Dans
le registre des inclusions rares de
l'ambre, les papillons, thésaurisés des collectionneurs
(vendus parfois aux enchères jusqu'à 5.800 €
pièce) sont très recherchés. Et, certains auteurs
(sans doute "mauvais" prospecteurs), déconcertés
par la rareté des fossiles ont
affirmé -de haute autorité- que si les fossiles sont
introuvables c'est que les papillons (tout simplement) n'existaient
pas...
Le Docteur René Gabriel Jeannel, Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en 1951 explique dans son ouvrage (Initiation paléoentomologique et peuplement des arthropodes de la Terre, éditions BOUBEE - 1er trimestre 1979) l'absence de documents paléontologiques. R. G. Jeannel, 1979 : "Aucune trace de lépidoptères authentiques n'est connue avant l'Eocène" .../... "Cette absence de documents paléontologiques s'explique, semble t-il, par ce que les Lépidoptères ont dû se spécialiser sur L'Angarie pendant le secondaire et ne se sont répandus dans le monde qu'à partir du Crétacé Moyen, en même temps que la flore des angiospermes, c'est-à-dire des plantes à fleurs". Pour affirmer cela il faut SURTOUT oublier les découvertes de Kühne, Kubig et Schluter en 1974 et celles également de Whalley qui lui aussi donne plusieurs descriptions de papillons anciens en 1978 !!! ... Oui, les papillons de l'ambre sont rares ! Mais, ils existent, et, pour trouver les fossiles il faut pros-pe-cter... |
En
paléo entomologie, le progénote des papillons fait
discussion et même débat. Qui est l'ancêtre du groupe
des papillons, et, à quoi l'insecte ressemblait-il ? Etait-il
grand coloré avec des écailles ou petit, terne avec des
poils ? Plusieurs théories farfelues ont été
inventées sans référence paléontologique.
Le premier papillon volait-il de jour ou était-il nocturne ?
Contemporains des dinosaures, les papillons seraient devenus enfin nocturnes
sous le poids de la prédation des oiseaux "lépidoptérivores" ?
(M. Chinery et M. Cuisin 1989). Si tel est le cas, pourquoi les insectes
n'ont-ils pas tous évolué vers l'activité exclusivement
nocturne ? La chauve souris (nocturne) fait-elle chasse entomologique
moins notoire que celle de l'oiseau diurne ? Et, précisons
que la prédation des insectivores diurne s'exerce surtout sur
les chenilles. La réponse devrait surtout être celle des
chenilles plutôt que celle des imagos... Pourquoi les diurnes
aux ailes devenues grandes ont-ils préféré le vol
lent et plané tandis que certains nocturnes, les sphingidae par
exemple, perfectionnaient leur vol stationnaire ultra rapide quelque
soit l'ensoleillement. Pourquoi et quand les papillons ont-ils utilisé
les écailles, les couleurs puis les motifs étranges cryptiques
et même aposématiques ? Certains nocturnes très
colorés volent ainsi le jour et défient les oiseaux insectivores
tels les zygènes toxiques au cyanure. L'évolution du premier
papillon a-t-elle vraiment été corrélée
aux substances chimiques végétales et notamment les nectaires
extra floraux de plus en plus inaccessibles (les fleurs tubuleuses par
exemple) ? Pourquoi certains papillons inventent la trompe pour
butiner le nectar tandis que certains conservent leurs mandibules pour
mordre les végétaux et manger le pollen ? Dans toutes
ces inventions et ces exubérances de formes et de couleurs quel
est donc l'allure du progénote ? Qui est l'ancêtre
des ancêtres des papillons.
Oui, les belles histoires inventées par des auteurs inspirés sont restées longtemps hypothétiques et douteuses. Cependant grâce au registre des fossiles de l'ambre, on peut supposer un ancêtre permien (250 M.A.) avec les trichoptères (phryganes). Cependant cela ne signifie pas que les trichoptères soient les ancêtres des papillons, mais, des cousins assez proches. L'ancêtre des papillons ressemblait alors sans doute à une petite mite dont l'envergure dépassait rarement 10 mm. |
Il
y a plusieurs années, candide, jeune et inexpérimenté,
pour vivre ma passion de l'ambre et des insectes, j'ai souhaité
(sans la moindre arrière pensée commerciale) me rapprocher
de la grande institution. J'ai présenté mes observations
/ découvertes (en offrant mes disponibilités). Mais l'accueil
n'aura été teinté que de commerce, de notions étranges
sur l'intérêt dogmatique des collectionneurs et d'intérêts
surtout honorifiques "scientifiques" pas toujours synonymes
de rationalité et d'entente respectueuse. Pour résumer
la chose : hors
du chemin, point de salut.
J'ai essayé d'expliquer que l'accès aux rares et beaux papillons fossiles de l'ambre ne pouvait et ne devait pas fonctionner qu'avec les "subventions"... Acheter les belles pièces pour construire la collection du musée n'est pas la solution... Rondement, remercié pour mes propos et ma vision idéaliste des choses, le sujet des papillons de l'ambre a été renvoyé aux calendres grecques (Ad kalendas graecas)... "Revenez nous voir lorsque vous aurez vos poils au menton", (lorsque vous aurez fait vos preuves). J'ai alors mis en pratique mes méthodes, puis, j'ai présenté le fruit de mes prospections à plusieurs musées. Le monde de la science (ambrée) centralisée dans les locaux d'ici et d'ailleurs n'est pas vraiment piloté par la synergie contemplative et désintéressée... |
L'âge,
la genèse paléontologique, la provenance bio-géographique
et l'époque de rayonnement majeur des papillons (Hesperioidea,
Papilionoidea, Hedyloidea) sont peu connues, et, les données
sont assez fragmentaires. Mais l'idée consensuelle serait que
les papillons ont surgi au cours de la fin Jurassique / Crétacé
dans le sud de l'hémisphère (la Pangée du sud /
Gondwana) avant la fragmentation continentale.
Mais ces théories sont controversées et demandent surtout des preuves circonstancielles. L'extrême rareté des fossiles, le défaut de spécialistes pour la l'examen des fossiles, le manque de spécialistes pour la phylogénie des papillons de l'ambre (et contemporains), le manque surtout de fiabilité sur certaines collections conservées dans des institutions sont des obstacles majeurs à l'étude du groupe des papillons. Maintenant l'histoire de la genèse Mésozoïque des Lepidoptera et Trichoptera doit être revue selon la nature spécialisée des Permochoristidae. Il semble qu'il faille envisager une phylogénie des papillons qui situerait le progénote dans le Queensland avec la spécialisation originelle des Mécoptères Permochoristidae qui serait à l'origine des Trichoptères et des Papillons ? Le premier Lépidoptère terrestre pourrait alors être un Agathiphagidae disposition évoluée du trichoptère Necrotauliidae à la suite d'une sécheresse majeure ??? Hum, je vais inspecter mes fossiles... |
Février
2010 : Superbe animation-exposition au Musée de la Corse, à
Corte !
Lorsque les choses sont faites, terminées, tout paraît facile... Mais, monsieur Jérôme POLVERINI, Président de l'Office de l'Environnement de la Corse, peut avoir le sourire lorsqu'il convie le public au vernissage de l'exposition Entomofolie's (le Vendredi 19 Février 2010). L'exposition qui consacre "les insectes de corse et d'ailleurs" est ma-gni-fi-que ! La section qui présente les papillons de l'ambre (iconographie Eric Geirnaert) est amenée dans une scénographie remarquable... Les choses sont vraiment belles lorsqu'elles sont animées par la passion... Bravo à toute l'équipe du musée !!! |
"Passé
- Présent"
sous le même angle d'observation...
Sans tomber dans l'actualisme, la comparaison, le rapprochement
des références fossiles aux observations contemporaines est
très utile (dans les deux sens) pour lire et comprendre
d'avantage le paysage actuel ou antique.
L'étude
des inclusions fossiles rares de l'ambre nécessite d'examiner
les correspondances actuelles. Quelle est la situation, la position
réelle de l'objet dans le biotope. Cette recherche renseigne
évidemment beaucoup sur le mécanisme du piégeage
antique... Ces belles pontes de papillons, ci-dessus, (espacées
surtout dans le temps de plusieurs M.A.) n'ont pour ainsi dire pas changé
au cours des époques géologiques...
(Découvertes, collection et photographies Eric GEIRNAERT). |
Depuis
1998, mes recherches sur les papillons de l'ambre...
D'un point de vue paléontologique, mes observations sur les papillons fossiles de l'ambre s'orientent vers l'amélioration des connaissances des progénotes et de la compréhension de la biodiversité par biotope. Lorsque c'est possible certains lots par époque permettent de décrire un contexte évolutif (l'invention en situation de nouvelles composantes comme le motif qui apparaît aux ailes puis devient symétrique). Cependant les fossiles sont rares et les données fondamentales sont fragmentaires. Quoi qu'il en soit cette observation par la fenêtre de l'ambre permet une approche pluridisciplinaire combinant phylogénie, biogéographie et écologie offrant alors des pistes utile pour lire plus exactement la régression des lépidofaunes actuelles avec des "épizooties" incroyables. |
Correspondances concernant les papillons de l'ambre.
Articles de presse papillons et mise au point "pollinisateurs
/ butineurs".
Bonjour Monsieur Geirnaert, Je reviens au sujet qui nous intéresse
concernant les premiers polinisateurs... En lisant ici et là les articles
dans la presse, j'apporte un peu d'eau à notre moulin... Je note que
les dates des choses publiées ne correspondent pas vraiment aux notions
données par vos interprétations (maintenant déjà
anciennes) publiées sur votre site Ambre.jaune. J'ai effectivement
(encore) remarqué que les dates et infos ne correspondaient pas avec
vos conclusions. Je sais que je peux faire confiance à vos sujets au
vue de la minutie de vos observations. Une fois encore, c'est vrai, les journalistes
"généralistes" (qui ignorent la paléoentomologie
ambrée), écrivent
parfois n'importe quoi. Voici plusieurs
articles amenés en pièces jointe qui concernent les premiers
prétendus "pollinisateurs / butineurs".
A bientôt. Michel
BARACETTI.
Réponse Eric G. :
Bonjour Monsieur.
Merci. Ah... Oui, entendu... Encore le cas des papillons...
Les revues naturalistes racontent des approximations et des erreurs (encore
une fois)... Les papillons, racontés déjà suceurs exclusifs
de nectar avec leur trompe, ne sont pas les butineurs exclusifs et théoriques
des premières fleurs, car les papillons, apparus sur terre, précèdent
au moins de 100 - 150 M.A. les fleurs finalement assez "modernes"
et d'ailleurs diversifiées surtout au crétacé, il y a
donc 100 M.A. Certains papillons désignés d'archaïques
avaient des mandibules (pour broyer et mordre les végétaux),
on peut imaginer que les premiers papillons, les progénotes, ont précédé
l'apparition des fleurs de quelque 200 M.A. Donc, ceci noté, quelques
articles publiés ne sont pas vraiment à la page... Monsieur,
notre dossier concerne
l'interprétation des premiers pollinisateurs...
Pour notre sujet, donc, l'idée de commenter les premiers pollinisateurs-butineurs
est assez "simple"... Le sujet est ouvert... Le sujet reste ouvert
sur une plage très longue, de plus de 150 millions d'années...
Le "premier" pollinisateur n'est pas le papillon trucmuche, l'abeille
bidule machin chose, ni le nouveau coléoptère chinois publié
en 2020. Le premier butineur n'est
pas non plus le thrips thésaurisé unique, raconté
ici et là, comme LA découverte unique qui constitue LE SCOOP
de l'année... NON. Le premier "pollinisateur - butineur"
est une notion abstraite... C'est un peu comme dire : "quel est le premier
prédateur connu sur terre?" Heu... Est-ce un animal doté
de dents? Ou parlons-nous plutôt d'un organisme simple qui phagocyte
un autre unicellulaire?... Alors... Le premier "prédateur"
Que signifie vraiment cette notion ? De la même façon, que
signifie vraiment être le "premier pollinisateur ou butineur" ?...
Le sujet du premier "pollinisateur/butineur" est une notion théorique
(rhétorique). C'est une vue de l'esprit... C'est une vision de l'esprit...
Car, voyons le sujet. LE POLLEN existe par mes publications (2002) dans l'ambre
italien à 225 millions d'année ! Donc
ce pollen de l'ambre précède de plus de 125 millions d'année
le prétendu premier polinisateur - butineur chinois repéré
dans l'ambre du Myanmar... J'avoue que c'est assez déconcertant.
Comment diable peut-on publier de telles bourdes... Bref... (Sans commentaire).
Regardez ici
le plus vieux grain de pollen au monde, fig. 259 dans mon livre.
La notion de fleur (diversifiée surtout à 100 M.A. 150 M.A.)
est elle aussi très problématique, car des choses intermédiaire
(postérieure et antérieures à ces époques) existent
mais ne sont pas centralisées mais constituées de parties complémentaires
sur plusieurs plantes différentes. Une partie de la fleur est ici et
le reste est là (ailleurs sur une autre plante)... Ce
machin constitué en plusieurs parties est-il une fleur ? Par
contre, le pollinisateur générique existe, mais les concepts
ne sont pas "clairs"... Ceci étant, l'association plante-insecte
existe bien avant la formation de la fleur théorique centralisée
(avec son pollen ou pas) et cela pour une période TRES longue de plus
de 250 M.A. Donc, dans ces dossiers ouverts, chacun y va de ses affirmations...
C'est le désordre général...
Pour expliquer la réalité des choses apparues sur terre, il
faut opérer autrement... Le sujet doit donc expliquer que le "butineur/pollinisateur",
est une notion abstraite qui s'installe au fil du temps selon l'invention
de plusieurs dispositifs végétaux attractifs à destinations
des insectes. Et tout cela représente des choses étalées
sur 100 -200 millions d'années. La question la plus fondamentale est
d'expliquer le rôle attractif (moteur) des végétaux (qui
étant fixes) ont inventé un langage chimique pour attirer les
insectes... Dès que les végétaux ont inventé les
substances végétales "expressives et communicantes"
(avec un langage chimique diffusé dans l'eau puis dans l'atmosphère)
les insectes ont été contrôlés à distance...
La fleur n'est pas encore inventée que les insectes sont déjà
contrôlés à distance. Ce contrôle des entomofaunes
par les plantes existe bien avant les fleurs... Ce contrôle existe par
des sécrétions (retrouvées dans l'ambre) que
j'appelle des "sèves sirupeuses"...
Ce sont les sécrétions sirupeuses (jaunes, souvent rouges et
parfois sombres) qui attirent les insectes.
Pour raconter le dossier des butineurs / pollinisateurs qui tournent autour
des plantes, l'idée serait de suivre les insectes qui recherchent les
sécrétions "sirupeuses" végétales...
Avant l'invention des fleurs, les plantes exsudent des sécrétions
attirantes et collantes à destination des insectes par des trous spéciaux...
En voici la preuve paléontologique! Ce sont des glandes extra florales !!!
Le pollen alentour colle sur ces sécrétions sirupeuses !!!
Et les insectes viennent boire et manger sur ces robinets alimentaires. Servez-vous !
Venez boire et manger... Il y a là le pollen collé et en même
temps la sécrétion collante qui fonctionne comme un aliment
potentiel avec son langage chimique ! DONC, c'est sans doute cette image
(ci-dessous) qui est la plus fondamentale de toute
(la glande extra-florale fossile).
Avec ces glandes
extra florales paléontologiques nous sommes à l'origine de l'association
plante/insectes, notion butineur-pollinisateur...
Toute l'histoire débute dès que la plante déverse une
sécrétion potentiellement alimentaire vers l'extérieur
qui fonctionne avec le langage chimique...
Ce sont les sécrétions végétales (sèves,
nectars, oléorésines, sirop, etc) qui conduisent toutes les
subtilités et même les étapes des grandes inventions de
la plante sur plus de 200 M.A. Le langage chimique, les associations entre
espèces, les effets de consolidations mécaniques, les effets
hydrophiles dans l'eau pour consolider les premières plantes aquatiques,
(les émulsions des résines), l'action pour coller les premiers
pollens, les synchronisations des plantes entre-elles, etc... TOUT fonctionne
autour et avec les sécrétions végétales.
En prenant la plante par le biais des sécrétions végétales
(éventuellement collantes - nourrissantes) avec le langage vert, le
langage chimique, tout est toujours juste et on réinvente le sujet...
L'association plante-insecte n'existe pas au seul concept de la notion générique
de la fleur... L'association intime se met en place dès qu'il y a une
sécrétion fluide (éventuellement collante et qui fonctionne
surtout au niveau du langage chimique). L'association plante insecte existe
depuis l'origine des temps en prenant le concept des sécrétions
végétales...
Depuis que les végétaux sécrètent des fluides,
les espèces animales ont été intéressées
(qu'il y ait du pollen ou non)... Et pour suivre ce premier rapprochement
entre l'insecte et la plante, il faut lire les pièces buccales des
insectes de type broyeur et suceur...
Les journalistes qui traitent ce sujet autrement, ratent la synthèse
(l'exégèse du dossier) car ils n'appréhendent pas le
concept dans son ensemble...
Dans
cet exemple donné ici, l'ambre permet de démonter que c'est
le sujet de la sécrétion végétale qui conduit
et articule les étapes du dossier.
Cordialement, Eric G.
AUTRE CORRESPONDANCE concernant les papillons de l'ambre.
Bonjour Monsieur Geirnaert.
Je suis Monsieur xxx situé à Orléans au laboratoire xxx
dans l'Unité de Recherche en Zoologie Forestière.
J'ai trouvé votre site Internet Ambre.jaune et j'ai examiné
vos présentations de Lépidoptères de l'ambre.
Je serais très intéressé de pouvoir consulter vos
données se rapportant aux références de Lépidoptères
dans l'ambre.
Je suis chercheur et une partie de mon travail est consacréà
l'évolution de Lépidoptères du groupe des bombycoides
(Bombycidae, Saturniidae, Sphingidae notamment) dont
le registre fossile est quasi nul malheureusement.
Je me suis longtemps demandé si de jeunes chenilles, qui peuvent être
identifiés par la disposition de leurs soies primaires, pourraient
être découvertes dans l'ambre mais sans jamais vraiment explorer
cette voie. Pour l'instant l'ambre n'est pas à l'ordre du jour (me
lancer dans la recherche et l'examen de ces fossiles), mais ces questions
me taraudent l'esprit. Où, comment peut-on trouver des chenilles dans
l'ambre? Ma démarche ici est purement "exploratoire". L'utilité
des fossiles de l'ambre pour moi réside dans la calibration temporelle
de l'évolution des groupes que j'étudie, en plaçant donc
des fossiles sur des arbres phylogénétiques. Chez les papillons
on manque cruellement de ce type de repère et les bombycoïdes
tout particulièrement. Je me disais donc que peut-être de jeunes
chenilles de 1er stade, dont les caractères de disposition des soies
ou groupes de soies permettent de retrouver des affinités phylogénétiques
(jusqu'à un certain point), pourraient venir un peu combler ces lacunes.
C'est une vision plutôt optimiste, même si pas totalement irréaliste.
Peut-être pourrez-vous m'en apprendre davantage ? Avec mes meilleures
salutations, Cordialement. Rodolphe.
Réponse Eric G. :
Bonjour Monsieur.
Votre idée est d'examiner de jeunes chenilles pour les replacer sur
l'arbre phylogénétique (ambré) du groupe. Il faut évidemment
d'abord trouver les chenilles (les pièces fossiles). Comment
trouver des chenilles (rares) dans le brut ? Voici une notion importante
pour vous aider dans cette exploration.
On peut se lancer dans des recherches en aveugle mais ce n'est pas forcément
la meilleure méthode. Je vais simplifier et essayer d'être clair.
Comment prospecter pour trouver des chenilles
rares ? ...
Le piège des oléorésines collantes fonctionne de façon
parfaitement homogène dans l'espace et dans le temps. En appliquant
les statistiques et le hasard des captures au modèle du piège
collant botanique on peut trouver tout et n'importe quoi dans l'ambre !!!
Donc, oui, de façon statistique le piège des oléorésines
fonctionne bien par époque et le piège fonctionne également
bien à chaque étage du paysage (du haut des arbres, jusqu'aux
racines les plus profondes, et, même celles inondées en eaux
saumâtres parfois marines). Mais l'écrin ambre ou copal ne fonctionne
pas de la même façon selon les groupes entomologiques. Lorsque
le hasard distribue bien les animaux mobiles (araignées, diptères)
la résine indurée ambre ou copal joue autrement avec les espèces
plutôt fixées (SURTOUT celles qui sont inféodées
aux plantes). Pour les ambres baltes seuls les papillons (adultes) qui vivaient
sur les résineux ont été piégés. Pour les
sécrétions type copal (plus anciennes que les ambres baltes
ou pas) la distribution d'inventaire est plus large. Le piège copal
est plus "ouvert" aux espèces. Selon moi, les sécrétions
des résineux baltes étaient plus "nocives", les gros
insectes (piégés vivants) sont d'ailleurs tous immobilisés
plus vite. Le piège de l'ambre (balte) est "monolithique".
Tandis que le piège des autres résines -plus anciennes ou non-
est plus "ouvert". Les résines copal attrapent d'avantages
les espèces inféodées (ou pas) à certaines plantes.
Tout cela pour vous dire que si vous souhaitez placer des chenilles sur un
arbre phylogénétique (ambré), le travail est possible
(difficile avec les Gédanites), beaucoup moins avec les résines
type copal. Et préférez alors et surtout les lots copal lorsque
copal et ambre se chevauchent sur une même époque. Maintenant
pour savoir si un lot x ou y de brut peut contenir des chenilles, regardez
la présence des synchrones pucerons, acariens (tous ces synchrones
qui ont un rostre et venaient se nourrir sous les feuilles). Pour trouver
les chenilles (rares) il faut privilégier les lots où existent
les espèces synchrones aux chenilles. Monsieur, comprenez-vous la méthode ?
Pour trouver une fleur (rare), mieux vaut d'abord chercher ses grains de pollen...
Cette méthode pour trouver (pour supposer la présence des références
cibles dans un lot) les chenilles est un POINT FONDAMENTAL !
Les chenilles sont surtout inféodées aux végétaux
(feuilles / sève) et, comme expliqué ci-dessous, il faut
surtout rechercher la présence d'eau.
Lorsque vous trouvez une chenille vous trouvez 500 pucerons. Recherchez alors
les pucerons par lot pour trouver les chenilles. Le copal permet de trouver
les chenilles. Par contre l'ambre est plus "hermétique" et
n'attrape que les papillons adultes. Comprenez-vous comment il faut "prospecter" ?
Certains lots bruts sont plus "chenilles" que d'autres (indépendamment
des époques et des datations).
J'espère, Monsieur, que vous comprenez la méthode, même
si, c'est noté, l'ambre pour vous n'est pas à l'ordre du jour.
Je vous invite aussi à lire ici
un complément TRES important où j'explique comment il faut
"purger" sa mémoire visuelle pour regarder l'ambre et découvrir
alors et seulement les inclusions.
Cordialement, Eric G
L'ambre balte publié
en couverture de
la revue Géochronique N°104 montre
des éphémères et des chenilles rares.
Pour trouver des chenilles dans l'ambre il faut prioritairement prospecter
les
gemmes où le fluage est marqué par des traces liées à
la présence de liquides.
Pour éviter la recherche au hasard, il est intéressant de prospecter
les échantillons surtout marqués
par les effets liés à la présence d'eau. Certaines
explorations optiques permettent de visualiser
le fluage et les tensions internent qui marquent les gemmes d'ambres. Pour
trouver des
inclusions particulières il faut aussi (et c'est assez normal) questionner
le milieu
piège. Certaines matrices sont plus prometteuses que d'autres...
Mise en garde - les papillons
de l'ambre :
99% des pièces proposées à la vente sont des faux !
Etudier les papillons de l'ambre nécessite d'éviter
les faux, qui, observations
faites, sont de plus en plus nombreux et ne se
limitent surtout pas aux
seules vitrines de quelques boutiques parisiennes... Voici un faux
acheté au Tibet, à 5000 mètres, directement chez des
"mineurs -
prospecteurs" qui affirment avoir arraché l'objet précieux
aux entrailles de la montagne... Découvrir des papillons
contemporains dans des résines supposées fossiles
est très surprenant, et, la position de l'insecte sur
son lit végétal homogène n'a rien de très naturel.
Le gros fake made in China
:
Les
faux de l'ambre inondent le marcher et également les
collections institutionnelles. Soyez vigilent, soyez
critiques.
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