours dans un fossile d'ambre. Par le jeu des recouvrements successifs, les indices les plus profonds sont généralement plus anciens que ceux conservées à proximité des surfaces ou en périphérie des niveaux extérieurs. Mais ce principe doit être évidemment adapté à chaque fossile car le déversement de résine sur un support plan (horizontal et fixe) n'est pas multidirectionnel et la chronologie des couches doit tenir compte du mode de déversement des coulées. Le mode de déversement des coulées est expliqué par la forme et la puissance des coulées, la nature et la position respective des inclusions et également par le gradient de couleur qui détermine les imprégnations et donc l'axe intérieur et extérieur des épaisseurs.





      Le décryptage logique de la lecture taphonomique de l'ambre consiste à imbriquer des choses disparates et donner une cohérence à des notions de couleurs confrontées à des courbes en évaluant les déformations avérées par le jeu du fluage... Pour lancer le pauvre Cyril dans le bain, je propose ici une image en haute résolution (8,3 Mo) de l'inclusion à partir de laquelle on peut rechercher les détails...





      Cher Cyril, je vous laisse regarder l'image sans explication. Je vous lisse explorer la photographie SANS aucun commentaire... Je ne pose PAS de question pour le moment. CAR la rédaction des questions VA orienter votre œil... Vous ne pouvez pas me poser de question (pour le moment). Dans un premier temps je vous demande 5 impressions (5 réflexions). Puis, ensuite, viendra la suite (= humour)... Je ne peux pas vous en dire plus... Car je veux que vous appréhendiez vous-même le sujet. Si je vous donne la chronologie de la méthode je vais influencer votre processus de réflexion... Je vous laisse explorer le fossile en haute résolution et je vous demande 5 impressions... La pièce est ce qu'elle est, et, c'est à vous de "renifler", "farfouiller", là où vous croyez les indices utiles pour découvrir des choses... Je suis impatient de lire vos réflexions...
Cordialement, Eric G.




Bonjour Monsieur Geirnaert.
J'ai appliqué une grille sur l'image pour discuter des détails.
1- Compte tenu de l'absence de halo de dégazage autour de l'animal; l'araignée, (je sais que le halo autour des araignées à la peau plutôt mole est plus marqué que chez les insectes à la cuticule scoriacée dure), pourrait-il s'agir ici de copal plutôt que d'ambre ? Les photos ne rendent pas toujours honneur aux teintes originales d'une pièce...
2 - Si la pièce n'est pas visible dans son intégralité, deux indices me permettent de supposer qu'elle est positionnée "à l'endroit". En effet la forme de la bulle en B3, ovoïde avec sa pointe dirigée vers le bas me donne sans doute l'axe de la verticalité. Et l'arachnide a une position dont je sais qu'elles sont le souvent capturées le regard vers le haut, (vers l'extérieur) là d'où vient le plus souvent le danger...
3 - La pièce contient évidemment une araignée (un genre de mygale ?) saisie en action de chasse (il me semble voir en D2 un insecte pris entre ses pédipalpes)...
4 - L'araignée se trouve sur ce qui pourrait ressembler à un tunnel de soie, peut-être une toile "en nappe" ou "en entonnoir" dont on devine l'épaisseur en D2 (vers l'extérieur).
5 - L'idée de la toile est renforcée par les nombreuses impuretés collées et très visibles en relief en E3. Par ailleurs, je ne comprends pas l'espèce de "tunnel" ou de coulée entre la case A3 et l'abdomen de l'animal en C3. L'animal a-t-il rampé ? S'agit-il d'un "faux pli" dans la toile ? D'un écoulement depuis l'abdomen qui semble déformé ?






      Bonjour Cyril.

      Je vais essayer vous faire réagir... Je vais vous dérouter un peu pour vous faire réfléchir autrement car l'exercice est mal engagé... Pour l'instant vous avez appliqué une grille, un quadrillage sur l'image. Ok... entendu. Oui. Pourquoi pas... Mais le maillage est quand même trop large pour repérer précisément tous les détails (significatifs). Donc, en l'état, il faudra au moins affiner la grille si l'on conserve cette option pour explorer la scène d'ambre... Et, déjà une remarque... Le fait de quadriller le décor vous oriente déjà vers une mauvaise méthode... Attention, la grille (2D) n'est pas mauvaise mais elle n'aide pas forcément à conceptualiser l'histoire en 3D (au contraire). Vous allez comprendre... Bon voyons la chose autrement...
Tout le monde peut tenir un ambre en main. C'est facile. C'est léger, c'est petit... Mais, pour lire (pas à pas) le contenu d'un échantillon, pour aller chercher l'histoire entière cachée dans la pièce, il faut appréhender l'objet d'une certaine façon... Plusieurs approches sont possibles.
On peut regarder de loin l'ensemble général, la concordance, la logique des choses... Ou, autre méthode, on peut préférer rentrer immédiatement dans le vif du détail et fouiller le fragment dans TOUS les recoins... Mais, ceci fait... Que faut-il faire ensuite pour passer à la séquence suivante ??? CAR il doit bien y avoir une séquence suivante ??? Comment faut-il poursuivre la méthode d'exploration pour dénicher la séquence chronologique des évènements (successifs) contenus dans l'ambre ? Et, d'ailleurs y a t-il seulement une séquence à lire ? Y a t-il un scénario à trouver ou est-ce un état figé statique, fixe sans histoire ??? Appliquer une grille sur le panorama peut nous aider à localiser des choses. Mais localiser n'est pas expliquer... Donc, tout cela pour dire que l'on localisera les choses (éventuelles) que si et seulement elles ont un intérêt dans une histoire logique qui reste à inventer...

----------- Petit aparté -----------
Pour vous montrer que vous êtes sans doute assez loin d'un scénario final (complet), je vous propose de mettre maintenant, sur papier, votre histoire en l'état, telle que vous l'avez à l'esprit... Et, en fin d'exercice, en ressortant ce papier, vous pourrez apprécier le chemin parcouru...
---------- Fin de l'aparté ---------

      Revenons à nous moutons...

      Dans un premier temps, je vous demandais 5 impressions (5 réflexions) générales, mais vous avez plongé dans la narration de quelques éléments (détails) situés dans les cases de votre grille... Ok, très bien... Si vous continuez dans ce sens, qu'attendez-vous ? Qu'allez-vous faire ? L'inventaire listé des détails, case à case, va t-il vous donner l'exégèse générale ? J'en doute... Un détail particulier va t-il TOUT vous révéler comme (la clef magique qui va ouvrir la porte d'une chambre secrète) ??? Bon, voyons la chose encore autrement... Je vais prendre un exemple imagé pour vous faire comprendre la méthode.
Prenons comme hypothèse d'école que vous ayez comme passion le vol en ULM. Et, justement vous venez de survoler le village voisin quant à votre atterrissage un policier vous interpelle : "Ah c'est vous le pilote de l'ULM ?" Vous répondez par l'affirmative et demandez :" que se passe t-il ?" Pas de réponse... (Je donne ce détail, car l'ambre NE REPOND a aucune question !) Et le policier de poursuivre : "Vous avez survolé le village, quelles sont vos impressions ?" (Le village est évidemment l'allégorie de la pièce d'ambre). Vous pouvez répondre qu'à cette hauteur on ne voit pas grand chose. MAIS on peut vous rétorquer que les pieds sur terre, mêlé à la foule on ne voit rien car, justement, on est mêlé à la foule ! Et le policier de reprendre : QUELLES SONT VOS IMPRESSIONS ?
Heu... Le policier voyant que vous ne comprenez pas, vous commente d'avantage le concept. De là haut, avez-vous vue des fumées ??? Si oui, il y avait alors du feu... Et, si c'est le cas, l'odeur? L'odeur de la merguez suppose que c'est un barbecue (c'est donc une kermesse), l'odeur du pneu brulé (indique d'avantage que c'est une manifestation plus musclée). De là, alors, on peut expliquer et corréler le déplacement de la foule à un fait qui peut devenir le point d'entrée à l'histoire... Y avait-il du bruit ? Si c'est de la musique: c'est donc un concert (et on peut comprendre le mouvement de la foule comme une danse)... Si ce sont des cris, des sifflets et des slogans: c'est une manifestation, et le mouvement de la foule peut correspondre à une charge en direction d'une autorité... De là haut, en ULM on peut aussi apprécier la topographie du terrain. Et si c'est un sol très pentu on peut aussi voir si c'est un glissement de terrain qui explique alors le déplacement de la foule...

Donc, pour cela pour dire qu'en ULM les impressions du pilote peuvent donner l'essentiel de la vue d'ensemble qui permet ensuite de mener l'enquête de terrain pour trouver le point d'entrée. Evidemment, dans l'ambre, il n'est pas question d'odeur ou de bruit. Il n'y a pas non plus de policier pour vous suggérer les bonnes lectures à faire... MAIS l'observation peut se faire d'en haut... ou dans la "grande largeur"...
Car il faut trouver un point d'entée à la scène... Pour l'instant TOUTES les explications, d'un quelconque pinaillage sur des détails (sortis de la grille) ne servent pas à grand chose...


      Tient, arrêtons nous dix secondes. Imaginons que je vous dis que c'est un faux, (l'ambre est un gros FAKE!) C'est un FAKE fabriqué par un fraudeur, et, vous êtes alors déjà enchevêtré dans le pinaillage d'expertise de détails. DONC, avant de prendre un détail, puis, un autre, il faut ressentir une impression générale, il faut "lire" d'en HAUT pour reprendre l'image de l'ULM.
C'est comme l'analyse d'un tableau de maître... Pour lire le tableau on peut se rapprocher pour décrypter la technique de pose de la peinture (à la spatule ou au pinceau). Mais, en reculant, on peut aussi apprécier la technique des éclairages (une seule source de lumière ou plusieurs et pourquoi) et la méthode d'utilisation des perspectives d'où alors la propension exagérée (volontaire ?) d'agrandir un détail particulier pour souligner le sens réel d'un message... Dans la scène d'ambre il y a des perspectives, il y a des déformations et des mouvements stoppés et même une "topographie" logique... Donc il y a matière suffisante pour avoir des impressions. Des impressions générales par rapport à l'image peuvent être comme suit :
1) Oh, à première vue, mon impression est que cet objet n'est pas un Fake.
2) La photographie rapporte la vue d'un acteur qui me semble être une araignée.
3) Bon, c'est sans doute une oléorésine indurée (d'ailleurs assez bien conservée).
4) La scène photographiée selon moi ne doit dépasser 4cm.
5) L'objet semble plus compliqué qu'il n'y paraît... Il y a plus de courbes que de lignes droites sur ce petit volume suggérant quelque chose que je ne m'explique pas encore complètement dans les mouvements.

DONC voilà 5 impressions générales que l'on peut avoir en regardant le fossile... Et, à ce stade, il n'y a pas besoin d'avoir recours à une grille. Je n'ai regardé aucun détail... Je reste sur mes sensations (globales et générales).



Bon, sinon, arrivé à ce stade, je vous propose trois corrections à vos précédentes remarques. 1 - "L'idée de la toile est renforcée par les nombreuses impuretés collées et très visibles en relief en E3." En E3 l'ambre est plutôt limpide, translucide et pur. Il n'y a pas d'impureté organique (petites saletés; portions d'écorces végétales, débris de bois). On peut voir en E3 un fluage (c'est le mouvement de la résine) qui n'est pas fait de soie. Le mouvement visible est celui d'une onde de coulée, rien de plus. 2 - "en D2 un insecte pris entre ses pédipalpes". Non, l'araignée n'a rien dans ses pattes antérieures. Ses pattes sont repliées, ni plus ni moins. Il n'y a pas de proie saisie dans ses pédipalpes. 3 - "Compte tenu de l'absence de halo de dégazage"... En quoi l'absence du halo ou sa présence éventuelle modifie ou oriente le scénario ? Supposons que c'est un ambre, OK alors qu'en est-il de l'histoire ? Supposons que c'est un copal, OK alors qu'en est-il de l'histoire ? En fait, il ne faut exploiter que des détails qui peuvent étayer la démonstration logique des évènements survenus lors du piégeage. Le halo (présent ou pas) n'explique ici pas grand chose...



      Cher Cyril,

      Pour poursuivre l'exercice... je vous propose de réfléchir sur la force de la pesanteur. La notion centrale du sujet.
Pour discuter de la position des éléments situés dans l'image, on peut imaginer se représenter les axes : x, y et z dans un espace 3D. Si les trois axes sont donnés, la pièce d'ambre peut avoir bougé dans ce repère. Et, étant dit que la force de la pesanteur est toujours verticale, (dirigée vers les bas), on peut déduire les mouvements originels de la pièce de résine par la courbe des coulées que l'on peut replacer vers le bas. De là, alors, on peut réfléchir sur la cohérence des évènements survenus à l'origine du piégeage. Et, sans autre indication que ce que je viens de dire, je vous propose d'examiner neuf éléments (voir ci-dessous) extraits de la photographie en haute résolution...
A ce stade de l'analyse, cher Cyril, pourriez-vous trouver un point d'entrée à l'histoire ? Imaginons que vous ayez maintenant les 5 impressions (bien réelles) sur l'ambre... Quel pourrait être le point d'entrée de la lecture taphonomique ?







Cher Éric,
Oui, Je regarde le fossile sous tous les angles... J'examine l'ambre dans son ensemble et également par la liste de ses détails... Et je reste surtout devant notre araignée comme une poule devant un couteau ! Quant à l'exégèse,... Vaste interrogation... Si vous espérez de moi que je me hasarde à l'exercice fascinant d'explication auquel vous vous êtes livré avec l'essaim de fourmis volantes et la belle journée durant laquelle elles ont été piégées près de cette grosse souche de bois située près d'un socle de pierre incliné à 20° recevant la résine, je crains d'être surtout caricatural, tant les hypothèses sont osées et surtout peu étayées.
Vous m'invitez à prendre de la hauteur pour regarder la scène et j'ai un peu de mal à n'en point trop prendre. J'ai un peu perdu les sons de la "kermesse" (ou de la manifestation que vous évoquiez)... Comment relier les 9 mentions que vous présentez ? Cette araignée… A-t-elle été prise dans une coulée alors qu'elle était le long du tronc de l'arbre ? Et alors, "c'est un peu court jeune homme" ! Vous pourriez m'en dire tant quant à vous.
En fait, j'ai l'impression d'être devant la mer avec une petite cuillère et qu'on me dise : "Vas-y ! Fais-toi plaisir ! Certes... Mais comment ? Je bois l'eau ? Je vide la mer ? J'ouvre une huitre ? Vaste programme... Et c'est assez frustrant de ne pas comprendre dans quel sens tourner la clé, ni même savoir si c'est bien la clé que l'on a à la main ! Pardon d'être aussi "figé" sur l'exercice mais, je n'avance pas dans le déroulement d'un scénario... Je vois bien la pièce d'ambre (les différents éléments présentés) mais la scène est plane, ... et, figée.... Je n'ai aucun déroulement logique à ce stade, pas plus qu'un point d'entrée...
Très cordialement. Cyril




Bonjour, Éric,
Je regarde à nouveau le fossile... J'ai examiné ce que vous avez pointé en numéro 6 à savoir l'abdomen de l'araignée. Il y a effectivement un phénomène perceptible, comme si l'animal avait été pris à rebrousse-poil. Des poils assez longs au niveau supérieur semblent avoir été pris à revers. Par contre ce détail n'éclaire pas vraiment un scénario clair et logique d'une quelconque histoire. Je ne parviens pas à visualiser les évènements théoriques qui permettraient d'expliquer un piégeage inversé et retardé de l'abdomen, (d'abord dans le sens du poil puis à revers, sauf si l'araignée n'a pas été complètement recouverte à la première coulée, puis que la pièce est tombée et que la seconde coulée s'est faite dans l'autre sens, emportant les poils restant dans un sens opposé)... Bref, cela me semble tiré par… les poils ! C'est comme si cet abdomen "baladeur" rentrait et sortait de la résine...
Au plaisir, Cyril



Exercie de taphonomie...
Vers une lecture détaillée de la scène...




      Cher Cyril, examinons le fossile...

      Comme expliqué dans le commentaire de la pièce d'ambre contenant l'essaim des fourmis ailées, ce sont surtout les amas de gluau déposés en flaques au sol (lors de chutes verticales de résine sur un support plan horizontal et donc immobile) qui permettent d'avoir des situations les plus faciles à lire, car, non dénaturées par le fluage qui roule les inclusions et dénature les expressions... Ici le fossile d'ambre examiné n'est pas le résultat d'une flaque de résine née au sol...


Précédons par étape...


      Dans l'introduction de l'exercice, avec le critère B, je préconise de regarder assez vite la teinte des coulées... Ici le fossile d'ambre montre deux teintes très distinctes... (Voir ci contre). La différence de teinte démontre l'aspect multi-épaisseur qui est matérialisé par des coulées superposées par recouvrements périphériques. En considérant le critère des courbes (pour replacer les formes concaves vers le bas), on peut déduire que la pièce d'ambre est ici le résultat d'un déversement de résine sous forme de stalactite....



      A ce stade, la lecture du fossile peut alors se poursuivre en tournant la photographie de 90° sur la gauche pour retrouver la position verticale de la stalactite... Ceci fait, l'araignée est cette fois orientée sur l'axe Y, le regard orienté vers le haut...



      Mais la lecture attentive des coulées interne, démontre que la rotation de la pièce n'est peut-être pas suffisante. En effet, le détail de l'image 5 révèle une coulée qui décroche du support plus profond suggérant qu'il faut peut-être tourner cette fois la pièce vers la gauche d'environ 30°... Et désormais l'araignée a cette fois une nouvelle position d'avantage basculée. La logique du cintre des coulées diurnes qui se déversent ici en stalactite simple (par recouvrements réguliers) démontre que le support de base est animé avec une rotation orientée vers la gauche.



      L'idée est assez simple, au fur et à mesure que l'on examine les coulées de résines des niveaux les plus profonds vers les niveaux périfériques (= l'extérieur), on peut déduire le mouvement général de l'ensemble selon le déroulement du temps... La chronologie des évènements (pour les pièces d'ambres nées sous forme de stalactites) est donc enregistrée dans la séquence des indices situés profonds vers ceux situés en périphérie. Et, ce n'est pas tout ! Des marques complémentaires permettent également d'apprécier le temps stoppé dans la séquence du piégeage !!! Aussi incroyable que cela puisse paraître, on peut évaluer les ruptures des séquences...
La marque 3 (par exemple) qui correspond à des dessiccations nettes de surface (d'une résine laissée au contact atmosphérique plusieurs jours), démontre que la coulée profonde contenant l'araignée est restée immobile sans autre évènement plusieurs jours au soleil avant le recouvrement secondaire, lequel, est initié dans une rotation vers la gauche en plusieurs étapes...



      A ce stade, la résine étant positionnée correctement sur l'arbre, on peut examiner les inclusions les plus périphériques... Et, les traces "souillées" du détail numéro 2 sont des fils de soie chargés des petits dépôts végétaux... Les traces 2 et 3 se ressemblent beaucoup, certes... Mais les premières qui correspondent à un reliquat de la toile d'araignée (en nappe) n'ont rien à voir avec les secondes qui sont des dessiccations, des sortes de lignes immatérielles de fractures...



      Le scénario du piégeage se précise... En effet, le reliquat de toile d'araignée (2), situé sous la coulée de résine contenant l'araignée est évidemment une portion le la toile originelle située plus haut sur l'arbre selon l'axe Y. Chaque fois que la résine suinte, elle emporte quelques portions de fils (de moins en moins nombreux) du reliquat de la toile d'araignée située plus haut. Donc, tout cela pour dire que la toile en nappe de l'araignée, avant le scénario, se situait forcément plus haut sur l'arbre, en amont...
Une nouvelle arrivée de résine très fluide (chauffée au soleil, riche en sève mêlée), confer le détail numéro 1, lessive le tronc où la semaine dernière résidait encore l'araignée... La grande courbure numérotée 9, (la plus profonde de toute) démontre que les sécrétions ont toujours toutes été fluides. Mais la sécrétion contenant l'araignée est restée exposée peut-être une semaine à l'air, devenant plus sombre au soleil, avec des marques de dessiccations.
Les coulées ont des nuances différentes (7 et 8), mais cela tient simplement au fait que la coulée profonde a séché au soleil...

      Lorsque l'on examine la logique de coulée des résines le long d'un arbre, on pourrait être tenté de tenir une comparaison avec le déversement de la lave d'un volcan... Ce rapprochement est malheureux car la sécrétion végétale dégouline sur les végétaux à l'inverse de la lave effusive d'un volcan. En effet, pour un volcan, l'effusion de lave immédiatement durcie, refroidie, en surface (au contact de l'air), se condense et ralenti le déplacement. Pour le végétal, c'est l'inverse, ce sont les dégoulinements toujours périphériques qui les plus rapides et la gluau est moins véloce au contact de la surface du support sur laquelle la résine progresse. DONC, si une inclusion amorphe est suffisamment longue pour traverser l'épaisseur des coulées d'un déversement végétal, sa position taphonomique sera TOUJOURS celle donnée par l'équilibre des vitesses (qui sont les plus élevées loin des surfaces; pour les résines). Et, c'est rigoureusement ce que l'on constate avec ce tube cintré incliné dans la résine sous l'araignée. Examinons cette inclusion...



      Le tube est "structuré" en deux parties.
- La section gauche (sombre, opaque, droite et plutôt rectiligne, résistante au fluage) est sans doute solidifiée par les restes d'une proie dont on peut croire reconnaitre l'abdomen.
- La section droite du tube (translucide et cette fois ondulée par le jeu du fluage) est bien de la soie d'araignée dont la caractéristique est de se déformer plus facilement qu'un éventuel végétal qui serait alors resté évidemment rectiligne sans arrachement comme repéré ici.
Le tube est donc bien le repère de soie de l'araignée, sa cachette... Nous voilà donc renseignés sur le point de départ de l'histoire...



Arrivé à ce niveau de la lecture des traces contenues
dans l'ambre, peut-on trouver un point d'entrée
pour tirer le scénario du piégeage ?



Pour tenir le fil chronologique de l'histoire, (en partant du début), il faut
rigoureusement examiner un détail le plus profond possible (selon
l'explication donnée par les recouvrements successifs diurnes)
.



      Et, le détail est ici situé à niveau du dos de l'araignée... L'image (de mauvaise qualité) ne le montre pas idéalement, mais des poils (chètes) sont soulevés dans plusieurs directions apparemment "contradictoires". Cette disposition avec des poils soulevés ou écrasés démontre l'onde du choc initial de la résine qui est tombée sur l'araignée ou juste à côté (en une ou plusieurs fois). Il est rare de voir ce tout premier détail qui démontre le début du piégeage dans un fossile. D'où le choix de cet ambre si particulier pour l'exercice. Peu de gens le savent, mais il est possible d'aller chercher ces zones de tensions dans l'ambre par l'utilisation de lumières polarisées monochromatiques qui révèlent les points d'impacts matérialisés (physiquement) dans le fossile...





Reprenons la vue d'ensemble des différents éléménts.








      Que s'est-il passé ?...

      Le point d'entrée de la lecture du scénario du piégeage est donc l'abdomen et le dos de l'araignée où les chètes démontrent que l'animal a reçu un déversement vertical, lourd et même véloce de résine. Et ce point de célérité peut être démontré par la position singulière des pattes qui n'ont rien du hasard !!! L'araignée a été soulevée par l'onde de choc (le rebond de la résine fluide) et les pattes à l'origine étalées plus ou moins rayonnantes autour du corps, ont été regroupées sous l'animal, puis, ont été strictement repliées par dessous selon le jeu du fluage de la résine qui a opéré un début de rotation. A partir de la lecture des portions de soie disséminée dans le fossile, on peut supposer que l'araignée (initialement installée dans son repère où le peut voir des proies maillotées de fils) est sortie promptement pour questionner une vibration rapportée par sa toile en nappe... Erreur grave... Les vibrations perçues sont celles de quelques chutes de résines en amont sur l'arbre qui vont piéger le prédateur.

      L'araignée figée, les pattes repliées sous elle, est restée ainsi dans sa coulée étouffante de résine plusieurs jours, jusqu'à ce que la stalactite végétale fonce au soleil, sèche, et que des fissures de dessiccations apparaissent à la surface de la sécrétion devenue sèche. Puis, la stalactite de résine maintenue à l'arbre est à nouveau remise dans un second scénario collant où, cette fois, les supports végétaux sont basculés (en deux temps) vers la gauche. La première stalactite de résine sombre, (contenant l'araignée, morte depuis plusieurs jours) suit le mouvement d'une résine TRES fluide par un ratio de sève important mêlé au gluau. Cette résine fluide, claire et liquide enrobe la sécrétion sèche contenant l''araignée en déplaçant les restes de la toile de l'infortuné prédateur... L'araignée morte, c'est ensuite la toile qui est emportée par le fluage...

      Puis, c'est la fin de l'histoire et les sécrétions dégoulinantes tombent au sol dans une nouvelle position (sédimentaire). Et, un détail absolument truculent démontre ce point... Examinons un dernier détail qui pouvait porter à confusion... Regardons les bulles...



      La nature des bulles figées dans l'ambre est un indice fiable d'une lecture ULTRA PRECISE qui révèle la pression, le sens de l'écrasement et indique l'orientation de la pesanteur par la verticalité du filet d'étirement secondaire. En regardant la déformation même légère des bulles (qui ont tendance à remonter à la surface lorsque la résine est encore plastique) on peut dessiner des vecteurs en direction du ciel...



      Le détail des bulles pour terminer l'histoire...

      Le détail des bulles indique ici une nouvelle orientation de la résine, cette fois, en pivotant la pièce vers la droite. Cette position est évidemment celle de la résine tombée au sol. La coulée de résine, partiellement dure, de forme stalactite, est déposée au sol. Et puisque la sécrétion est une forme longue (stalactite), les bulles ont tendance à migrer perpendiculairement à l'axe de longueur. Les bulles (même profondes) peuvent évoluer pour se déformer pendant la maturation / fossilisation dans le sol. C'est ce qui est expliqué dans ce document qui raconte les libelles de l'ambre. Les bulles ici déformées dans le fossile d'ambre ne racontent pas la position initiale de la résine sur l'arbre mais l'orientation FINALE de la pièce installée dans les sédiments. Et, c'est d'ailleurs pour cela que les bulles ont un éventail de directions qui varie de 10° environ, car situées dans une résine partiellement durcie.
L'erreur qu'il fallait éviter dans l'exercice (n'est ce pas Cyril :
"En effet la forme de la bulle en B3, ovoïde avec sa pointe dirigée vers le bas me donne sans doute l'axe de la verticalité") était de lire la forme des bulles en début d'histoire pour situer la résine sur l'arbre. Car en partant ainsi, le scénario devient assez inextricable, illogique (surtout avec les poils sur l'abdomen de l'araignée)... Ici, il faut lire la forme de la bulle au dernier, au tout dernier moment, lorsque l'histoire est terminée... D'où l'intérêt de l'exercice...




      La même scène observée en pleine nature...

      En exploitant le scénario strict de la pièce d'ambre où une araignée sort de son repère de soie (toile en collerette) pour déclencher une attaque, nous avons bien compris que la résine collante était située plus haut (en amont sur l'arbre), ce qui n'est pas toujours le cas. Voyons en effet, la situation inverse où le repère est situé, cette fois, par dessus le piège collant. L'image (ci-dessous) prise dans le Morvan, est celle d'une araignée qui est installée dans un douglas. La toile d'araignée est réduite, rudimentaire et les fils de la toile en collerette sont le prolongement de la cachette de l'araignée et servent de fils d'alerte...












      Taphonomie (sur les fossiles) et Ethologie (en pleine nature)...

      Taphonomie et éthologie pour lire la vie intime des espèces passées et contemporaines...

      La taphonomie des fossiles (proposée dans cet exercice qui examine ici une araignée prise au piège collant pendant une chasse) est un outil d'exploration qui permet de lire les positions et de déduire les attitudes des espèces antiques. Et, à ce titre, cet outil d'enquête par l'observation est assez comparable à l'éthologie qui consiste à suivre les animaux actuels vivants dans leur biotope. La taphonomie est à la paléontologie ce que l'éthologie est au présent. Les deux explorations, très comparables, sont assez complémentaires et permettent se croiser les observations... Pour parler des positions étranges des araignées sur les végétaux, examinons ces scènes (ci-dessous), où des araignées se contorsionnent pour passer d'un support à un autre en libérant un fil d'Ariane lâché au vent... L'araignée libère un fil (le plus large possible) au vent, puis, teste la résistante avant de faire le grand saut, avant de s'envoler au "fil du vent" ! De telles positions peuvent alors se retrouver dans quelques spécimens piégés par la résine... Ethologie et taphonomie sont deux explorations formidables qui permettent de raconter la vie passionnante des espèces...






Comme prédateurs surtout mobiles et dotés de capacités
étonnantes, les araignées (présentes sur l'étage aérien
des végétaux) sont les acteurs les plus intéressants
pour suivre des piégeages originaux.






Quelques gouttes de résine tombent
dans une toile d'araignée...Puis...






Quelques gouttes de résines, d'abord minuscules, tombées verticale dans une toile d'araignée, produisent des vibrations et attirent l'arachnide qui
tombe au piège étouffant du gluau... Dès qu'il y a de la résine sur l'arbre, il y a alors de la soie et également des histoires taphonomiques
des évènements survenus lors des piégeages que l'on peut déduire en exploitant la logique des indices maqués sur les supports...






      EXERCICE DE TAPHONOMIE (fin).

      Cet exercice de lecture des traces situées autour d'un petite araignée de l'ambre n'a été réalisé qu'à partir d'une seule photographie... Le sujet peut gagner en précision si l'on tourne et retourne le fossile dans tous les sens pour fouiller les détails... Cet exercice RICHE d'enseignements (quelque soit l'ambre examiné) ne nécessite AUCUN MATERIEL LABORANTIN et aucun argent !!! Le bon sens et lui seul suffit pour tenir la lecture du scénario toujours présent. Aucun test (destructif) n'est conduit sur le fossile d'ambre... Il est alors regrettable de ne jamais voir ces lectures taphonomiques expliquer des fossiles d'ambre qui pourraient révéler des choses passionnantes... Les scientifiques qui n'étudient QUE LES MORPHOLOGIES DES ESPECES ANIMALES ET LES STRUCTURES DES ORGANES VEGETAUX NE PASSENT-ILS PAS A COTE DE L'ESSENTIEL DES INCLUSIONS EN IGNORANT LA TAPHONOMIE ??? Imaginez un exposant d'ambre qui commente de la sorte les inclusions qu'il présente ! Les explications seraient vite le pôle d'attraction d'un public passionné, et, cela rappelle beaucoup l'excellent salon d'exposition de fossilium...








Exercice de taphonomie 3



























Vous êtes nombreux à poser régulièrement la question du nom scientifique d'un insecte présent en inclusion dans l'ambre... C'est la question qui revient toujours... C'est évidemment la première étape du collectionneur attentif et passionné qui fait son inventaire... Mais, derrière le nom de l'espèce il y a TELLEMENT plus !!!!
Posséder un ambre (UN ambre même vierge d'inclusion) c'est déjà tenir toute une collection d'histoires très variées. La Mémoire du Miel de Fortune (suivez mon regard) n'est pas seulement celle donnée par les inclusions, bien au contraire !!! La mémoire plurielle conservée dans l'écrin jaune est surtout celle donnée par les traces. Le raisonnement sur et à partir des traces mémoires conservées dans cet ambre (ici "insignifiant" ?) peut-il amener une histoire intéressante ? Pour commencer l'exercice quel peut être le point d'entrée ?











En regardant les effets enregistrés dans l'ambre ci-dessus, difficile de faire la distinction entre de vraies inclusions organiques diaphanes, de traces laissées dans le milieu piège. Pour décrypter l'ambre, la solution la plus intéressante consiste à éclairer le fossile par l'arrière avec une lumière bleue... De cette façon les inclusions organiques (n'étant pas en ambre mais en chitine ou en cellulose) gagnent en contrastes.
Donc, autrement dit, tout ce qui gagne en contraste par l'éclairage bleu arrière est de type inclusion organique matérialisée... Et ce qui s'estompe plus ou moins de concert avec la tonalité de l'ambre environnant est de type ligne de fracture, effets optiques immatériels et traces de diffusions.
La lumière bleue donne déjà l'identité de qui est qui dans cette soupe de débris fossilisés...
Mais pour mener l'enquête, passons maintenant à un autre ambre du même lot où cette fois les effets observés sont corrélés à des points noirs... Etudions un autre ambre du même lot, très intéressant, car complémentaire...
















Outre les traces rouges toujours présentes (6, 7et 8), là encore, dans cet ambre, chose absolument remarquable de constance, les vacuoles situées ici dans la gemme sont cette fois toutes organisées sur le même modèle autour d'une petite particule noire, centrée à partir de laquelle se développe une libelle...
En minéralogie, une libelle (nom féminin) est une petite bulle gazeuse située dans un liquide piégé en inclusion dans une matrice solide. On dit que la libelle est biphasée (comme c'est la cas ici) lorsqu'il y a une phase liquide qui tient une phase gazeuse. On peut parfois avoir une libelle pluriphasée lorsque plusieurs liquides non miscibles sont présents dans la vacuole avec la bulle de gaz.
Ici, dans la pièce d'ambre, les formations observées sont des vacuoles dont la taille est corrélée à celle du grain (1), plus le grain est gros, plus grande sera la vacuole. Cette dernière, la vacuole, est constituée d'une bulle de gaz piégée dans un fluide diaphane. Et chose assez unique (jamais vu ailleurs) le grain est si dense, qu'il peut résister au fluage (4). La résine qui coule lentement entraine la bulle diphasée elle mais n'arrive pas toujours à emmener le grain qui, excentré, sort parfois quasiment de la libelle (4a). De telles formations naissent au déversement de particules (sans doute végétales) dans l'ambre... Les grains noirs tombent dans la résine comme de la poudre... Et, ces grains noirs sont accompagnés de pétales (5, 9 et 10) et également de gouttes de sécrétions rouges (7)... A l'état originel le grain noir est centré dans la vacuole (2 et 3)... Le liquide diaphane présent dans les vacuoles est toujours celui transpiré par la résine lorsqu'elle se transforme (durcit) avant de fossiliser. Par contre le fluide rouge est réellement un piégeage liquide de "sève" d'un végétal extérieur, et, cette mélasse rouge sirupeuses peut de rétracter (8) si d'aventure la résine absorbe ses composés fluides ou apparaître sous forme de gouttes simplement écrasées (6) dans un effet alors parfaitement circulaire et plan.
Comment se passent les choses ?
Des grains noirs (végétaux?) tombent comme de la poudre sur la résine collante. Le piégeage des grains est donc aérien. Les gains intègrent la résine au fur et a mesure du fluage. Puis la résine qui sèche (induration avant la fossilisation) évolue et transpire -donc à l'intérieur de l'échantillon- ses fluides qui se concentrent sur les grains. Les grains organiques contenant des bactéries dégazent, lentement, jusqu'à donner une bulle de gaz qui apparaît dans la vacuole liquide. Si le fluage existe encore légèrement la résine peut déplacer la libelle laissant le grain plus dense à la traîne (1) qui peut sortir alors de la vacuole(4a).

C'est en étudiant ce genre de déversement (TRES DIDACTIQUE) par la lecture taphonomie des traces que l'on peut déduire la présence des espèces responsables de ces effets...
L'espèce hôte qui génère toutes ces choses étranges, ces "pétales" diaphanes qui ne sont pas ceux d'une fleur, ces "graines" également si fréquentes qui ne sont que des spores, est sans doute une hépatique à thalle.
L'idée absolument passionnante est de retrouver l'espèce (hépatique à thalle) en amont qui a lâché ces grains, ces "pépales" (5, parfois déchirés : 9 et 10) et ces sécrétions rouges sirupeuses (6, 7 et 8)... Et, pour nous accompagner sur cette exploration, les punaises sont nos acteurs privilégiés...
Nous sommes partis de sécrétions rouges conservées sous formes de traces dans l'ambre, pour arriver ensuite à une concentration des ces formes planes diaphanes, des "pétales" comme tombés de quelques hépatiques. Puis, nous avons trouvé ces libelles associées à des grains...
Tout semble indiquer plusieurs états fonctionnels de ce qui pourrait-être un dispositif qui fonctionne un peu sur le modèle d'une fleur SANS ETRE UN FLEUR... La lecture transversale qui s'intéresse d'avantage aux signaux qu'aux inclusions nous amène progressivement vers l'explication du phénomène...









Si en 2002 la source botanique de l'ambre de Birmanie est de façon générique le "séquoia", certains privilégient un arbre Cupressaceae, d'autres un Dipterocarpaceae... Et difficile d'avoir un avis définitif PUISQUE LES SECRETIONS VEGETALES SONT MELEES. Ci-dessous ce dispositif qui fonctionne un peu comme une fleur, mais sans en être une (reconstruite avant qu'elle ne soit fanée, image du bas) est l'une des espèces responsables des ces quelques suintements parfois rouges présents dans les ambres ordinairement jaunes. L'organe qui fane, qui libère déjà des grains, qui lâche aussi surtout évidemment ses "pétales" (nombreux en masses regroupées à plusieurs reprises dans la résine comme étudié ici dans ce dossier), n'est repérable que PAR LA LECTURE TRANSVERSALE qui remonte la piste des indices...


Voici le "calice", le bol d'une "fleur" un peu spéciale..., une "fleur" datée de 100 M.A.
En fait pour être précis cette formation pourait bien être un antheridiophore.





Ci-dessus, ces "fleurs" en forme de cornes, parfois des urnes, des cruchespointées ver le haut, font penser à certaines plantes actuelles (Sarraceniaceae Heliamphora) avec leurs ascidies verticales... Ces "fleurs" aux pilosités étranges sur le seul pourtour du bol (qui fanées ressemblent à des champignons), ne pourraient-elles pas être des proto-fleurs carnivores ??? Attirer les insectes par l'appât de sécrétions rouges, pour les manger ou pour les obliger à polliniser ??? Bon après les suppositions, en fait cette formation pourait bien être un antheridiophore.









Au crétacé le climat est de type subtropical humide. Et les fougères prospèrent entre les arbustes et les arbres cycadophytes, ginkos et conifères. Pour faire plaisir aux taxonomistes, donnons les noms hiérarchiques de classifications des plantes les plus fréquentes au sol dans la forêt d'ambre : Règne : Plantae, Sous-Règne : Viridaeplantae, Infra-Règne : Streptophyta, Classe : Equisetopsida, Sous-Classe : Bryidae, Ordre : Hypnodendrales, Famille : Hypnodendraceae. Donc, ce sont des mousses.
Et parmi ces mousses (que l'on retrouve aujourd'hui essentiellement en Calédonie) il y avait cette fleur qui ressemble à celle d'un Cactoideae. Peut-on imaginer ces fleurs antiques situées sur des cylindres, qui éventuellement abimés par la chute de branches libéraient des flots sirupeux à l'origine d'ambres retrouvés COMPLEMENTS ROUGES !!! Les résines fossiles birmanes (normalement jaunes) sont parfois littéralement noyées dans des diffusions rouges (d'origine non minérale, confer l'examen des gemmes aux rayons X). Peut-on supposer des plantes grasses aux sécrétions rouges sirupeuses non miscibles aux résines et très appréciées des hémiptères ?





Maintenant que nous connaissons la fleur qui a
lâché ses pétales, ses sécrétions rouges
(et peut-être même ses "graines")
dans l'ambre, reprenons la
séquence dans le
bon ordre...





Les jours de plein soleil, les punaises viennent nombreuses sur les arbres s'alimenter des fluides végétaux nourriciers ! La scène observée en détail dans nos forêts actuelles est magnifique...Dans nos forêts actuelles de sapins, au printemps, lorsque les oléorésines sont chargées des métabolites "réactifs", les sécrétions réagissent au soleil et tournent aux teintes bleues superbes avec une fluorescence naturelle visible à l'œil nu. Les punaises ne s'y trompent pas et s'installent aux parties les moins collantes pour boire quelques fluides nourriciers au moyen de leur long rostre (le stylet) qu'elles plantent dans les résines partiellement séchées.... Et, au crétacé, un phénomène comparable de concentrations entomologiques existe déjà avec les hémiptères qui s'aliment dans la forêt d'ambre...



Dans la forêt crétacée, il y a 100 M.A., tous les arbres n'exsudent pas que ces résines collantes, gluantes et mortelles... Non, il en existe aussi qui secrètent ces "sèves" pâteuses, comme le serait un miellat liquoreux plus ou moins sirupeux qui coule le long des troncs à l'état naturel. Des nombreux ambres par lot sont d'ailleurs marqués par ces déversements sans que personne n'y prête vraiment attention... Parfois certaines gemmes sont maculées à tel point que l'on se demande comment l'écrin a pu être conservé pour se fossiliser... Et, dans ces fossiles, on remarque souvent ces insectes hémiptères en inclusions.



Gouttes, flots, ruissèlements, ... les fluides rouges qui imprègnent les résines sont
responsables de fluorescences tout à fait exceptionnelles des ambres...






Les imprégnations de fluides rouges sont remarquables dans l'ambre birman. Et selon le dépôt et les conditions
spécifiques des piégeages, les échantillons sont marqués différemment. MAIS, dans tous les cas, c'est
l'observation en lumière noire (UV) qui démontre rigoureusement la dynamique des mélanges...






A cette époque lointaine où prospèrent les dinosaures, quelques arbres ont ces fleurs étranges où le miellat onctueux, pâteux est produit par des cônes maintenus qui ressemblent à des cornes d'abondances... La corne généreuse fonctionne comme un appât biologique et toute une communauté animale vit alentour. Le baliveau qui porte ces fleurs à miellat rouge sirupeux jouxte l'arbre à ambre... Et lorsque le piège collant fonctionne, la résine capture des scènes (des portions plus exactement) où les détails synchrones démontrent la réalité de terrain. Il y a plus qu'une relation de proximité entre l'insecte et la corne d'abondance. Les fossiles de l'ambre démontrent la corrélation par la lecture des traces conservées dans la gemme... Tous les indices sont là à un niveau de détail troublant. On peut deviner qui a mangé quoi pour tomber ensuite au piège du gluau collant lors de séquences détaillées par la lecture des traces.



En ne retenant que la liaison logique des traces attachées aux inclusions, (en ne prenant QUE ce point d'entée pour lire les ambres fossiles), les pièces du puzzle s'emboitent progressivement pour représenter l'histoire claire et précise. Dans la forêt d'ambre au Crétacé, certains arbres inventent leur rapprochement avec les insectes... D'aucuns construisent et améliorent ces proto-fleurs qui fonctionnent comme des fontaines à miellat où le sirop coule à foison, jusqu' déborder, et, inonder le sol. L'arbre qui invente encore ses fleurs conçoit ses dispositifs pour attirer les futurs butineurs; pour l'instant ce sont les hémiptères qui s'installent au comptoir pour faire bombance.



Cette exploration dans la forêt antique, (cette découverte) n'est possible que par la seule lecture horizontale et verticale des ambres. Les ambres utiles à la démonstration sont là (cachés) dans les lots, MAIS il faut savoir les relier entre eux... Et ce travail taphonomique n'est possible QUE par la lecture des TRACES. La scène n'est révélée et ne devient explicite que si et seulement si l'on recherche les traces pour tenir la lecture historique. Les inclusions sont là figées dans l'ambre. Mais ce sont les signatures associées qui donnent leurs expressions (toutes reliées entre elles)... Ce n'est qu'en tenant cette liaison pour seul point d'entrée que TOUTES les pièces du puzzle s'emboitent pour représenter la vie réelle dans la forêt d'ambre.
Nous sommes à cette époque où l'arbre invente et améliore ses fleurs pour dialoguer avec les insectes... Cette relation de l'arbre avec l'insecte (cette coévolution en marche) est l'histoire la plus large rependue sur terre et cependant la moins connue car peu documentée. On ne sait pas où ni comment les choses commencent. D'où l'intérêt énorme de lire l'ambre par ces traces pour relier les pièces les unes aux autres... Les premières pollinisations techniques sans les insectes (c'est une théorie) ont peut-être été réalisées avec les résines collantes pour fixer le pollen...



Les fossiles d'ambre crétacés (voir cet exemple) associant les insectes aux plantes (et/ou à leurs sécrétions (voir ci-contre) dans un rapprochement biologique démontré par la taphonomie sont d'une importance ABSOLUE car ils sont les seules références qui valident ou invalident les théories alors plus ou moins bien datées.
(Confer C.C. Labandeira en 2005 et 1998 : How old is the flower and the fly? Science 280:57-59, et également en 2000 : The paleobiology of pollination and its precursors.)
Les caractéristiques morphologiques bien particulières de ces fleurs ici ensevelies dans l'ambre birman (115-100 M.A.), suggèrent que les interactions insectes-plantes ont été bien établies et surtout déjà diversifié à 115 M.A. dans le sud-est du Laurasia. Les caractéristiques florales sont déjà ici très spécialisées car elles comprennent la présence d'un bol profond à la base du gynécée (ensemble des organes reproducteurs femelles de la fleur) ainsi qu'une abondante pilosité complétée par ces "pétales" en feuillets minuscules au seul pourtout du bol, ET il y a SURTOUT une source alimentaire (ici "rouge") destinée aux insectes. Bien évidemment ces fleurs SEULES ne constituent pas par elles-mêmes une preuve définitive d'une association entomologique, c'est évident. Ce qui donne ici la force du dossier ce sont TOUS ces ambres synchrones reliées sur la même entomophilie où les interactions sont établies et bien diversifiées entre les insectes et les plantes. C'est la source de nourriture qui constitue le fil directeur qui relie les ambres entre eux (c'est la trace ci-contre à côté de linsecte).



Ici ce n'est pas forcément les hémiptères généralistes (voir ci-contre) qui pollinisent les fleurs. Dans nos observations minutieuses, les hémiptères utilisent ici les fleurs comme des stations d'alimentations. Mais les traces multiples des mouvements répétés où les structures florales tombent régulièrement de la corne d'abondance (toutes ces structures qui dépassent du bol "nectaré") suggèrent que d'autres insectes bien remuants comme des mouches anthophiles (qui aiment les fleurs) sont les acteurs des premières associations intimes. L'hémiptère est plus un pique assiette, tandis que la mouche devient le pollinisateur des fleurs... Il faut aussi noter que des structures florales sont (découpées) mangées sans doute par quelques coléoptères...



Avec cette méthode de lecture des ambres où ici on suit le parcours des sécrétions végétales (voir ci-contre le fluide exsude du végétal) et leurs différentes traces, c'est finalement la gemme et non pas l'inclusion principale qui rapporte l'essentiel de la démonstration ! C'est l'ambre, la matrice marquée de traces qui restitue les informations articulées (et non pas l'inclusion). C'est la lecture taphonomique qui permet d'explorer l'histoire (de façon horizontale et transversale)... L'ambre existe bien en amont des noms scientifiques inventés par l'homme moderne pour inventorier les espèces. La Mémoire de Vie des Ambres, le potentiel narratif des échantillons, la coalescence des pièces par lots différenciés (avec leurs cortèges d'inclusions), TOUTE CETTE RICHESSE n'est pas située dans le nom scientifique des inclusions fossiles mais dans l'exégèse du rapport intime qu'ont les acteurs au décor alentours... CQFD : lire l'ambre par le biais des traces est passionnant... Appliquer un nom d'espèce à une inclusion n'est pas une science forcément transcendantale...




















Les saupoudrages dans l'ambre ne
sont pas spécialement étudiés...












 
AMBRE - TAPHONOMIE
Donnons un récapitulatif sur
les effets gazeux et liquides.

Petit résumé visuel avec par exemple l'effet "corde
à linge", où un fil en soie d'araignée peut
lâcher des gouttes sur la résine dans
des effets organisés étranges...









Dans cette infographie, ci-dessus, trois images (A, B et C) ont été prises en milieu naturel, les autres sont des références observées dans l'ambre fossile. Ce sujet (exclusif) donne un visuel pour comprendre les effets gazeux et les fluides qui peuvent marquer les gemmes fossiles...


- Lorsque l'on regarde des algues filamenteuses (spirogyres) dans une eau stagnante chauffée au soleil (A), on peut apercevoir la respiration végétale qui donne des vacuoles parfaitement sphériques car le gaz reste piégé sous l'eau dans le fin maillage des algues. Le même phénomène existe dans la résine lorsqu'une portion végétale, contenant des bactéries, dégaze (1) dans le milieu piège encore fluide. La déformation des bulles dégazées donnera d'ailleurs le sens et la force du fluage.

- Un fil d'araignée (B) chargé de gouttes de rosée, de pluie ou d'un autre fluide, (pourquoi pas végétal) mis en mouvement d'un simple effleurement peut lâcher des perles en rideaux structurés qui marquent à l'occasion la résine de motifs organisés (5).

- Tous les liquides originels intégrés aux résines fraîches ne donnent pas forcément naissance à des vacuoles ovoïdes à rondes (3, 8, 10) et/ou des libelles sphériques (2). Non, ce n'est pas vraiment la règle... Les fluides plutôt miscibles aux sécrétions végétales fraiches peuvent ne laisser que des traces colorées, comme cette diffusion de sang (12) d'un plume de dinosaure ou cette projection de venin (11) d'une guêpe...

- Les vacuoles riches en liquides, parfois nombreuses dans un ambre (3), ne sont pas le résultat d'un piégeage stricto-sensu "extérieur"... Le fluide provient certes d'un apport extérieur (de la sève d'un autre arbre par exemple), mais les vacuoles sphériques se forment en profondeur dans la gemme lorsque la matière se transforme et durcit avant fossilisation. Dans le sol, la sécrétion végétale passe en mode maturation et "transpire" ce qui ne peut pas polymériser... La matrice concentre alors les liquides en vacuoles aux zones où les tensions sont les plus faibles... Si les fluides transpirés sont de plusieurs textures différentes (non miscibles), il en résulte des libelles pluriphasées (4).

- La chose la plus signifiante pour démontrer le mouvement dynamique de la résine qui coule le long de l'arbre est le contour (même légèrement déformé) des captures liquides. Lorsque les gouttes contenant des liquides sont déformées alors, il s'agit d'un piégeage rigoureusement extérieur, où l'effet est d'ailleurs souvent situé dans le même plan, comme ces perles d'une sève colorée (8). Maintenant, le liquide projeté contre la résine peut être des gouttes de pluie, lesquelles pourront être écrasées par la tension de la résine en donnant alors l'effet de paillettes parfaitement circulaires (9).

- Lorsqu'elle est polluée par des apports extérieurs, la résine répond toujours dans une logique expressive avec ou sans traces associées. Et on peut tirer avantage de cette logique pour lire et déduire la nature des inclusions. Un liquide qui intègre la résine ne génère jamais de halo de dégazage gradué opaque. Et si un tel effet apparait dans l'ambre autour de vacuoles, alors, celles-ci sont plutôt d'origine animale et correspondent forcément à une ponte animale. Autrement dit, des billes calibrées, sphériques à ovoïdes, rondes ou écrasées, nimbées d'un halo, sont forcément des inclusions animales (7).

- L'éthologie permet de comprendre certains phénomènes. Certains liquides, sirupeux végétaux, retrouvés dans l'ambre (10), constituent des aliments pour les insectes... Mais, ces liquides végétaux, exposés au soleil, sont chauds... Et, un insecte (animal à sang froid) qui vient boire sans précaution peut risquer le coup de chaleur fatal. Lorsque les insectes boivent des liquides (récoltés à températures variées), ils doivent parfois régurgiter le fluide (C) pour l'avaler ensuite en renouvelant la chose autant de fois que nécessaire pour réguler la température corporelle. Cette régurgitation physiologique existe forcément lorsque l'insecte piégé vivant étouffe dans la résine et on peut alors voir l'aliment régurgité (13) ici coloré.

- La meilleure preuve que les liquides rouges parfois observés dans les ambres (14, 15) sont bien des sèves végétales est de découvrir un insecte recouvert de ce liquide (16). Une lecture du fossile démontrera alors que la couleur de recouvrement est associée et reliée synchrone aux traces que l'insecte laisse dans le milieu piège...


AU FINAL, LIRE CES PHENOMENES ENREGISTRES DANS LES AMBRES S'AVERE ETRE TRES DIDACTIQUE. Les traces d'un fluide et/ou d'un gaz sont les marqueurs les plus fiables de l'exploration taphonomique, passionnante car toujours renouvelée, des échantillons d'ambre...








Examinons maintenant les
traces associées aux inclusions...
Examinons un ambre muséal birman (100 M.A.)


Voici un ambre surtout remarquable pour ses traces...
Mais l'échantillon contient égalementne une guêpe
intéressante, qui correctement examinée montre
sa couleur structurelle antiques originelle...









Dans une certaine mesure on peut distinguer une inclusion végétale d'une
inclusion animale par le halo éventuellement associé qui diffuse dans la résine.









Examinons un ambre balte
où cette fois les sécrétions
sirupeuses sont jaunes.











Passons à un autre cas...
Où un ambre raconte son histoire
grâce à des lumières un peu spéciales...
























L'inclusion (le détail, ci-dessous) qui relate le piégeage de l'ambre...










Petit détail (magnifique !) photographié dans cet ambre....













Dans cette section du site, nous examinons les cas où
ce sont les traces (et leurs logiques signées dans la
gemme) qui permettent d'attribuer une valeur aux
échantillons. Passons à l'ambre suivant extrait
(encore !!!!) de la collection (décidément
très prestigieuse !!!) du Musée Jaune.
Etudions maintenant une toile
d'araignée assez
particulière...




















Autre exemple, MAGNIFIQUE, ci-dessous...


Ici dans cet ambre, ci-dessous, ce sont les traces (et elles seules) qui suggèrent la présence d'ossements assez discrets cachés dans la gemme... Ce sont les traces qui, tirées les unes après les autres, permettent d'étudier ensuite la dynamique des évènements survenus, comme cette torsade (SUPERBE) de 9 vrilles sans doute née au "frétillement" d'une portion qui a remué le milieu piège lors de l'extraction.









D'autres présentations
à suivre ici très
bientôt...







Disponible à la vente  !


Pour ceux qui souhaitent faire un exercice de lecture taphonomique
des inclusions de l'ambre, voici une pièce magnifique à vendre....









L'exercice de taphonomie toujours possible dans les ambres...








Vous avez une remarque, une question, vous souhaitez faire une présentation d'une pièce originale ?
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